Antonin Artaud, circa 1920 |
Roulez fleuves du ciel dans nos pétales noirs.
Les ombres ont
comblé la terre qui nous porte.
Ouvrez nos routes au charroi de
vos étoiles.
Éclairez-nous, escortez–nous de vos
cohortes,
Argentines légions, dans la route mortelle
Que nous
entreprenons au centre de la nuit.
Ainsi le jardin parle au bord
de la marée.
Et le métal figé de vos saintes colonnes
Ô
tiges a vibré. Voici la nuit qui donne
L’universelle clef de
ses portes de corne
Aux émanations des âmes délivrées.
“Jardin noir” (Publié dans « Images de Paris »
IIIe année, n°34, septembre-octobre 1922)
Antonin Artaud au Chanet en Suisse. Circa 1919 |
Or elles ont éclos des terres de la mort
Ces fleurs qu'un long effort de songes a versées
Avec la cendre de l'immatérielle fumée
D'un parterre d'iris nocturnes effeuillés
Un après un comme les heures des ténèbres
En des raz de terrible et suprême saison
Aux eaux noires. Les lents diamants de l'heure
Lumineux ont resplendi, étrange
Illumination du soleil chaviré.
Les lis ont dissipé l'accumulation sombre
Du beau jardin sur qui déferle la marée
Et le métal figé de vos saintes colonnes
Ô tiges a vibré. Voici la nuit qui donne
L'universelle clef de ses portes de corne
Aux émanations des âmes délivrées.
"Jardin noir ", (Troisième version, octobre 1915)
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