dimanche 19 décembre 2021

Antonin Artaud - Le Retour d'Artaud le Momo lu par Alain Cuny

 

Antonin Artaud - Artaud le Mômo, 1947

LE RETOUR D’ARTAUD LE MOMO


L’esprit ancré
vissé en moi
par la poussée
psycho-lubrique
du cielest celui qui pense
toute tentation,
tout désir,
toute inhibition.

O dédi
A dada orzoura
O dou zoura
Adada skizi
O Kaya
O Kaya ponoura
O ponoura
A pona
Poni


C’est la toile d’araignée pentrale,
la poile onoure
d’ou-ou la voile,
la plaque anale d’anavou


(Tu ne lui enlèves rien, dieu
parce que c’est moi
tu ne m’as jamais rien enlevé de cet ordre,
je l’écris ici pour la première fois,
je le trouve pour la première fois)

Non la membrane de la voûte

non le membre omis de ce foutre,
d’une déprédation issu
Mais une carne,
hors membrane
hors de là ou c’est dur ou mou

Ja passée par le dur et mou,

étendue cette carne en paume,
tirée, tendue comme une paume
de main
exsangue de se tenir raide,
noir, violette
de tendre au mou.


Mais quoi donc à la fin, toi le fou ?

Moi ?

Cette langue entre quatre gencives,

Cette viande entre deux genoux,

ce morceau de trou
pour les fous.

Mais justement pas pour les fous,
pour les honnêtes,
que rabote un délire à rôter partout,

et qui de ce rôt
firent la feuille,

Écoutez bien :
firent la feuille
du début des générations,
dans la came palmée de mes trous,

à moi.
Lesquels, et de quoi ces trous ?

d’âme, d’esprit, de moi, et d’être ;
mais à la place où l’on s’en fout,
père, mère, Artaud et itou.


Dans l’humus de la trame à roues,


dans l’humus soufflant de la trame


de ce vide,
entre dur et mou
Noir et violet,
raide
pleutre
et c’est tout.

Ce qui veut dire qu’il y a un os,

dieu

s’est mis sur le poète,
pour lui saccager l’ingestion
de ses vers,
tels des pets de tête
qu’il lui soutire par le con,

qu’il lui soutirerait du fond des âges,
jusqu’au fond de son trou de con,

et ce n’est pas un tour de con
qu’il lui joue de cette manière,
c’est le tour de toute la terre

contre qui a des couilles
au con.

Et si on ne comprend pas l’image,
et c’est ce que je vous entends dire
en rond,
que vous ne comprenez pas l’image
qui est au fond
de mon trou de con, —

c’est que vous ignorez le fond
non pas des choses,
mais de mon con
à moi,
bien que depuis le fond des âges
vous y clapotiez tous en rond
comme on clabaude un aliénage
complote à mort une incarcération


Re re ghi
reghéghi
geghena
a zoghena
a gogha
riri

Entre le cu et la chemise
Entre le foutre et l’infra-mise
Entre le membre et le faux bond
entre la membrane et la lame
entre la latte et le plafond
Entre le sperme et l’explosion
tre l’arête et tre le limon

entre le cu et la main mise
de tous
sur la trappe à haute pression
d’un râle d’éjaculation
n’est pas un point
ni une pierre
éclatée morte au pied d’un bond

ni le membre coupé d’une âme
(l’âme n’est plus qu’un vieux dicton)
mais l’atterrante suspension
d’un souffle d’aliénation

violé, tondu, pompé à fond
par toute l’insolente racaille
de tous les empafrés d’étrons
qui n’eurent pas d’autre boustifaille

pour vivre
que de bouffer
Artaud
Mômo
Là, où l’on peut piner plus tôt
que moi
et l’autre bander plus haut
que moi
en moi-même
s’il a eu soin de mettre la tête
sur la courbure de cet os
situé entre anus et sexe

De cet os os sarclé que je dis

dans la crasse
d’un paradis
dont le premier dupé sur terre
ne fut pas le père ou la mère
qui dans cette antre te refit
mais
JE
vissé dans ma folie



Et qu’est-ce qui me prit
d’y rouler moi aussi ma vie ?
MOI
RIEN, rien
Parce que moi
J’y suis
J’y suis

et c’est la vie
qui y roule sa paume obscène

Bien
Et après ?
Après ? Après ?
Le vieil Artaud
est enterré
dans le trou de la cheminée
qu’il tient de sa gencive froide
de ce jour où il fut tué !

