Là-bas, il se déplie, plus bas encore, il s’est surpris…
Fantôme à chaque tournant du corps : dans le feu, affolé,
dans la terre éthérée… c’est là qu’on le trouve, là, au
lieudit où le soleil ne fait bouillir que la marmite des minuits
Décor : La demeure sans fenêtre, aux regards sans porte, aux
oreilles sans mur, ou seulement, seulement, alors, autour de la
chambre ouverte par une blessure qui m’était faite.
Quelqu’un traduisit le langage des ombres : « Rien que
le silence pour maudire ! » La voix avait l’absence du
sel dans la lune.
La voix disait encore à quelqu’un : « Je
t’abandonne ! »
Et ce quelqu’un venait à moi penché, sur ma mort ou inventé
dans mon existence.
Quelqu’un ayant parlé, je me compris au piège de mon trajet.
Quelqu’un disait : « Ah là, cerveaux, si l’on vous
tourne ! »
Et moi, je me prenais au piège de mon trajet d’ombre noyée où la
mer couvait un œuf de patience.
Et quelqu’un : « Cerveau, que de pensées enterrées
sans nom ! »
Et là je me voyais descendre dans l’imagerie d’un sable toujours
plus fin et, me suivant à la trace, entendais les sable perdus
voyager des pas mouvants dans ma poitrine…
Et quelqu’un : « Cerveau, fantôme chaque fois ! »
Cela suffirait-il pour m’écarter de mes dents, pour m’éviter de
mes yeux ?
J’inventais :
Qu’ayant la mer, je me gorgeais de quelque sang, où je coulais,
moi-même liquide, vers ces rivières nommées : Merci.
Qu’ayant le temps, je me secouais d’un vent nommé Merci, en une
grande carcasse de rire dont je ne finirai plus de compter les
morceaux.
Et qu’avant tout… devant mon invention, je me dressai,
muraille, je relevai la face, les yeux dans les yeux du Visiteur.
( Extrait de « La fin et la manière , Le voyageur
épris au rêve», 1959. Ed. Le Soleil Noir 1965)
Jorge Camacho - Le crâne-de-nuit (Hommage à Jean-Pierre Duprey) , 1964 |