jeudi 7 décembre 2017
vendredi 3 novembre 2017
Gustave Moreau - Orphée sur la tombe d'Euridice
Gustave Moreau (6 Apr 1826 - 18 Apr 1898) - Orphée sur la tombe d'Eurydice, 1891 |
Le chantre sacré n'est plus. La grande voix des êtres et des
choses est éteinte. Le poète est tombé inanimé au pied de l'arbre
desséché aux branches frappées de mort. La lyre délaissée est
suspendue à ces branches gémissantes et douloureuses.
L'âme est seule, elle a perdu tout ce qui était la splendeur,
la force et la douceur ; elle pleure sur elle-même, dans cet
abandon de tout, dans sa solitude inconsolée ; elle gémit et
sa plainte sourde est le seul bruit de cette solitude de mort, tandis
que, symbole du souvenir et de la piété fidèle et invincible, une
lampe au fond d'une crypte funéraire répand sa lumière attristée
et douce, sa flamme tremblante brûlant toujours.
Le silence est partout, la lune apparaît au dessus de l'édicule
et de l'étang sacré clos de murs. Seules les gouttes de rosée
tombant des fleurs d'eau, font leur bruit régulier et discret. Ce
bruit plein de mélancolie et de douceur. Ce bruit de vie dans ce
silence de mort.
(10 octobre 1897)
Extrait de "L'assembleur de rêves, écrits
Extrait de "L'assembleur de rêves, écrits
complets de Gustave Moreau"
(A Fontfroide, Bibliothèque
artistique & littéraire, l'an
MCMLXXXIV, © Fata Morgana, 1984)
samedi 7 octobre 2017
Guy Cabanel - A l' Animal noir - Cinquième animal – LÉZARD, ô ancêtre !
AU HASARD DE TA LANCE TU ERRES parmi les cataclysmes, prêt à
céder au doux plaisir de tes jeux blancs et noirs, à disparaître,
t'élancer vers l'est, zèbre de cuir.
Braise si dure déversée sur le pouls de ta blanche amie cachée
sous l'ombre où bat ton cœur maritime, ta peau d'algue rocheuse
abrite les aspirations autrefois réalisées par les habitants
hybrides qui peuplaient l'ancien monde ; et la sinistre fente de tes
yeux blonds annonce la monstrueuse résurrection des géants.
Toi qui régnais sans conteste sur les quatre éléments prodigués
sur la terre, tu as maintenant choisi les entrailles de cette même
terre pour concentrer la puissance de ton désir qui ne saurait
tarder à créer mille fissures et par là s'élancer en crépitant à
la conquête de l'air.
Ta cause est entendue dans tout le pays dont s'écarte la lumière
artificielle du soleil.
Ta propre incandescence est le soleil bleu des profondeurs qui
impose l'activité indéréglable du rêve et parmi ton cheptel, ô
berger noir, laisse croître des plages garnies de vigoureux
ténébrions.
C'est là, parmi les forêts de rhomboèdres et les jardins de
sable, que la terre nourrit, des générations mortes, les êtres
impatients du futur qui, siècle par siècle, progressent en nageant
vers un but inconnu.
Guy Cabanel, "À l'Animal noir", illustré par Robert Lagarde
(HC, 1958. Réédition L’Éther Vague, 1992)
jeudi 7 septembre 2017
mardi 8 août 2017
Maurice Fourré - Ombres et corbeaux chanteurs
Voici les fantômes légendaires, les revenant hallucinants et les farfadets thuriféraires, toute une petite communauté aux lunettes de phosphore, qui colporte, avec des futilités libertines, des lambeaux de lingeries livides, et le vieil angélus de naissance ou d'agonie, avec son collier chantant de perles cristallines accompagnant la danse médiévale des Innomables.
De longues mains liturgiques se désincarnent pour offrir d'immortelles roses et le baiser de paix des lèvres sans couleur, sur le tapis de cendres où l'armure, vidée du chevalier de fer, s'entoure d'une dalmatique écarlate que brode un invisible acier, devant le trône du cadavérique empereur, répudiant sceptre du désespoir lunaire.
Gaminerie sautante de l'heure.
Caracole mortuaire.
Yeux de verre.
Hennissement de la Nuit.
Tintez
minéraux
accompagnateurs
et
métaux
harmoniques
Offrez
vos échos
vides
pipeaux
des structures
osseuses
de l'ombre
qui danse
et
qui chante
- Nous avons sept ans ce soir
- Messieurs les Défunts vont nous conduire aux chevaux de bois...
- On fera la ronde autour des ossuaires...
