Hans Bellmer, Les chants de Maldoror, Deux méduses, 1971 |
Je suis sale. Les poux me rongent. Les pourceaux, quand ils me
regardent, vomissent. Les croûtes et les escarres de la lèpre
ont écaillé ma peau, couverte de pus jaunâtre. Je ne connais
pas l’eau des fleuves, ni la rosée des nuages. Sur ma nuque,
comme sur un fumier, pousse un énorme champignon, aux
pédoncules ombellifères. Assis sur un meuble informe, je n’ai
pas bougé mes membres depuis quatre siècles. Mes pieds ont
pris racine dans le sol et composent, jusqu'à mon ventre, une
sorte de végétation vivace, remplie d’ignobles parasites, qui
ne dérive pas encore de la plante, et qui n’est plus de la
chair. Cependant mon cœur bat. Mais comment battrait-il, si
la pourriture et les exhalaisons de mon cadavre (je n’ose pas
dire corps) ne le nourrissaient abondamment ? Sous mon
aisselle gauche, une famille de crapauds a pris résidence, et,
quand l’un d’eux remue, il me fait des chatouilles. Prenez
garde qu’il ne s’en échappe un, et ne vienne gratter, avec
sa bouche, le dedans de votre oreille : il serait ensuite
capable d’entrer dans votre cerveau. Sous mon aisselle droite,
il y a un caméléon qui leur fait une chasse perpétuelle, afin
de ne pas mourir de faim : il faut que chacun vive. Mais,
quand un parti déjoue complètement les ruses de l’autre, ils
ne trouvent rien de mieux que de ne pas se gêner, et sucent la
graisse délicate qui couvre mes côtes : j’y suis
habitué. Une vipère méchante a dévoré ma verge et a pris sa
place : elle m’a rendu eunuque, cette infâme. Oh !
si j’avais pu me défendre avec mes bras paralysés ;
mais, je crois plutôt qu’ils se sont changés en bûches. Quoi
qu’il en soit, il importe de constater que le sang ne vient plus y
promener sa rougeur. Deux petits hérissons, qui ne croissent
plus, ont jeté à un chien, qui n’a pas refusé, l’intérieur
de mes testicules : l’épiderme, soigneusement lavé, ils ont
logé dedans. L’anus a été intercepté par un crabe ;
encouragé par mon inertie, il garde l’entrée avec ses
pinces, et me fait beaucoup de mal ! Deux méduses ont
franchi les mers, immédiatement alléchées par un espoir qui ne fut
pas trompé. Elles ont regardé avec attention les deux parties
charnues qui forment le derrière humain, et, se cramponnant à
leur galbe convexe, elles les ont tellement écrasées par une
pression constante, que les deux morceaux de chair ont disparu,
tandis qu’il est resté deux monstres, sortis du royaume de la
viscosité, égaux par la couleur, la forme et la férocité. Ne
parlez pas de ma colonne vertébrale, puisque c’est un glaive. Oui,
oui... je n’y faisais pas attention... votre demande est
juste. Vous désirez savoir, n’est-ce pas, comment il se
trouve implanté verticalement dans mes reins ? Moi-même,
je ne me le rappelle pas très clairement ; cependant, si
je me décide à prendre pour un souvenir ce qui n’est
peut-être qu’un rêve, sachez que l’homme, quand il a su
que j’avais fait vœu de vivre avec la maladie et l’immobilité
jusqu'à ce que j’eusse vaincu le Créateur, marcha,
derrière moi, sur la pointe des pieds, mais, non pas si
doucement, que je ne l’entendisse. Je ne perçus plus rien,
pendant un instant qui ne fut pas long. Ce poignard aigu
s’enfonça, jusqu'au manche, entre les deux épaules du taureau
des fêtes, et son ossature frissonna, comme un tremblement de
terre. La lame adhère si fortement au corps, que personne,
jusqu'ici, n’a pu l’extraire. Les athlètes, les
mécaniciens, les philosophes, les médecins ont essayé, tour à
tour, les moyens les plus divers. Ils ne savaient pas que le mal
qu’a fait l’homme ne peut plus se défaire ! J’ai
pardonné à la profondeur de leur ignorance native, et je les
ai salués des paupières de mes yeux. Voyageur, quand tu
passeras près de moi, ne m’adresse pas, je t’en supplie, le
moindre mot de consolation : tu affaiblirais mon
courage. Laisse-moi réchauffer ma ténacité à la flamme du
martyre volontaire. Va-t’en... que je ne t’inspire aucune
piété. La haine est plus bizarre que tu ne le penses ; sa
conduite est inexplicable, comme l’apparence brisée d’un
bâton enfoncé dans l’eau. Tel que tu me vois, je puis encore
faire des excursions jusqu'aux murailles du ciel, à la tête
d’une légion d’assassins, et revenir prendre cette
posture, pour méditer, de nouveau, sur les nobles projets de la
vengeance. Adieu, je ne te retarderai pas davantage ; et,
pour t’instruire et te préserver, réfléchis au sort fatal
qui m’a conduit à la révolte, quand peut-être j’étais né
bon ! Tu raconteras à ton fils ce que tu as vu ; et,
le prenant par la main, fais-lui admirer la beauté des étoiles
et les merveilles de l’univers, le nid du rouge-gorge et les
temples du Seigneur. Tu seras étonné de le voir si docile aux
conseils de la paternité, et tu le récompenseras par un
sourire. Mais, quand il apprendra qu’il n’est pas
observé, jette les yeux sur lui, et tu le verras cracher sa
bave sur la vertu ; il t’a trompé, celui qui est
descendu de la race humaine, mais, il ne te trompera plus :
tu sauras désormais ce qu’il deviendra. Ô père infortuné,
prépare, pour accompagner les pas de ta vieillesse, l’échafaud
ineffaçable qui tranchera la tête d’un criminel précoce, et
la douleur qui te montrera le chemin qui conduit à la tombe.
Comte de Lautréamont, Les Chants de Maldoror, Chant IV, 4
A mis novembre le navire d' Albnus
RépondreSupprimerme déchire les yeux au large de mon anus
dans ma mémoire gravé .
Ete indien j y retourne en furie désintégré
ivre je me tire le cerveau d'échauffement devant la camera
à la une j' émissionne pour faire jouir le mâle
déjà tu tombes a pic comme le titanic
c'est pas kiffant d'être un museau tanchi ?
éternel roman
de l'ancien testament
Moi je ne suis qu'une enfant de poème incongru
qui bugle aux remugles d'hallus
comme les morues de la rue
mets-la-moi-rocco
j'hameçon mon bandonéon
je me tourne halluciné
peut etre pour moi j'aurai dû le garder.....