L’orage au loin est un chat
la pluie un champ de blé qui tombe
cul par-dessus tête
avec les étoiles pleines de paille
le soleil une grosse pendule en papier
qui sonne midi
a chaque seconde
(le temps se mâche
et colle aux dents)
Les petites
maisons
que tu dessines avec un toit pointu
qui dévore les arbres
font un combat de coq
devant l’église
Et les gens ont l’air tout nu
(se sont des ombres sans pieds
qui glissent sur des moignons
dans les rues du village)
Les plus vieux ont la couleur du soufre
et l’odeur des nèfles séchées
d’autres (qui sont plutôt des nains
que des enfants) après avoir sauté
de leur bouche courent dans la
prairie et se figent
un coquelicot un bouquet de bleuets
(ou la bouse d’une vieille femme)
demeurent à leur place
Tu fais des
fumées au dessus des
tombes (comme si les morts
avaient du feu !)
Tu mêles les
couleurs de la suie
et de la tulipe broyées dans un mortier
pour salir les joues de tes cruelles
servantes
éperdues d’amour
et tes vaches s’enfoncent dans la
terre sous le poids de plomb des pis
jusqu’à ce que les cornes seules
dépassent pour fleurir
en juillet de lampions malades
Je ne comprends plus
la campagne
de la terre
depuis que tu nous as donné
le vrai monde pour rien.
(Extrait de « Aigremorts »
frontispice de Raymond Gid,
éditions GLM 1947)
j'ai pas tout lue
RépondreSupprimertrop lasse
(Je ne comprends plus)
moi non idem
a nôtre naissance nous devrions
nous offrir une de ces pilule pour crever
au moment ou nous le voulons
buesnas noches