Les protagonistes:
• Diaghilev: personnage brillant, véritable découvreur de talents, il fonde les Ballets Russes. Ceux-ci ne vont pas tarder à révolutionner la scène parisienne.
• Stravinsky l'un des compositeurs les plus influents du XXe siècle.
• Nicholas Roerich peintre russe fut également explorateur, philosophe, anthropologue et un grand humaniste (conception d’un traité pour la culture et la paix). A partir de 1907, il commence à peindre des décors pour des opéras de Wagner .
• Nijinsky « le dieu de la danse », quatre œuvres majeures qui marquèrent à jamais l’histoire de la danse moderne. Proust disait de lui « Je n’ai jamais rien
vu d’aussi beau ».
IGOR STRAVINSKY
Compositeur russe,
naturalisé français en 1934
puis américain en 1945
(1882-1971)
VASLAV NIJINSKI
Danseur et Chorégraphe
russe.
Il est aussi
l’inventeur
d’un système
de
notation de la danse
(pour
son propre usage)
(1889-1950)
NICOLAS ROERICH
Peintre
qui
a réalisé les décors
et
les costumes
du
spectacle.
(1874-1947)
SERGE de DIAGHILEV
Un producteur, créateur
et
imprésario de génie.
Il
a fondé les Ballets Russes
qui
apparurent à Paris
pour
la première
fois
en 1909.
Il
a suscité un réel
bouleversement
esthétique.
(1872-1929)
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Ballet impresario Sergei Diaghilev avec Igor Stravinsky |
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"Le Grand Sacrifice" - Scénographie pour le ballet "Le Sacre du Printemps" d'Igor Stravinsky, 1910 -
peinture de Nicholas Roerich (1874 - 1947) |
« J'entrevis dans mon imagination le spectacle d'un grand rite sacral païen : les vieux sages, assis en cercle, et observant la danse à la mort d'une jeune fille, qu'ils sacrifient pour leur rendre propice le dieu du printemps», écrit le compositeur dans ses Chroniques. « J’ai voulu exprimer dans Le Sacre du printemps la sublime montée de la nature qui se renouvelle, le trouble vague et profond de la puberté universelle, la terreur sacrée devant le soleil de midi. »
La musique :
La partition, qui fut achevée le 8 mars 1913, provoqua l'un des plus grands scandales dans l'histoire musicale du XXème siècle. La rythmique très complexe et l'énergie de la Glorification de l'élue, par exemple, rappellent les hordes d'Asie centrale et les rythmes mécanisés de l'industrie. On entend de nombreux accents qui donnent un caractère violent à la musique. Le dynamisme est également dû à des dispositions polyphoniques fondées sur la superposition de motifs répétitifs, des ostinati, parfois dans des tonalités différentes : c'est de la polytonalité. On ressent des ruptures brutales, des alternances de tension et de détente. On entend aussi des thèmes populaires, notamment lituaniens, comme c'est le cas pour le solo de basson qui ouvre l’œuvre (joué dans le registre suraigu de l'instrument). A cela s'ajoute la magie d'une orchestration énorme à l'équilibre insolite qui crée des effets de timbre inouïs jusqu'alors et qui renforce le caractère provocant de la partition : les vents sont associés aux percussions et aux cordes, créant tour à tour des sonorités caverneuses ou stridentes.