Et après ? Après ?
Après !

Il est ce trou sans cadre
que la vie voulut encadrer

Parce qu’il n’est pas un trou
mais un nez
qui sut toujours trop bien renifler
Le vent de l’apocalyptique
tête

qu’on pompe sur son cu serré
et que le eu d’Artaud est bon
pour les souteneurs en miserere

Et toi aussi tu as la gencive
La gencive droite enterrée
dieu

toi aussi ta gencive est froide
depuis infiniment d’années
que tu m’envoyas ton cul inné
pour voir si j’allais être né
à la fin
depuis le temps que tu m’espérais
en raclant
mon ventre d’absent

menendi enenbi
embenda

tarch enemptle
o marchte rombi
tarch pai et
a tinenptle
orch pendu
o patendi
a marchit
orch yorpch
ta urchpt orchpt
ta tou taurch
campli
ko ti aunch
a ti aunch
aungbli



Alain Cuny - Portrait de Fernand Michaud, 1986



dimanche 14 novembre 2021

El cuestionaro de Proust de Luciana Gómez

Luciana Gomez - Corazon

¿Qué crees que es la “felicidad completa”?

- No creo en la felicidad completa, creo si, que es una composición que se crea de pequeños momentos nunca es completa en su totalidad.

¿Cuál es tu mayor miedo?

- La vejez.

¿Cuál es el rasgo que más detestas de ti misma?

- La manera de amar

¿Cuál es el rasgo que más detestas en las otras personas?

- El egoísmo

¿Qué persona viva admiras más?

- A todos los que luchan por un mundo mejor.

¿Cuál es tu mayor lujo?

- El estar viva

¿Cuál es tu estado mental actual?

- No se si podría definirlo, creo que en gran medida la palabra sería: serena

¿A qué virtud crees que se le da demasiada importancia?

- Si es una virtud, hay que darle importancia.

¿En qué ocasión mientes?

- Cuando lo creo necesario

¿Qué es lo más que te disgusta de tu apariencia?

- Las marcas que dejan los años en mi piel

¿Qué persona viva te desagrada más?

- Nadie

¿Cuál es la cualidad que más admiras en un hombre?

- La sensibilidad

¿Cuál es la cualidad que más admiras en una mujer?

-Lla valentía

¿Qué palabra o frase utilizas mucho?

- Mierda

¿Qué o a quién amas más en la vida?

-mi poesía/pintura

¿Cuándo y dónde fuiste más feliz?

- El día en que me encontré conmigo misma y supe quien era

¿Qué talento te gustaría tener?

- Leer música.

¿Si pudieras cambiar una cosa de ti misma, qué sería?

- La ansiedad

¿Cuál es tu mayor logro?

- Poder mostrarme tal cual soy

¿Si murieras y volvieras a nacer, ya fuera como persona, objeto o animal, qué serías? ¿Por qué?

- No me molestaría volver a nacer como Luci. Creo que es porque ya sé lo que soy.

¿Dónde te encantaría vivir?

- E n cualquier lugar del mundo, pero rodeada de naturaleza

¿Cuál es tu posesión más preciada?

- Mis cuadernos de poesía y dibujos

¿Cuál es la manifestación más clara de la miseria?

- La pobreza de no saberse quien es uno mismo.

¿Cuál es tu trabajo u ocupación favorita?

- Pintar/dibujar

¿Cuál es tu cualidad más sobresaliente?

- La aceptación

¿Qué es lo más que valoras en una amistad?

- La complicidad y la solidaridad mutua

¿Quiénes son tus escritores favoritos?

