La
création de la terre
Le grillon bipolaire chante sur
les cheveux crépus
d’Aphrodite
Un homme des animaux tous sont
devenus calmes
comme la mer
La métamorphose estivale
d’Aphrodite
En un mâle ou en un microbe
Fleur de déchéance
Et je deviens vulnérable comme un
adolescent sous la
lune
Les conjurés
Tiennent haut les lampes-torches
pour éclairer le creux
des vagues
A leurs oreilles le rossignol
chante à merveille
Et le temps de se demander si ce
chant annonçait une
brise légère
L’averse s’abattit
Si jamais un vrai miracle se
produit dans pareille fleur
d’hortensia
Il finira par épuisement total
Vin au poignard
Le froid de la terre adhère à la
cravate
L’homme ivre mort devant le teint
dorade sublime
Que revêt le soleil retrouve son
sourire
A ce moment l’univers légèrement
se meut
Dorade dans son dos qu’il ignore
Sursaut d’un navire qui prend son
baptême de mer
Il s’embrouille dans l’alphabet
Et médite avec le ciel bleu de
son cerveau
Un jeune pigeon dans son vol s’y
fourvoie
Les joyaux de son collier
ruissellent
Leur frémissement a la fraîcheur
d’un voilier
Immobile comme la vague déchaînée
ou le cheval au
galop
le jugement dernier n’aura pas
lieu
Zéro
parfois même un zéro de cette taille
Un passe-velours qui oublie le
visage du maître
jardinier
Fleur invisible sans miroir
concave
Etait-ce cela la fleur de son
sein ?
Les flots qu’aucun frein n’arrête
se brisent encore et
encore
Poitrine superbe celle d’une femme
Par un mercredi magnifique
Enveloppée d’un châle à
l’ancienne
La poitrine d’une femme qui du
haut d’une pagode
s’approcha du sol
Celle qui pareille aux aréquiers
dormit jusqu’à midi
juste
Une poitrine de reine
Si tu cries que tu voudrais voir
une fleur plus explicite
Suffit de l’approcher sans détour
comme un prestidi-
gitateur
Et l’interjection en hausse
Je la pose sur la table
La grande magie n’a pas besoin
d’air
Quand le jasmin envers et contre tout refusait de se
montrer
La jeune fille là-bas tout
simplement imagina
Un jasmin métallique
Le souffle du dieu Apollon agonisant
Peur et joie mêlées
Se confond à la rose pareille à
la viande d’agneau
Aucune vie aucun lait d’une telle
fraîcheur
N’appartiennent à la Terre
Les yeux d’Apollon qui rend son dernier soupir comme
un saint
Peuvent être peints même avec les
couleurs d’un arc-
en-ciel brisé
Quand il vint réchauffer ses
oreilles d’enfant le dieu
Apollon
Devint sourd-muet à l’image du soleil
Diamant
ramolli en un
instant voici son tronc tout
entier
En toute exactitude voici du pain au raisin
En toute la splendeur effrayante
voici exposé l’art des
jardins
du paradis
Le paradis s’enfouit dans le
creux d’une noix
Ce qu’aperçut le marin n’était
qu’une affiche bigarrée
Il en sourit d’un sourire
d’automne si doux
Et c’était l’automne
Pareille à une mouche verte
S’il voit en chaises les humains
il doit être malade
L’homme surprit par le chagrin
Le poisson rouge qui avait refusé
la mort
Les deux se meuvent côte à côte
comme des nuages
Qui ressemble au marbre sans être
de marbre
Qui ressemble à l’éponge bien qu’il
soit une éponge
Un arbre de grenade parfaitement
lui-même
Voici un chagrin aussi vrai
qu’une montre de langouste
Urgence d’une ligne d’horizon qui
s’enroule comme
un coquillage
Pour pénétrer tel un soleil
couchant dans la salle
D’opération où flottent une rose
un brise-glace et une
bière
Avant de se muer en vitre une
taupe est couchée sur
le
flanc
Une douce pierre tombale se
dresse à côté d’une belle
femme
au chapeau de soie
Indifférente à son chagrin
bruyant
Tout cela n’était qu’une méprise
d’un garçon d’hôtel
Regarde par-delà la blouse de ce
chirurgien glabre
Un énorme dahlia robuste
Aucune chance
De sortir d’un seul pas du
dimanche de Salomon
Aucune chance
De voir un liseron à la lumière
du jour s’enfuir de l’es-
thétique
du liseron
Oh
yes indeed !
