lundi 28 juin 2010
samedi 26 juin 2010
jeudi 24 juin 2010
lundi 21 juin 2010
ANDRÉ FRÉDÉRIQUE - Je ne comprends plus
L’orage au loin est un chat
la pluie un champ de blé qui tombe
cul par-dessus tête
avec les étoiles pleines de paille
le soleil une grosse pendule en papier
qui sonne midi
a chaque seconde
(le temps se mâche
et colle aux dents)
Les petites
maisons
que tu dessines avec un toit pointu
qui dévore les arbres
font un combat de coq
devant l’église
Et les gens ont l’air tout nu
(se sont des ombres sans pieds
qui glissent sur des moignons
dans les rues du village)
Les plus vieux ont la couleur du soufre
et l’odeur des nèfles séchées
d’autres (qui sont plutôt des nains
que des enfants) après avoir sauté
de leur bouche courent dans la
prairie et se figent
un coquelicot un bouquet de bleuets
(ou la bouse d’une vieille femme)
demeurent à leur place
Tu fais des
fumées au dessus des
tombes (comme si les morts
avaient du feu !)
Tu mêles les
couleurs de la suie
et de la tulipe broyées dans un mortier
pour salir les joues de tes cruelles
servantes
éperdues d’amour
et tes vaches s’enfoncent dans la
terre sous le poids de plomb des pis
jusqu’à ce que les cornes seules
dépassent pour fleurir
en juillet de lampions malades
Je ne comprends plus
la campagne
de la terre
depuis que tu nous as donné
le vrai monde pour rien.
(Extrait de « Aigremorts »
frontispice de Raymond Gid,
éditions GLM 1947)
vendredi 18 juin 2010
MAN RAY - L'étoile de mer
Man Ray Etoile de mer (A partir d’un poème de Robert Desnos)
1928 / France / 17 min. 30 sec / 16 mm / N & B.
Avec Robert Desnos, André de la Rivière et Kiki de Montparnasse. Musique : Josephine Baker,Consuelo Moreno, The Woman with Spanish Combs, Sakellariou Yianides.
Le scénario d’Etoile de Mer s’inspire de la lecture à haute voix d’un poème de Robert Desnos.
1928 / France / 17 min. 30 sec / 16 mm / N & B.
Avec Robert Desnos, André de la Rivière et Kiki de Montparnasse. Musique : Josephine Baker,Consuelo Moreno, The Woman with Spanish Combs, Sakellariou Yianides.
Le scénario d’Etoile de Mer s’inspire de la lecture à haute voix d’un poème de Robert Desnos.
lundi 14 juin 2010
Marianne Van Hirtum - Le Réseau Sacré des Sous-Mouches
Une fois
pour toute, il fut établi un piège serré, limité par une barrière finement
tissée, entre le réseau des sous-mouches et le réseau des sous-souris
terrestres. Cela se passa avant la période des grands attentats. Mais il
faudrait certes d’abord parler des grands attentats, bien qu’à l’instar des
déplacements incessants de juges et de
quémandeurs, la cloche du sermon nocturne est toujours trop bien astiquée pour
être entendu du fond replié des campagnes souterraines. C’est pourquoi les
sous-mouches ne fuient pas devant l’ennemi, même lorsque l’ennemi revêt des bas
de laine mouchetée qui font présager du règne des cimetières citadins. C’est
dans ces cimetières, à vrai dire, que ce passent les périodes de circonstances
amenant infailliblement des sentences et des verdicts. Ce qui ne se fait jamais
sans peine. Il faut le vide absolu comme condition préambulatoire et certaine.
Le vide et cependant quelque satanée verdure à profil d’une douceur exotique
qui sème le trouble bien plus que la révolte dans les âmes dont l’authenticité
ne fait de doutes que pour elles-mêmes. Les chapelles étant construites en
zinc, les allées ne restent pas d’êtres suspectes au moindre bruit. Même les
venues ont des fauteuils de velours vernis établis dans les vaste salles des
pas défendus par une fumée âcre quoiqu’invisible la plupart du temps et plus
encore par les matins de brume hétéroclite comme il s’en trouve dans les étés
secs.