-Alejandra Pizzarnik, Oliverio Girondo, Alfonsina Storni

¿Quién es tu héroe ficticio favorito?

- No tengo…todos mis héroes son reales.

¿Con qué personaje histórico te identificas más?

- Juana Azurduy.

¿Quiénes son tus héroes en la vida real?

- Mi padre

¿Cuáles son tus nombres favoritos?

- Guadalupe y Nicanor

¿Qué es lo que más te disgusta o desagrada?

- La falsedad

¿De qué te arrepientes?

- De no ser un poco mas arriesgada

¿Cómo te gustaría morir?

- Durmiendo

¿Cuál es tu filosofía de vida o tu lema?

- Hacer todo lo que deseas en esta vida. No quedarse con las ganas de nada.



Et je suis méritante
de cette solitude sans toit
Je reprends ce silence
qui hante l'espace
et j'écris quand je dors
en utilisant le mot comme bouclier
le mot silencieux
le mot écrit
le mot prononcé
Et je suis la méritante
de ce feu
et de ces mains et de ces épines
Et je suis la méritante
de ce Soleil brûlant
et de cette nouvelle Lune
je suis la méritante
de ces vents qui donnent le vertige
et de ce que je n'ai toujours pas



*

El viento me vomita la cara
siento la crueldad
de una verdad inminente
Los desechos del cuerpo
desparramados sobre mi cama
aun tibios,
perfumados con el vaho del olvido.
Se abre un agujero en medio del mi pecho
desbordante de sangre caliente,
vertiente de los milagros
y deseos imposibles,
las moscas se agolpan
y beben con una locura esquizofrénica
el entendimiento es poco
y los ojos se me hunden
tratando de ver más adentro
los sonidos escondidos
anudan mi lengua áspera,
que va despidiendo mi inocencia.
El pulso se apacigua,
irremediablemente,
no hay esperanzas, ni pequeños goces
no hay minutos, ni abecedario,
solo silencios se escuchan....
Y a las horas de las sombras
mis manos se van soltando de a poco,
me llaman los aullidos
el galope desmedido
de una noche salada
que completa un ciclo
de mañanas sin finales 


                                                               
                                                       
Luz E. G. -2021-



El mundo de Luciana Gomez, AQUI

mardi 26 octobre 2021

Ossip Mandelstam - La Pierre et autres poèmes (trad. Henri Abril) (extrait)



Mon doux rêve, mon rêve perpétuel :
Une forêt enchantée, d'invisibles bois,
Où une rumeur confuse m'appelle,
Le divin froufrou de rideaux de soie.


Rencontres insensées, joutes impures 
Et à la croisée des yeux surpris, sans feinte,
Cette rumeur invisible et obscure
A jailli sous la cendre, et s'est éteinte.


Et le visage est comme habillé de brouillard,
Et les mots se sont figés sur les lèvres,
On dirait que dans les buissons du soir
Un oiseau effrayé soudain se lève.





dimanche 15 août 2021

Zonda Radio - Agosto 2021 - La palabra corta la palabra

 


 
Jean-Claude Risset - "Morning to noon" (extractos) 
Yoko Ono - Rob Stevens - Wes Naprstok and Gary Clugston - Georgia Stone (extracto) 
Luci Gomez - Demian Mariana lee "Nocturno" de Oliverio Girondo 
Titi Parant - Dimanche 04 mai 1975 (extracto) 
Luci Gomez lee un poemade Mauricio Arias 
Titi Parent - Dimanche 23 mai 1976 (extracto) 
MEEE - Le néant est en crue 
Jean-Luc Parant - La joie des yeux (extracto) 
Debora y Micky leen "El enamorado" de Jorge Luis Borges 
Indios Jivaro, Cayapa, Otavalo (Ecuador) - Canto sobre el pájaro tucán (extracto) 
Amanda Berenguer - Es el amor 
Diamanda Galás - L’Heautontimoroumenos de Charles Baudelaire (1857) 
Luci Gomez lee un poema de Elena Guro 
Dora Providence & ᛉᛉᛗ - Psalmodia 
Aleister Crowley - La gitana 
Luci Gomez - Unificación 
Fatima Miranda - Hálito

mercredi 4 août 2021

Cerkita Zünd // M.A. Asterglance - Retrouver les forêts

 