Par la nuit claire des sangliers
Je m’éprends d’une main si triste
Je m’éprends d’un incendie
silencieux
Et pourtant ce paysage aussi
distingué qu’un cortège
Funèbre
Trompe le décorateur d’intérieur
Non pas à cause d’un ange manchot
Mais pour le seul aveu de la
femme
Des insectes aussi vieux que le
métier bancaire et des
menus
propos
Souvent rêvent de l’océan
Coquillages contemporains et
nuages abscons
Un penseur monothéiste interpelle
les Espagnols
Par leurs bracelets en or massif…
La nuit claire toujours se ternit
Comme les fleurs du Japon
La liberté du jade
La pente ne retient pas l’homme
la pente telle une
chute d’eau…
Loin d’ici vécut un prophète rien
à voir avec nous
Solitaire comme un pistil
Le ciel des bivalves là demeure
le dieu le plus
intègre
D’un côté se trouvait une perle
De l’autre une brebis
Pureté d’un mendiant en
difficulté
Sur le sable il voit sans cesse
dans son rêve des
gobelets
Un violon d’ambre sa propre
cheville un poisson rouge
de sa suite…
L’interrogatoire tombe sur ses
épaules comme eau
distillée
Le soleil engloutit dans la mer
Se retrouve telle une plume au
fond de sa poche
Le complot qui donnera forme à
ses mains
Est plus évident que mauve sur
mauve
Et le mirage de l’infini donc est
magnifique
Car c’était le dispositif le plus simple
A ce moment des papillons
innombrables
Voilà ce que cherche le mendiant
Le bronze d’un canard
Le roseau du Lac de la Fraîcheur
qui hésite devant
la
véritable Vénus de Milo
Le héron cendré qui adroitement
échappe à de lon-
gues douleurs
Aussi bien que le fermier qui a
le don de clairvoyance
Sont déjà entrés au musée
immémorial
La mer la mer et le sable vus par
les interstices d’un
halo lumineux
Les chevaux rapides de la prison
Transportent une nuit de juin à
l’insu de tous
La Création de la Terre fut
accomplie en une nuit
Le hérisson dit sa reconnaissance
La main de l’été s’étire comme Morphée
Tel un absurde bouquet de fleurs
Pareille à la mort arrogante au
palais du roi
La santé en prend un coup
La nature dans sa splendeur Voici ton dictionnaire
de poche
Tu éprouves sa force comme des
fleurs de chrysan-
thèmes bien comptées
Octobre = périscope
Regarde la logique minimale dans
le miroir
Accompagnée de quelques souvenirs
tropicaux savon-
neux
Sa sagacité d’onyx veiné de rouge
Une erreur de calcul dans la
clarté de la lune et un
lapsus
de dynamique
La statistique affectueuse monte
la mèche de la lune
La reine enivrée de roses ses
déchets paisibles violacés
Est-ce là ton désir très
pur ?
Un buste de porcelaine ?
Fantôme d’un gouverneur en toute
son innocence
Fantôme où tout a été biffé
Rose à l’apparence d’un elfe
Rose famille de poissons
Rose avec son allure
Rose drôle
Rose insensible
Rose flamme
Une incarnation tel un éclat de
tonnerre
L’abstraction de ces hautes mers
ne dit rien
Les années d’enfance des fleurs
du méridien très loin
de toute météorologique
Font des rêves d’une entière
douceur
L’âge de pierre fut celui des
floraisons géantes
La mégalomanie laisse une
cicatrice bleu marine et
plonge dans la mer
Ainsi se terminent les bavardages
Le jeune marié sent la mer
Un métromane de la capitale
Déjà telle une méduse la boussole
se perd dans la
contemplation de la
Mer intérieure
Avec le calme du pays qui fut le
berceau des arts
Ah ! j’oubliai les mots de
l’âme
Et à peine eut-il poussé ce cri
Qu’il se lance après un
instrument vocal rouge carmin
Tigre naufragé
La passion de la musique
s’épanche en piaillements
En face la mer à perte de vue
Et toute l’année sans répit la
neige
O
Mater Dolorosa !
Voici éclose la déclaration
d’intention
Malice suprême et caméléon
Puis la musique valeur mobilière
se joue sous les
nuages
Le soleil couchant n’est qu’un
aphorisme
Un cerveau bleu cobalt n’est
qu’une divagation discrète
Il est fatal que les spectres
porteurs de la Bonne Nou-
velle aient tant de charme !