- Pour le carnaval des truands.
- Des prélats.
- Des sorcières.
- Des belles d'amour et du roi.
- On enfourchera les jambes des culs-de-jatte.
- On jouera ua moulin à vent dans l'aire du sépulcre avec les béquilles de l'ex-voto...
- Nous sommes les Rêveurs, que l'on va pendre à la balancelle des corbeaux en fleurs...
(Extrait de "Tête de Nègre", roman, 1960)
De longues mains liturgiques se désincarnent pour offrir d'immortelles roses et le baiser de paix des lèvres sans couleur, sur le tapis de cendres où l'armure, vidée du chevalier de fer, s'entoure d'une dalmatique écarlate que brode un invisible acier, devant le trône du cadavérique empereur, répudiant sceptre du désespoir lunaire.
Gaminerie sautante de l'heure.
Caracole mortuaire.
Yeux de verre.
Hennissement de la Nuit.
Tintez
minéraux
accompagnateurs
et
métaux
harmoniques
Offrez
vos échos
vides
pipeaux
des structures
osseuses
de l'ombre
qui danse
et
qui chante
- Nous avons sept ans ce soir
- Messieurs les Défunts vont nous conduire aux chevaux de bois...
- On fera la ronde autour des ossuaires...
- Pour le carnaval des truands.
- Des prélats.
- Des sorcières.
- Des belles d'amour et du roi.
- On enfourchera les jambes des culs-de-jatte.
- On jouera ua moulin à vent dans l'aire du sépulcre avec les béquilles de l'ex-voto...
- Nous sommes les Rêveurs, que l'on va pendre à la balancelle des corbeaux en fleurs...
(Extrait de "Tête de Nègre", roman, 1960)
La belle Tentée. Bois anonyme du XVIe siècle |
samedi 22 juillet 2017
Alfred Jarry - Végétal
Cerkita Zünd (collage) |
Les signes sont dansants et fous. Les uns, flambeaux,
Pétillent radieux dans une page vide.
D'autres en rangs pressés, acrobates corbeaux.
Dans la neige épandue ouvrent leur bec avide.
Le livre est un grand arbre émergé des tombeaux.
Et ses feuilles, ainsi que d'un sac qui se vide,
Volent en vent vorace et partent par lambeaux.
Et son tronc est humain comme la mandragore ;
Ses fruits vivants sont les fèves de Pythagore ;
Des feuillets verdoyants qui poussent en avril.
Et les prédictions d'or qu'il emmagasine,
Seul le nécromant peut les lire sans péril
La nuit, à la lueur des torches de résine.
("Les trois meubles de mage surrané", II, "Végétal",
in Les Minute de sable mémorial, 1894)
mardi 6 juin 2017
En compagnie d'Antonin Artaud
Antonin Artaud, portrait photographique de Man Ray, 1926-1927 |
Les samedis de France Culture - (1ère diffusion : 10/05/1975)
Par Roger Vrigny - Avec Marthe Robert, Hubert Juin, Jacques Brenner, Henri Thomas, Paule Thévenin et Bernard Noël
“J'aime mieux le bruit de mon pas sur la terre que le viol des éternités”
Antonin Artaud “Suppôts et Supplications”, in OC XIV.
“Dans l'état de dégénérescence où nous sommes, c'est par la peau qu'on fera entrer la métaphysique dans les esprits.”
Antonin Artaud, “Premier manifeste du théâtre de la Cruauté”.
“Qui pourrait s'imaginer qu'il y a de par la terre des gens qui trouvent que ça ne va pas encore assez mal et qui font tout ce qu'ils peuvent tout le nécessaire et le requis pour que ça aille au plus mal du mal.”
Antonin Artaud - Extrait de “50 dessins pour assassiner la magie”
«Ce que c'est que le Moi, je n'en sais rien. La conscience ? Une répulsion épouvantable de l'Innommé, du mal tramé, car le JE vient quand le cœur l'a noué enfin, élu, tiré hors de ceci et de cela, contre ceci et pour cela, à travers l'éternelle supputation de l'horrible, dont tous les non-moi, démons, assaillent ce qui sera mon être…»
Antonin Artaud, Supplément au voyage des Tarahumaras, 1944.
Antonin Artaud - Autoportrait, fusain circa 1920 |
vendredi 12 mai 2017
Joyce Mansour - Le monde est un oiseau...