© Collage Cerkita Zünd

  Retrouver les forêts 

  la marche des arbres 
  de l’humus 
  des mousses 
  des fougères 
  vers le vert azur 
  des aurores boréales 
  retrouver les animaux 
  en quête du silence 
  de l’étoile polaire 
  retrouver les étangs 
  où se miroite l’univers 
  dérober le reflet 
  en draper les forêts 
  les animaux 
  l’aurore et l’étoile
  tisser un regard 
  un ciel 
  conjurer à jamais 
  par la foi du lézard 
  en la pierre 
  le mauvais œil 
  et les ténèbres 
  d’où émane 
 la somptueuse confusion 
 réapprendre le brame 
 revenir au monde

vendredi 16 juillet 2021

Zonda Radio - Julio 2021 - El silencio se escucha



Giacinto Scelsi - Uaxuctum (extracto) 
Maurice Ravel - La vallée des cloches (extracto) 
Alejandra Pizarnik - Simplemente no soy de este mundo… - Leida por Vanessa Molina 
Erik Satie - Cathy Berberian - Air du poète 
Luci Gomez - Arrancame 
MEEE - Goulajou des endettés 
ᛉᛉᛗ - Some flowers for Kali
Antonin Artaud - Aliénation et Magie noire 
Antonin Artaud - Poeta negro - Leido por Luci Gomez 
ᛉᛉᛗ - Sol adentro 
Antonin Artaud - Maria Casares - Tutuguri 
Elena Guro - Finland - Leida por Galina Musijina-Nikiforova 
Coil - Smething (extracto) 
Luci Gomez & MEEE - Canto XXIII 
Juan L. Ortiz - Tarde - Leido por Mariana 
Luci Gomez - De noche 
Luc Ferrari - Presque rien (extracto) 
Lily Greenham - Tillid 
Ghérasim Luca - Son corps léger 
Joan La Barbara - John Cage - The Wonderful Widow Of 18 Springs - Singing Through

samedi 26 juin 2021

André Pieyre de Mandiargues "L’ami des arbres" suivi de "La tour"

André Pieyre de Mandiargues sur la plage de Tecolutla,
Veracruz, Mexique, 1958 © Bona Pieye de Mandiargues


                                                           L'ami des arbres


   Il neigeait. Un hangar, comme des halles vides, se dressa dans une clairière au milieu des sapins, et des vierges y dansaient entre elles sous un grand toit de plomb. Leurs pieds soulevaient une poussière qui devait avoir été laissée par du foin fleuri, car elle brûlait la gorge et les yeux. J’eus si mal que je cessais de voir. Alors je sentis qu’une bouche, qui était chaude malgré le vent, baisait la mienne d’une façon toute neuve, puis il y eut des éclats de rire autour de moi, des bruits de fouets et de roues, un dernier ricanement, loin déjà.

   Peu à peu, j’ai retrouvé l’usage de la vue, mais j’ai pris les peuples en haine. Seulement le murmure est doux de la sève à la fin de l’hiver, quand une écorce est contre mon visage et qu’un arbre se penche sur moi, son ami, son frère.


(Extrait de Astyanax , Le terrain vague 1957, Paris) 


Ex-libris André et Bona Pieyre de Mandiargues, eau-forte de Bona


La tour



Grand cerf que vois-tu hors de la tour des hommes
Pour jeter si haut la tête dans l'air bleu
Cerf chargé de cordes et de fers
Cerf vaincu cerf lié sur la terre d'antan
Roi cerf humilié que vois-tu au-dehors ?

Un long chemin de boue d'un horizon à l'autre
Qui vient raser le pied de la tour où nous sommes.

