lundi 18 avril 2011

Joyce Mansour « Le désir du désir sans fin »

Je te croyais roux
Bouc lippu de ma tendresse
Indifférente
Matière gommeuse aux lignes fuyantes
Et arides couchants d'opium
Le froid augmente dans la clairière
Mes poumons refleurissent
D'un sanglot flamboyant
Plus glacé qu'une gravure
Plus sérieux qu'un helléniste
Au Panthéon
Tu m'observes
Et quelque chose de dominateur
Pétrit mon épiderme de ses volontés convulsives

J'ai ouvert mes bras
Ma grande plaie saline
Sous la passerelle de l'hiver
Et aussitôt l'objet remua
Craintivement dans sa cage
Et le violoncelle tapi
Dans l'oreille triste de l'escalier
A la manière d'une flèche brisée
Dans une bouteille d'encre de Chine
Hoqueta une note teintée
O industrieuse Isis
De souffrances orientales


Serai-je un jour déçue
Le vent renouvellera-t-il
L'herbe du canapé
Saurai-je flotter sans baromètre
Ni flasque pylône
Autour des jarres du crépuscule
Serai-je un jour ruisseau
Quand tout en toi crie feu

Il m'est difficile de penser à la mort
Quand sur mon ventre hésitent de grands oiseaux
Aux pâles retards de sperme
Et habiletés d'écume
Je ne saurai suivre la trame
Des tortures mythologiques
Ni dénombrer les gémissements
Des coléoptères de salon
Quand sur l'épaule de la tumultueuse girafe
Ta chemise vient cracher son ombre.

Je ne crains pas la colère des chambres secrètes
Ni la mâchoire féconde de l'armée carnassière
Aucun homme avec moi ne place son pied
Sur la pente calcinée de la haine
L'arbre immergé passe aux sons de l'enjôleuse cithare
Je me vengerai de ta racine aux narines empourprées
La Veuve Noire fermera ses lèvres de pierre
Sur ta grande nervosité
Chaste trouée du sommeil
Tu ne sauras m'échapper

Qui connaît le profil de ma voluptueuse rosace
Plus frénétique encore
Que l'anémone frileuse
Elle trempe sa tige étroite
Dans  l'autre Seine
Pourquoi mes doigts portent-ils
De petites têtes de mort
A leurs douces extrémités
Ces brûlants serpents aux onglées exquises
Flattent ton orgueil sans jamais en démordre

Que de calamités sous les tréteaux de la banquise
Étirée comme l'horizon dans un hublot de fourmilière
Défenestrée comme lui
J'enjambe ta bouche
Ta balustrade
J'étale
Ma lourde frisure
En filigrane
Sur la cascade de ta vigne

Ici un lapin passait naguère
Sa vie errante souple et flottante
Sur le candélabre de l'inaction
Aux sept branches de supplices
Aux homélies anciennes
Sauvez-moi cria-t-il du haut de sa passion
Personne n'entendit le brûlot amarante

Ta bouche se montre vorace de jouissances enfantines

Tu te souviens des monts velus de l'Angleterre
De ses figures de boue
Piquées
Au flanc de la semaine
Comme des mots proclamés
Trop fort
Dans le vent envenimé de la tombe
Il y a des morts qui respirent dans la profusion tropicale
D'avant hier
Des mères comme la mienne
Qui toujours des anniversaires se souviennent
Beaux et clairs présents
Cheveux et dents salés
Mamelles concaves
Tristes échos de cimetière

J'attends oui j'attends
Me croyant délivrée
Des notes musicales assoiffées de paperasse
De ces yeux de basilic
Dans leur pagode de verre
Qui cuvent des cauchemars sous leurs jupons noirâtres
Et qui crient
Est-ce bien nécessaire
Sur une carte de visite
De jurer la fidélité
Quand le temps dans sa niche
Fait l'école buissonnière

Je sais que sous le pont
Tes yeux fous se sont noyés
Notre-Dame entrebâille ses savantes cuisses gothiques
Plus puissantes et plus fières
Qu'échafauds et belladones
Elles enferment ton roux visage
Dans le losange de vendredi

Je vois
Un petit lit de fer
Aux teintures douceâtres
Et volutes de léproserie
Un vaste choix de boursouflures
Sur la poitrine incrustée
De joyaux exclusifs
Je sens ton sexe gouaché de parfums
Féroce cache-pot de porcelaine
Plonger dans ma rétine

Éclats et arrachements du spasme vaginal
Il faut empêcher le pendu
D'avaler sa langue
Je sens sur mon coccyx
Un battement douloureux
Je voudrais couler pensive
Dans la blanche crème de tes artères
Glisser ma main nue sur l'échine moite de ta corolle
Mater ta glande cuivrée aux barbares carnets de neige
Je suis le tourbillon de Gomorrhe

( Extrait de la revue « La Brèche » n°5 Octobre 1965 )






1 commentaire:

  1. Petit homme toi qui va grandir
    Il te faudra comprendre ceci
    L'appreté de la vie est souvent difficile
    Mais si tu offres en liasse tes sourires
    Il te reviendra en retour des éclats de pétites
    Où sur ton cœur feront briller des rires


    Prends les et gardes les bien au chaud
    Dans tout ce que ce monde t'offrira de moins beau
    Se sont eux qui te feront voir plus haut
    Toujours plus haut et peints ta vie comme un tableau
    Aux mille nuances pastelles comme celles de ton berceau


    Petit homme ne laisse jamais la haine
    Envahire tes pensées de toi, éloigne là lointaine
    Même si souvent tu voudras la faire apparaître
    Celle -ci ne peut plus être sur cette terre souveraine
    De tes mitaines fait briller toutes les graines


    Que ici et là tu vas, dans le ciel, la mer et la terre
    Planter sans te blesser toi .Rends les prospère
    Et garde dans un petit coin de ton cœur et tête
    Cette phrase .Là il y a ceux et celles et moi juste après


    Petit homme que la lumière illumine tous tes âges
    N' oublies pas que seul le mot qui doit perdurer est partage
    à lui tout seul il arme les Ames de courage
    Oui petit homme c'est comme ça enfin je crois Si je dis ça ?


    Petit homme c'est parce que tout au long d'une vie
    Il faut se remettre en question et abdiquer c'est ainsi
    Abdiquer sur les erreurs que tu commettras et rebondir
    Sur la plus belle musique de ta vie celle que parfume la fleur de lys

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