vendredi 20 août 2010

JOË BOUSQUET (extrait de « Mystique » éditions Gallimard 1973)


Où sont les gnômes ?
  Dans les yeux des hommes qui ne peuvent sans s’émouvoir entendre nommer les nains ?
  Les gnômes  sont les hommes mêmes.
 Ils cherchent à troquer leur misérable espèce pour le corps brûlant de leur vie. A l’horizon de cette  damnante envie il y a le contact que nous souhaitons entre un homme fait expérience et un homme à éclore dans le gnôme.
    Ceci peut se chanter… C’est un gnôme qui veut être oiseau et l’oiseau se jette dans les cœurs à  éclore.
    Voilà le cycle du gnôme. (Pour le cahier bleu demain, puisque le cahier vert prend les choses dans ma vie et non dans ma pensée.)

Mais il n’y a pas une vérité qui n’éveille la vérité dont elle est le langage. (La belle au bois dormant a été éveillée parce qu’il y avait devant sa porte des servantes qui dormaient.)
    Ce que l’homme conçoit comme le jouet de son imagination, il l’est par rapport à l’invisible. On dirait que je suis par rapport à l’être ce que les images sont dans mon cœur.

    Je suis le gnôme, dit-il, j’irai à Nice, il faut que je me hâte. C’est là que l’arc magnétique est dans la lumière faite fleur.
    Cette certitude qui ancre dans mes os, dans ce que je suis le plus authentiquement ce que le rêve m’apporte de plus grand que le temps…
    Plus grand que le temps…
    Galant de neige, aimant à distance de regard, à distance de possible…
    Avec cette certitude pour t’arrêter dans tes courses d’épaves…

                                                      Joë Bousquet, Germaine Krull et René Nelli à Villalier

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