la masse sombre des prisons,
et sur les vieilles maisons
le calvaire ruisselant de la pluie,
la nuit, au long de vos rues
où l'on bâille d'ennui,
quand le vent souffle les lanternes
qui font dans l'eau des lueurs ternes
ridées ! »
…
« La Nuit, de peur, de vent,
la Nuit où il y a en a qu'on tue,
entends gronder, gueuler, celui qu'on
saigne
au coin de la rue
noire poésie
que le colleur d'affiche, Marie
soit avec toi, éternellement maudit.
Tu ne la vois donc pas, la nuit,
la nuit des lunes biscornues,
des toitures de zinc cornues
si poétiques -
des bec de gaz en nickel élastique
et des nuées en colle de pâte
comprimée,
la nuit canaille des barrières
et des chantiers de ciment armé.
Je suis rôdeur bredouillant des
vieilles rues.
Ne charrie pas les semelles qui
balbutient
le long des rues qu'on suit la nuit.
La
nuit
A l'aube de sang des minuits
la nuit des mômes et des apaches
et sur les ponts, couleur de suie
les ponts de fer couleur de suie
sous la suie de couleur de pont
et l'eau de plomb
que l'arche crache
l'eau froide comme un grand miroir
l'eau de moire
et sa tentation.... »
(Extrait de "Dora Providence et autres insaisissables personnages" de Jean Duperray c. 1951)