dimanche 16 août 2020

Igor Stravinsky - Le Sacre du printemps 1913

Tableaux de la Russie païenne en deux parties


Elle présente une communauté qui sacrifie l’un des siens, une jeune   femme,   pour   glorifier   la  divinité   du   Printemps.   Le Sacre   est   considéré  comme   une   œuvre   majeure   de   la modernité aussi bien en danse qu’en musique.

Propos de Igor Stravinsky

 « J'entrevis dans mon imagination le spectacle d'un grand rite sacral païen : de vieux sages, assis en cercle, observant la danse de la mort d'une jeune fille, qu'ils sacrifient pour rendre propice le dieu du printemps. » Début 1913   
Le Sacre du Printemps ... une œuvre majeure
n’est jamais celle d’un seul créateur 

Les protagonistes:
•  Diaghilev: personnage brillant, véritable découvreur de talents, il fonde les Ballets Russes. Ceux-ci ne vont pas tarder à révolutionner la scène parisienne.
•  Stravinsky l'un des compositeurs les plus influents du XXe siècle.
•  Nicholas Roerich peintre russe  fut également explorateur, philosophe, anthropologue et un grand humaniste (conception d’un traité pour la culture et la paix). A partir de 1907, il commence à peindre des décors pour des opéras de Wagner .
•  Nijinsky « le dieu de la danse », quatre œuvres majeures qui marquèrent à jamais l’histoire de la danse moderne. Proust disait de lui « Je n’ai jamais rien
vu d’aussi beau ».

IGOR STRAVINSKY

Compositeur russe,
naturalisé français en 1934
puis américain en 1945
(1882-1971)







VASLAV NIJINSKI

Danseur et Chorégraphe
russe. Il est aussi
l’inventeur d’un système
de notation de la danse
(pour son propre usage)

(1889-1950)



NICOLAS ROERICH

Peintre
qui a réalisé les décors
et les costumes
du spectacle.
(1874-1947)






SERGE de DIAGHILEV

Un producteur, créateur
et imprésario de génie.
Il a fondé les Ballets Russes
qui apparurent à Paris
pour la première
fois en 1909.
Il a suscité un réel
bouleversement esthétique.
(1872-1929)



Ballet impresario Sergei Diaghilev avec Igor Stravinsky


"Le Grand Sacrifice" - Scénographie pour le ballet "Le Sacre du Printemps" d'Igor Stravinsky, 1910 -
peinture de Nicholas Roerich (1874 - 1947)

« J'entrevis dans mon imagination le spectacle d'un grand rite sacral païen : les vieux sages, assis en cercle, et observant la danse à la mort d'une jeune fille, qu'ils sacrifient pour leur rendre propice le dieu du printemps», écrit le compositeur dans ses Chroniques. « J’ai voulu exprimer dans Le Sacre du printemps la sublime montée de la nature qui se renouvelle, le trouble vague et profond de la puberté universelle, la terreur sacrée devant le soleil de midi. »
La musique :

La partition, qui fut achevée le 8 mars 1913, provoqua l'un des plus grands scandales dans l'histoire musicale du XXème siècle. La rythmique très complexe et l'énergie de la Glorification de l'élue, par exemple, rappellent les hordes d'Asie centrale et les rythmes mécanisés de l'industrie. On entend de nombreux accents qui donnent un caractère violent à la musique. Le dynamisme est également dû à des dispositions polyphoniques fondées sur la superposition de motifs répétitifs, des ostinati, parfois dans des tonalités différentes : c'est de la polytonalité. On ressent des ruptures brutales, des alternances de tension et de détente. On entend aussi des thèmes populaires, notamment lituaniens, comme c'est le cas pour le solo de basson qui ouvre l’œuvre (joué dans le registre suraigu de l'instrument). A cela s'ajoute la magie d'une orchestration énorme à l'équilibre insolite qui crée des effets de timbre inouïs jusqu'alors et qui renforce le caractère provocant de la partition : les vents sont associés aux percussions et aux cordes, créant tour à tour des sonorités caverneuses ou stridentes.
[La musique de Stravinsky] est fondée sur le rythme et non plus sur la mélodie. […] La rythmique irrégulière du Sacre est très différente de la rythmique occidentale à pulsation régulière.[…] Stravinsky disait en parlant de la musique « Tout ce qu’elle peut faire c’est instituer un ordre dans le chaos, un ordre dans le temps » . […] Stravinsky met en place des éléments - brefs ou élaborés – contrastants, puis les oppose. Ce goût pour le « discontinu », que l’on retrouvera à la même époque chez les peintres cubistes par exemple, lui vient sans doute de sa parfaite connaissance de l’oeuvre de Modeste Moussorgsky (1839-1891) grand compositeur russe que le maître de
Stravinsky, Rimsky Korsakov (1844 – 1908), appréciait particulièrement. Pour Moussorgsky la discontinuité et le contraste furent sans doute une façon créative de se démarquer de l’omnipotence de la musique allemande… […] Que se soit dans le traitement musical (les percussions) ou bien dans le retour à une Russie des origines (danses traditionnelles slaves), on perçoit nettement l’attrait de Stravinsky et de Roerich pour les civilisations dites « primitives » qui fascinent également
les peintres à la même époque, Matisse, Derain, Picasso …

Photo recadrée des danseurs sacrificiels de Nijinsky. 