Marianne
marchait le long des jours sableux sans savoir ce qu’elle allait soudain
découvrir au détour d’un château d’épines. Marianne et ses sandales de cristal
mouillé.
Marianne
n’était certes pas une belle petite fille, c’est ce qui faisait son charme
auprès des taupes centrales qui dirigent les aiguillages des gares nocturnes
aux secrets itinéraires funèbres. Les statues blanches ont une heure fixe pour
leurs palabres. On ne s’assied pas chaque fois qu’on le désire sur des pierres
de touche aigue. Quand Marianne se lave le front, c’est tout le carillon
empoisonné qui sonne.
Dans trois
rangées de sous-mouches, il faut toujours savoir faire la part des
sous-termites. Celles-ci sont agent de mort une fois sur dix. Mais comme chaque
individu n’est doté que d’un seul grand-père, il faut être prêt au voyage à
chaque envoi de télégramme de couleur bleu-buvard. Ce qui n’est pas toujours
aisément discernable.
Marianne ne
se donna jamais à fond. A fond pas plus qu’en surface. Une fois, Marianne
portait de petits bas bleus qui étaient devenus toute une culotte et ceci par
un froid si chaud qu’il fallut tout le remue-ménage de Noël pour laver les
carreaux et ensuite montrer des danses rituelles au fond d’un parapluie de
soie.
On avait
arraisonné les sous-mouches à raison de six par semaine. Donc il manquait
toujours une mouche. Ceci raccourcissait l’année de façon tellement inquiétante
que lorsque la pluie se mit à tomber las bas de soie augmentaient de prix en
proportion considérable. Le danger devint tel que les sous-souris établirent le
contact. C’est tout ce qu’en attendait les sur-souris pour ouvrir le feu !
Le feu du bûcheron semble plus pétillant dans sa pauvre cheminée des quatre
fontaines. C’est la Fontaine du Beau Soleil Levant qu’il faudrait interroger
là-dessus. Elle donne le bras à deux ou quatre petites filles aveugles mais qui
n’en sont pas moins modèles pour autant. De beaux modèles de plâtre pour les
jours sans feu. Pour les couronnes débiles que l’on dépose en rêve sur la tombe
des parents vivants. Ah ! les beaux parents !
Les autres
parents sont laids comme de la porcelaine et vifs quelquefois malgré les années
qui ne passent pas. L’année donc ne passait pas, bien que les sur-souris s’y
employassent avec ampleur. Le Total était aussi décevant que la famine des
grands déserts de banquise qui sont recouverts de forêts malléables ressemblant
à des cimetières de statues et de seins mouillés. Les sous-souris cependant,
avaient pris soudain l’offensive.
Marianne
cependant, avait mis des bas de soie cette fois, car elle était devenue grande
petite fille et montrait volontiers aux passants ses jambes de cristal, mais le
résultat était maigre et la petite fille se mit à rabougrir.
Bougre de
Saint Gris ! – Disaient les toutes petites souris délicieuses entrées dans
le lit de Marianne pour la consoler des désirs frustrés de la veille. La veille
est toujours le lendemain de quelque chose.
C’est ce
qu’ignorent les réseaux de toutes sortes.
C’est la
raison pour laquelle il ne faut pas établir de réseau d’aucune sorte étant
donné que ces réseaux perdent toutes les guerres, ensuite tout est à
recommencer. Et comme nous n’avons pas le temps d’être nietzschéens…eh bien…ne
commençons rien ! A nous la célèbre continuation des rites !
(Issu du N°
14-15 de la revue « Obliques » Dirigée par Roger Borderie assisté
de Michel Camus, n° consacré à « La femme surréaliste » 1977)
dimanche 13 juin 2010
The Dull Flame of Desire poetry in Stalker film by Andrei Tarkovsky
The Dull Flame of Desire poetry in Stalker film
The final scene from the film Stalker (year 1979) by Andrei Tarkovsky
.
lundi 7 juin 2010
René Daumal, extrait de "Poésie blanche poésie noire" (Ed. Gallimard)
La peau de lumière vêtant ce monde est sans
épaisseur et moi je vois la nuit profonde de tous
les corps identique sous le voile varié et la lumière
de moi-même c'est cette nuit que même le masque
solaire ne peut plus me cacher. Je suis le voyant
de la nuit l'auditeur du silence car le silence aussi
s'habille d'une peau sonore et chaque sens a sa nuit
comme moi-même je suis ma nuit je suis le penseur
du non-être et sa splendeur je suis le père de la mort.
