dimanche 13 février 2011
François Valorbe - Sweet sorrow blues
( Extrait de "Carte Noire", Arcane 1953,
collection "Alchimie"
dessin de couverture, Wifredo Lam. )
à Gérard Legrand
Dans l'âcre où verdoient nos cendres au crépitement stellaire
Au crépuscule fluvial du sang dont les embruns n'auront
jamais fini de nous cingler vers le coeur du visage
A brise-courant des brises fades des betteraves
Au centre charnel qui se décompose avec le spectre des
bruits des augures définitives.
Pour durer à l'infini des êtres de feu dans leur feu fascié
Il y aura nous ce que nous avons jamais cessé de crier au
rouge de notre alpestre mélodie
Nous l'écharde indéracinable dans le suicide planétaire
Nous les eaux-vives
Et les reflets-fusées des roseaux qui vont plus loin que les
roseaux dans les eaux roses de la présence-espoir
immédiate
Par le geste lyrique absolu
Nos coupes d'eau de vie lancées au plafond gris de nos jours
pour le crever le volatilisent
Et du coup voyez ces bleus si doux à nos chairs
Et nos coeurs violés par la liberté
Ecoutez ces touffes de sourires ces râles de renaissances
Palpez les gerbes d'air incrustées des gemmes du sel haut
portées dans nos yeux
Et buvez-en l'éclat
Nous accédons
Nous avenons
Nous rongeons nos astres effrénés
L'essor perpétuel plane au nord de nos abîmes retournés
C'est enfin la constellation des vivants qui s'engrène sur la
roue jusque là stupide des systèmes sidérauux
Nous ne faisons qu'une bouchée de ce vide
Peuplé d'une telle densité de regards que l'alouette y retombe
au niveau des pluviers
Cet espace-choc élevé par nos voix à la dignité d'homme
animé d'aimant radieux
Se consume à l'étouffée à l'intérieur des poitrines qui
l'accouchèrent
Et s'en délivrent
Et s'affranchissent par leur seule avidité de souffle
Du poids nostalgique qu'imposait la mort gluante de ses
cloches vides
Là où le règne de l'immensité sensible se comprends dans la
tendresse des corps
Lorsque la nuit est comestible
Lorsqu'il n'y a plus de fin que dans l'essence fragrante du
bouquet total.
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merci pour ce beau poème de François Valorbe.
RépondreSupprimerDavid Nadeau