[La musique de Stravinsky] est fondée sur le rythme et non plus sur la mélodie. […] La rythmique irrégulière du Sacre est très différente de la rythmique occidentale à pulsation régulière.[…] Stravinsky disait en parlant de la musique « Tout ce qu’elle peut faire c’est instituer un ordre dans le chaos, un ordre dans le temps » . […] Stravinsky met en place des éléments - brefs ou élaborés – contrastants, puis les oppose. Ce goût pour le « discontinu », que l’on retrouvera à la même époque chez les peintres cubistes par exemple, lui vient sans doute de sa parfaite connaissance de l’oeuvre de Modeste Moussorgsky (1839-1891) grand compositeur russe que le maître de
Stravinsky, Rimsky Korsakov (1844 – 1908), appréciait particulièrement. Pour Moussorgsky la discontinuité et le contraste furent sans doute une façon créative de se démarquer de l’omnipotence de la musique allemande… […] Que se soit dans le traitement musical (les percussions) ou bien dans le retour à une Russie des origines (danses traditionnelles slaves), on perçoit nettement l’attrait de Stravinsky et de Roerich pour les civilisations dites « primitives » qui fascinent également
les peintres à la même époque, Matisse, Derain, Picasso …
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Photo recadrée des danseurs sacrificiels de Nijinsky. |
L’écriture chorégraphique un véritable choc
Nijinsky
élabore une danse à la mesure du chaos musical : pieds en dedans,
têtes
penchées, épaules décalées conférant une allure de maladresse et
de
rudesse
délibérées à leur mouvement
à
l’opposé
de la technique de l’élévation
prisée par la danse classique, les
petits
sauts répétitifs, piétinements renvoient à la terre, aux éléments
naturels
le
corps des danseurs est pris dans des accents qui scindent le bas et
le haut, les
pieds
pouvant marquer un frappé tandis que les bras, les mains ou la tête
soulignent
d’autres temps forts de
la partition. Impression d’un
corps
désarticulé
animé d’impulsions
contraires qui brisent tout déploiement des
gestes
cette
danse vouée aux rythmes donne naissance à un corps inédit,
segmenté
le
danseur n’est plus obligé de mettre du liant dans ses gestes
successifs
la
nature sauvage, tellurique, de la pièce était bien loin d’un
monde de
divertissement
enchanteur, exotique, très prisé à l’époque.
perçue
par le public comme une barbarie intolérable
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Les Scythes et le Rite du Printemps - Stravinsky et Roerich |
La
naissance d’un
mythe
les
« ingrédients » pour faire du Sacre une œuvre mythique
Le scandale public de la création à Paris
alors « capitale des arts »
La disparition de l’œuvre dès 1913 (elle ne
fut jouée que 5 fois)
L’absence
d’images
et d’archives
filmées entretinrent le mythe
La personnalité de Vaslav Nijinsky : un
créateur mondialement célèbre qui
disparaîtra brutalement de la scène en 1919.
La
célébrité de l’œuvre
musicale : de nombreux critiques n’hésitent
pas à faire
du Sacre du printemps un des piliers du
modernisme musical aux côtés de
l’Après-midi
d’un faune de Debussy
(1894) et du Pierrot Lunaire d’Arnold
Schönberg. Elle connaît un fort succès dès
1914 !
Les plus grands chefs ont donné leur version
du Sacre notamment Pierre
Boulez qui
publiera même une analyse de l’œuvre
en 1951
les
plus grands chorégraphes du XXème siècle ont créé leur Sacre
: Béjart,
Pina Bausch, Martha Graham, John Neumeier, Mats
Ek,... Et Dominique
Brun
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Costumes |
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- Nicholas Roerich, 1913 |
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Graphique représentant les battements ( losanges blancs) et ceux qui sont accentués ( losanges noirs)
Cette répétition renforce le caractère primitif de l’ œuvre
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Nicholas Roerich, -
Chapeau et robe de la production
originale du "Sacre du printemps", 1913 |
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Nicolas Roerich
Croquis de costumes pour "Le Sacre du printemps" |
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Une page du manuscrit original du Sacre du printemps
montrant quelques mesures de la Danse sacrificielle -
de la propre main de Stravinski, avec des corrections,
des annotations et des gribouillages. |
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Caricature d'Igor Stravinsky jouant
la musique du Sacre du printemps. Jean Cocteau, 1913. |
Le Sacre du printemps ! (Première représentation : 29 mai 1913.)
Voici le ballet révolutionnaire d'Igor Stravinsky, Nicholas Roerich et
Vaslav Nijinsky, tel que reconstitué par Hodson et Archer et interprété
par le Joffrey Ballet en 1987.