Elle en est la mère elle que j'évoque du parfait
miroir de la nuit je suis l'homme à l'envers
ma parole est un trou dans le silence. Je connais
la désillusion je détruis ce que je deviens
je tue ce que j'aime.
(1924)
épaisseur et moi je vois la nuit profonde de tous
les corps identique sous le voile varié et la lumière
de moi-même c'est cette nuit que même le masque
solaire ne peut plus me cacher. Je suis le voyant
de la nuit l'auditeur du silence car le silence aussi
s'habille d'une peau sonore et chaque sens a sa nuit
comme moi-même je suis ma nuit je suis le penseur
du non-être et sa splendeur je suis le père de la mort.
Elle en est la mère elle que j'évoque du parfait
miroir de la nuit je suis l'homme à l'envers
ma parole est un trou dans le silence. Je connais
la désillusion je détruis ce que je deviens
je tue ce que j'aime.
(1924)
samedi 5 juin 2010
mercredi 2 juin 2010
Deux poèmes de Guy Cabanel
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Le passage fou
Vainement citadine,
murée dans la chaleur d’un épi violet sur la peau qui l’aspire, l’expire,
hardie en atours gris, végétale et lacée, elle ondule, crime
souriant.
Longue maille gravée dans le dos soulevé par
flaques, oh, trop longue minute, ici flânent les
opacités que jamais ne rincent un arbre, ou les ailes du
nez.
La lame trouble la
chair, casse le regard ; dans l’étang le sanglier ne sommeille pas, on ne
lie pas le sang avec le miel.
Le cadavre
empierré, posé dans la nuit du hêtre jaseur écorché, titubant, l’escalade est
un
son, l’araignée règne dedans.
Au pied du soleil emmanché de plumes, le
nautonier exulte en rires touareg et chavire, l’espace
fonce debout, glapit dans une
sauge.
Au passage, le salut dont on se frustre,
sans souci ni merci, la mer dans l’anémone brûle
tortueuse, plage livrée aux
cimes.
Aux mains de la lune comanche, l’automne, la
lutte, sous l’œil carré charriant la paix lourde
ou l’épée sage au bout des
glaces, au fond des pics.
A la dame
noire
Quand on pousse du doigt,
suffocants vaisseaux contre le pied, pomme, peau.
Canard ou traquenard à la béquée
dans un crachat, lilas facile dans un sac, plus rouge qu’un
château de chat.
Léché au fond de l’huître où
frise, majesté, l’arête, la tanière, raclé !
Tendu sur la grève où le
frisson des mers casse les bons chiens, détourne de l’âge des tendresses
le sperme vermillon,
chevauchant les hautes futaies
qui, drapées de sexes, témoignent de la violence de l’horreur
de ce vent d’agonie où s’égare l’éruption
des rocs,
sinueux quand l’eau tombe,
vertical si la course d’une autruche le perce, il sait aussi dormir
en mandoline, jurer.
Quand on s’écrase contre un
sourd, hoquetant le muguet, piraterie.
Futile, corne à huile, glycine.
Les vers penseurs louches comme
des lèvres, ficelle de chacal.
Cette chambre à Kitchour joue
de la sournoiserie d’un sein, à peine murée.
Le noyau brûle au front, perle
du Pé-Tchi-Li, la frondaison sous le gazon, volons gazelles.
Par les îles de fumée, les
bottes nues, molles sur le lit jonché de guêpes, entrouvertes pour
sourire, acérées mais lacérées sous le bâillon,
c’est le jupon qu’on jette sous la porte, les
langues étouffées en ta noirceur, noire
Kitchour, diamants rêveurs.
A la giclée, la goguenarde,
oriental dans une clef, le peigne et la prison,
Je le saigne et je le tonds.
Fer des quatre feux, aimanté
férocement, hors de maison, ivre, ivre.
Guy Cabanel
(Extrait de « L’archibras
2 »
le surréalisme en octobre 1967.
Directeur : Jean Schuster.
Edition : Le Terrain
Vague)
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