Une femme errante un enfant vil de pauvres chiens trembleurs
Salis d'eau limoneuse d'argile et de craie
Ils se taisent je ne sais ce qu'ils souhaitent
Perclus devant le fossé de la tour.

Dans le claquement d'un vol de foulques brunes
L'enfant tombe et la mère s'incline
Ses mains s'égarent je crois qu'elle est aveugle.

Le char soyeux de la reine d'enfer
sur un petit bois de sapins et d'ifs
Flotte entre les vapeurs blanches de l'hiver.

Qui voit de telles choses a honte jusqu'à sa propre mort.

La mère ébauche une danse d'aïeule
Dans le cercle des chiens immobiles
Le lit de la route est partout découvert
Profond partout entre les touffes sombres
L'enfant a fui sans avoir fait un cri
Le temps qu'on le retrouve il n'est déjà plus chaud.

Sur lui s'abat la mère
Sur le roulis d'un ventre en forme d'œuf
Elle défait des linges fiévreux
Dénude un chair enflée des membres minces
Un petit corps piteusement vieilli
Sous la main la peau mûre se rompt aussitôt
crève sous les ongles chafouins
Plus d'eau que de sang coule.

Le sein cave est un marais d'ordures
Où remuent des serpents d'onyx et de corail
Les os cassent comme du bois gelé
Les doigts pourris vont aux chiens
Cinq chiens à la robe de plâtre
La bouche bée exsangue et les yeux blancs
Guettant la mère qui déchire et dévore.

Festin de mère et de chiens
Festin familial au pied des murs où me tiennent les hommes
Afin que mes bois couronnent leur œuvre sordide.

Au-dessus de la porte est un loup crucifié
Qu'ils ont pris avant moi dans la natale forêt verte
Le fossé lance autour de son crâne sournois
Une sale buée où je pressens le soir
Femmes et chiens repus s'apprêtent à descendre
Lentement vers l'immonde pays d'en-bas.

Et je resterai cerf solitaire dressé sur un ciel morne
Jusqu'à la fin qu'en vain je brame aux quatre vents.


(Extrait de  
L'âge de craie suivi de Hedera
Gallimard, Paris 1961)

D'autres poèmes de André Pieyre de Mandiargues
à lire ICI et




André Pieyre de Mandiargues, Villahermosa 1958, photo de Bona

 

jeudi 17 juin 2021

Georges Bataille... Je rêvais de toucher la tristesse du monde...

Un des dix cuivres de Jacques Hérold
pour " L'Archangélique" de Georges Bataille,
Paris, Nouveau Cercle Parisien du Livre, 1967


Je rêvais de toucher la tristesse du monde
au bord désenchanté d'un étrange marais
je rêvais d'une eau lourde où je retrouverais
les chemins égarés de ta bouche profonde

j'ai senti dans mes mains un animal immonde
échappé à la nuit d'une affreuse forêt
et je vis que c'était le mal dont tu mourais
que j'appelle en riant la tristesse du monde

une lumière folle un éclat de tonnerre
un rire libérant ta longue nudité
une immense splendeur enfin m'illuminèrent

et je vis ta douleur comme une charité
rayonnant dans la nuit la longue forme claire
et le cri de tombeau de ton infinité.


Georges Bataille

De ‘Poèmes disparates’ Publié dans

“L'archangélique et autres poèmes”, Mercure de France, 1967



© Photo, Jearld Frederick Moldenhauer















« Tout était aussi noir et chargé de terreur sournoise pendant la nuit où Laure et moi avions gravi les pentes de l'Etna […] ; l'arrivée à l'aube, sur la crête du cratère immense et sans fond – nous étions épuisés et, en quelque sorte, exorbités par une solitude trop étrange, trop désastreuse : c'est le moment du déchirement où nous sommes penchés sur la blessure béante, sur la félure de l'astre où nous respirons. »

(Georges Bataille, Le Coupable, notes ‎Œ. C. T. V, PP. 499.)

