Georges Pastier - Antonin Artaud, 1947 |
La respiration qui retourne à Dieu,
la face supérieure de la bonté céleste que le mal a contaminée,
sorti du limon bas, le vol des grues célestes rentre dans ce giron de Dieu,
le système des pleurs qui s'ouvre entre les astres traverse les veines et l'irrigation pulmonaire de Dieu.
Le tourbillon rayé du bien que contaminé.
Comme un vol de cloches ou d'oiseaux le tourbillon translucide des neiges commence à irriguer l'étendue, et je suis celui qui ne reviendra plus, dit dans un cri de glace chaque flocon qui rentre dans sa veine, filon durcifié d'âmes et de pleurs,
la pluie d'âmes commence à irriguer l'étendue,
sortie du giron doux de Dieu,
voici que la pluie d'anges,
avec la tournure mouvante d'un esprit ébloui et qui cherche le grand chemin,
semblable d'un côté à un ange et de l'autre avec la face de Satan,
la cohorte éparpillée des âmes tombe en pluie, et fait renaître l'étendue qu'elle crible et qu'elle situe dans la masse dansante des atomes un par un reconnus et dénombrés jusqu'à l'infini.
La couleur bleue d'une terre invisible aux dimensions inaccoutumées s'étend en nappes de glace, comme une pluie de miroirs crucifiés,
à la minute même où le sentiment naît, la coulée du limon supérieur s'installe dans les veines de Dieu par appétit et par désir,
il s'amplifie et s'installe avec un bruit harmonieusement comprimé,
et d'un seul mouvement voici que le système, gelé, montre ses arcanes semblables aux arcades d'un pont qui relierait deux immensités.
Extraitde Antonin Artaud “Vie et mort de Satan le feu" suivis de "Textes mexicains pour un nouveau mythe”, Éditions Arcanes, Paris 1953
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