AU HASARD DE TA LANCE TU ERRES parmi les cataclysmes, prêt à
céder au doux plaisir de tes jeux blancs et noirs, à disparaître,
t'élancer vers l'est, zèbre de cuir.
Braise si dure déversée sur le pouls de ta blanche amie cachée
sous l'ombre où bat ton cœur maritime, ta peau d'algue rocheuse
abrite les aspirations autrefois réalisées par les habitants
hybrides qui peuplaient l'ancien monde ; et la sinistre fente de tes
yeux blonds annonce la monstrueuse résurrection des géants.
Toi qui régnais sans conteste sur les quatre éléments prodigués
sur la terre, tu as maintenant choisi les entrailles de cette même
terre pour concentrer la puissance de ton désir qui ne saurait
tarder à créer mille fissures et par là s'élancer en crépitant à
la conquête de l'air.
Ta cause est entendue dans tout le pays dont s'écarte la lumière
artificielle du soleil.
Ta propre incandescence est le soleil bleu des profondeurs qui
impose l'activité indéréglable du rêve et parmi ton cheptel, ô
berger noir, laisse croître des plages garnies de vigoureux
ténébrions.
C'est là, parmi les forêts de rhomboèdres et les jardins de
sable, que la terre nourrit, des générations mortes, les êtres
impatients du futur qui, siècle par siècle, progressent en nageant
vers un but inconnu.
Guy Cabanel, "À l'Animal noir", illustré par Robert Lagarde
(HC, 1958. Réédition L’Éther Vague, 1992)
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