Il tape des pieds
Sur une tombe ouverte
Il picore le crâne d'un enfant
Mou sous son bec d'acier
Il bat des ailes
Il chante
Le monde est un oiseau qui chie
(Extrait de "Trous noirs", Éditions La Pierre d'Alun, 1986, ouvrage illustré par Gerardo Chavez)
mardi 11 avril 2017
Antonin Artaud - "Les nouvelles révélations de l'Être" (Extrait)
Portrait photographique d'Artaud par Georges Pastier , vers 1946 - 1948 |
Voilà longtemps que j'ai senti le Vide, mais que j'ai refusé de me jeter dans le Vide.
J'ai été lâche comme tout ce que je vois.
Quand j'ai cru que je refusais ce monde, je sais maintenant que je refusais le Vide.
Car je sais que ce monde n'est pas et je sais comment il n'est pas.
Ce dont j'ai souffert jusqu'ici, c'est d'avoir refusé le Vide.
Le Vide qui était déjà en moi.
Je sais qu'on a voulu m'éclairer par le Vide et que j'ai refusé de me laisser éclairer. Si l'on a fait de moi un bûcher, c'était pour me guérir d'être au monde.
Et le monde m'a tout enlevé.
J'ai lutté pour essayer d'exister, pour essayer de consentir aux formes (à toutes les formes) dont la délirante illusion d'être au monde a revêtu la réalité.
Je ne veux plus être un Illusionné.
Mort au monde ; à ce qui fait pour tous les autres le monde, tombé enfin, tombé, monté dans ce vide que je refusais, j'ai un corps qui subit le monde, et dégorge la réalité.
(L'intégralité du texte peut se lire ICI)
Antonin Artaud - Les corps de terre, 03 Mai 1946 |
lundi 20 mars 2017
samedi 18 février 2017
Necktar 2017 Volume 9 (Free Download) by Le Colibri Nécrophile
Free download / Téléchargement gratuit / Descarga gratis
Page sur Internet Archive : https://archive.org/details/Necktar2017Volume9/
Pages du site internet : http://necktar.info/Necktar_2017/Volume_9/index.htm
Lien direct de téléchargement gratuit : http://www.archive.org/…/Nec…/Necktar2017Volume9_vbr_mp3.zip
Le site de Necktar ; http://necktar.info
Zaz Zetoun Mind est présent sur la compilation avec "Kantüz Echoes", "Zosdenia On Death Row" et "Ashikamik Togül"
Merci à Ed End
mardi 24 janvier 2017
Jean-Pierre Duprey - Descente aux envers
Là-bas, il se déplie, plus bas encore, il s’est surpris…
Fantôme à chaque tournant du corps : dans le feu, affolé,
dans la terre éthérée… c’est là qu’on le trouve, là, au
lieudit où le soleil ne fait bouillir que la marmite des minuits
Décor : La demeure sans fenêtre, aux regards sans porte, aux
oreilles sans mur, ou seulement, seulement, alors, autour de la
chambre ouverte par une blessure qui m’était faite.
Quelqu’un traduisit le langage des ombres : « Rien que
le silence pour maudire ! » La voix avait l’absence du
sel dans la lune.
La voix disait encore à quelqu’un : « Je
t’abandonne ! »
Et ce quelqu’un venait à moi penché, sur ma mort ou inventé
dans mon existence.
Quelqu’un ayant parlé, je me compris au piège de mon trajet.
Quelqu’un disait : « Ah là, cerveaux, si l’on vous
tourne ! »
Et moi, je me prenais au piège de mon trajet d’ombre noyée où la
mer couvait un œuf de patience.
Et quelqu’un : « Cerveau, que de pensées enterrées
sans nom ! »
Et là je me voyais descendre dans l’imagerie d’un sable toujours
plus fin et, me suivant à la trace, entendais les sable perdus
voyager des pas mouvants dans ma poitrine…
Et quelqu’un : « Cerveau, fantôme chaque fois ! »
Cela suffirait-il pour m’écarter de mes dents, pour m’éviter de
mes yeux ?
J’inventais :
Qu’ayant la mer, je me gorgeais de quelque sang, où je coulais,
moi-même liquide, vers ces rivières nommées : Merci.
Qu’ayant le temps, je me secouais d’un vent nommé Merci, en une
grande carcasse de rire dont je ne finirai plus de compter les
morceaux.
Et qu’avant tout… devant mon invention, je me dressai,
muraille, je relevai la face, les yeux dans les yeux du Visiteur.
( Extrait de « La fin et la manière , Le voyageur
épris au rêve», 1959. Ed. Le Soleil Noir 1965)
Jorge Camacho - Le crâne-de-nuit (Hommage à Jean-Pierre Duprey) , 1964 |
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