Lécriture chorégraphique un véritable choc


Nijinsky élabore une danse à la mesure du chaos musical : pieds en dedans,
têtes penchées, épaules décalées conférant une allure de maladresse et de
rudesse délibérées à leur mouvement
à l’opposé de la technique de lélévation prisée par la danse classique, les
petits sauts répétitifs, piétinements renvoient à la terre, aux éléments naturels
le corps des danseurs est pris dans des accents qui scindent le bas et le haut, les
pieds pouvant marquer un frappé tandis que les bras, les mains ou la tête
soulignent dautres temps forts de la partition. Impression dun corps
désarticulé animé dimpulsions contraires qui brisent tout déploiement des
gestes cette danse vouée aux rythmes donne naissance à un corps inédit, segmenté
le danseur n’est plus obligé de mettre du liant dans ses gestes successifs
la nature sauvage, tellurique, de la pièce était bien loin dun monde de
divertissement enchanteur, exotique, très prisé à lépoque.
perçue par le public comme une barbarie intolérable





Les Scythes et le Rite du Printemps - Stravinsky et Roerich


La naissance dun mythe
les « ingrédients » pour faire du Sacre une œuvre mythique

Le scandale public de la création à Paris alors « capitale des arts »
La disparition de l’œuvre dès 1913 (elle ne fut jouée que 5 fois)
L’absence dimages et darchives filmées entretinrent le mythe
La personnalité de Vaslav Nijinsky : un créateur mondialement célèbre qui
disparaîtra brutalement de la scène en 1919.
La célébrité de lœuvre musicale : de nombreux critiques nhésitent pas à faire
du Sacre du printemps un des piliers du modernisme musical aux côtés de
l’Après-midi dun faune de Debussy (1894) et du Pierrot Lunaire d’Arnold
Schönberg. Elle connaît un fort succès dès 1914 !
Les plus grands chefs ont donné leur version du Sacre notamment Pierre
Boulez qui publiera même une analyse de lœuvre en 1951
les plus grands chorégraphes du XXème siècle ont créé leur Sacre : Béjart,
Pina Bausch, Martha Graham, John Neumeier, Mats Ek,... Et Dominique
Brun


Costumes
- Nicholas Roerich, 1913

 Graphique représentant les battements ( losanges blancs) et ceux qui sont accentués ( losanges noirs)
Cette répétition renforce le caractère primitif de l’ œuvre  

Nicholas Roerich, -
 Chapeau et robe de la production
originale du "Sacre du printemps", 1913

Nicolas Roerich
Croquis de costumes pour "Le Sacre du printemps"
Une page du manuscrit original du Sacre du printemps
montrant quelques mesures de la Danse sacrificielle -
de la propre main de Stravinski, avec des corrections,
 des annotations et des gribouillages.

Caricature d'Igor Stravinsky jouant
la musique du Sacre du printemps. Jean Cocteau, 1913.


Le Sacre du printemps ! (Première représentation : 29 mai 1913.) 
Voici le ballet révolutionnaire d'Igor Stravinsky, Nicholas Roerich et 
Vaslav Nijinsky, tel que reconstitué par Hodson et Archer et interprété 
par le Joffrey Ballet en 1987.




Esquisses de Valentine Hugo
de la chorégraphie de Nijinsky
pour la Danse sacrificielle du Sacre du printemps, 1913.

Valentine Hugo - Croquis

Valentine Hugo Croquis
Feuille montrant des esquisses préliminaires
de la Danse Sacrale du Sacre du Printemps,
par Valentine Hugo, 1913.
Dessin au pastel de Valentine Hugo montrant
un moment de la fin de la première scène du Sacre du Printemps, 1913.


Les anciens sages du Sacre.
Costumes de Nicholas Roerich. 1913.
Concept pour l'acte 1, qui fait partie des dessins
de Nicholas Roerich pour la production du Sacre du printemps en 1913

Les Scythes et le rite du printemps Nicolas Roerich
Pages à consulter :

France Musique

Numéridanse

Nijinsky - Le Sacre du Printemps - part 1
Extrait du Sacre du Printemps,troisième chorégraphie de Nijinsky,sur musique de Igor Stravinsky.Première au théâtre des Champs Elysées le 29 Mai 1913.
Reconstruction de Christian Comte à partir de photographies et dessins d'archives de Valentine Hugo
Margarita Simonova in The Rite of Spring
Polish National Ballet 2011.06.21 The Rite of Spring by VASLAV NIJINSKY,Music: Igor Stravinsky,Reconstructed and Staging: Millicent Hodson