Choisir les mots tout ce qu’il y
a de plus en vogue
Et parler sans pour autant oublier le temps qu’il fait
Voici l’universelle morale
blanche
C’est une musique où
l’observation seule resplendit
La poudre de riz ne donne jamais
un teint mar-
ron Ce défaut
Ne saurait empêcher
La cithare à sept cordes de
traverser les rayons du
soleil
Apollon
prend son repas
Et une fois disséqué plus rien ne
reste dans le paysage
Respect
Une violette tricolore au bel
écho arrivée jusque-là de
la terre ferme
Je n’ai noté que la joie
Par exemple la dinde ou au
contraire un échalas de
garçon
Le zinc n’a rien à voir dans mon
histoire
Semblable à un paysage avec des
satyres
Sur l’autre page rien n’est écrit
La joie argent argenté
Voici l’intelligence de Salomon
La pomme du torero qui croît à
l’apparition des
spectres
Soudain une belle âme trouva de
la chaleur en leur
présence
A cet instant je découvris une
parenté entre l’homme
et l’ange
Le roi noir né dans l’écume des
mers donne son
accord à l’arc-en-ciel
Que vouloir de plus
J’y reconnus l’ibiscus de jadis
Egarement sans remède du
tétraèdre
L’équilibre tel un oracle naît
bientôt sur les lèvres de
la jeune fille
Leur rouge amarante se confond
avec la mer
La jeune fille oublieuse de la
pluie court comme le vent
Les jeunes filles prêtent toutes
leurs traits à l’unique
Une vérité neuve sans venin
L’Espagne
des Esquimaux
D’aventure j’aperçois les raisins
encore verts
C’était un tour d’adresse de la
nouvelle lune
A cet instant la jeune fille déjà
n’est plus là
Le démon de Mammon tient prêtes des pièces d’or
toutes
fraîches
Pour son métier très particulier
En cette saison tranchante
L’atavisme du lion
redevenu fauve
Est tourmenté par l’inspiration
Mon histoire par une nuit de lune
s’évapora avec la
flûte
Et comme pour l’alcool de riz il
n’en reste que la part
la plus ancienne
Ville couleur châtaigne ville où se meuvent les pois-
sons
rouges
Un cheval coudes sur la table
s’élance sans bruit
L’homme à jamais impénétrable
Ronds bleus les genoux d’une
femme assise
Où que l’on cherche partout les
feuilles vertes fendues
Parfois l’homme se perd dans sa
contemplation
Voici une arène ronde comme un
bébé
Une tête grecque incomestible
Et les voiles de Maria
Ta couleur sang recouverte d’un
bleu foncé commercial
Me rappelle les mouvements des
anges au firmament
La neige de l’alcool
Se mue en ton collier
Ton histoire
Est brève comme le pouls des
étoiles filantes
Ou le paradis des hyménoptères
La première moitié de ta vie et
l’ellipse de ce qui reste
à vivre
Voici ta trouvaille
Métaux précieux dans l’air
contaminés par les mœurs
d’un dieu nouveau
Et aussitôt une brusque
Campanule si violacée au parfum de refus
et forte de
sa
foi
En cet instant vacant
Se meuvent toutes les poignées
avec leur distinction
singulière
Soleil bon marché
Mélodie maléfique
Le supplice de ses flexions
Armures somptueuses à quoi bon déjà
O Roi !
Quels temps
Voici mademoiselle votre fille
Voici Mademoiselle sans un mot
Une épingle qui s’enfuit de notre
espace
Cette épingle ressemble à
Mademoiselle
Un parfait mois de janvier
O perle !
Que de beaux mots que de belles
phrases
L’occasion et le rêve est rêve
sur rêve
Le moindre petit sou est toujours
un sou
Cet amour avait tout d’un amour
Reproduction par scission c’était
un art voué à la
lampe d’acétylène
Spectrum qui ne lance aucune question
Voici le Roi
Matière inorganique en or pur
Un jeu imperceptible comme une
rose souriante
Le gel qui fige les fossettes de Gargantua
Etoile désaxée voici la jeune fille aux yeux bleus aux
cheveux d’or
Etoile de l’hémisphère dans
l’aquarium
Etoile des anges aux ailes
rougies comme en deuil
Etoile couverte d’une poussière
mauve qui ne se dévoi-
lera pas
Etoiles étoiles
( Extrait de "Dada et surréalisme au Japon", Arts du Japon,
Vera Linhartova, Publications Orientalistes de France 1987 )
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