 


dimanche 6 juin 2021

Zonda Radio - Junio 2021 - E L P O E M A S E A B R E

 


 
Paola Torres - Re(a)signaciones temporales (extracto)
Luci Gomez - El viento me vomita 
Jorge Luis Borges - Limites 
F.B. Mash - Bial Noc
Luci Gomez & MEEE - Canto XVIII 
Joan La Barbara - Texts by Kenneth Goldsmith - Poem 23 
Luci Gomez - Atemporal 
Arturo Carrera con la voz de Alejandra Pizarnik - Escrito con un nictógrafo 
Eliane Radigue & Gérard Frémy - Geelriandre  (extracto)
Luci Gomez - Ahora 
ᛉᛉᛗ - De Verkem Zimm' Zii

jeudi 13 mai 2021

Zaz Zetoun Mind & Luci Gómez - La Mirada del Miedo

 



el viento como la última caricia del viviente
matrícula de los perros de las vacas cabras pollas...
matrícula de los cerdos
matrícula de las chicharras, de los lombrices
matrícula del petirrojo muerto agotado, pegado a su rama
caras rociadas de los niños con el cloro que caía del cielo por miedo se blanquean sus cabellos
la mirada angustiada del árbol a través del ojo del pájaro
los señores negros de la nueva iglesia esculpen la blanca noche anoréxica
el cielo se abre a la inmundicia ramificada por el árbol del suave holocausto
la noche desfigurada hace una mueca el amanecer cobrado
fosas de extracción de grasas
abismos silenciosos de tinieblas amontonadas
vender sus órganos, ofrecer sus datos : el pacto consumista
el negro corazón de la noche apuñaló
la tiniebla grita lucha
sacude el cielo antes de ser eviscerada
ô sacrificios a las lenguas de fuego
por fin encendido
la aspiracion revela
la imagen del crimen fecundado
por la muerte de la que surge
la calamidad


samedi 24 avril 2021

Edgar Allan Poe - Terre de Songe - Traduction par Stéphane Mallarmé


Raymond Perry - Dream-Land
by Edgar Allan Poe
Par une sombre route déserte, hantée de mauvais anges seuls, où une Idole, nommée Nuit, sur un trône noir règne debout, je ne suis arrivé en ces terres-ci que nouvellement d’une extrême et vague Thulé, — d’un étrange et fatidique climat qui gît, sublime, hors de l’Espace, hors du Temps.

Insondables vallées et flots interminables, vides et souterrains, et bois de Titans avec des formes qu’aucun homme ne peut découvrir à cause des rosées qui perlent au-dessus ; montagnes tombant à jamais dans des mers sans nul rivage ; mers qui inquiètement aspirent, y surgissant, aux cieux en feu ; lacs qui débordent incessamment de leurs eaux calmes, — calmes et glacées de la neige des lis inclinés.

Dans les lacs qui ainsi débordent de leurs eaux solitaires, solitaires et mortes — leurs eaux tristes, tristes et glacées de la neige des lis inclinés — par les montagnes — par les bois gris — par le marécage où s’installent le crapaud et le lézard — par les flaques et les étangs lugubres — où habitent les Goules — en chaque lieu le plus décrié — dans chaque coin le plus mélancolique : partout le voyageur rencontre effarées, les Réminiscences drapées du Passé — formes ensevelies qui reculent et soupirent quand elles passent près du promeneur, formes aux plis blancs d’amis rendus il y a longtemps, par l’agonie, à la Terre — et au Ciel.

Pour le cœur dont les maux sont légion, c’est une pacifique et calmante région. — Pour l’esprit qui marche parmi l’ombre, c’est — oh ! c’est un Eldorado ! Mais le voyageur, lui, qui voyage au travers, ne peut — n’ose pas la considérer ouvertement. Jamais tel mystère ne s’expose aux faibles yeux humains qui ne sont point fermés ; ainsi le veut son roi, qui a défendu d’y lever la paupière frangée ; et aussi l’Âme en peine qui y passe, ne le contemple qu’à travers des glaces obscurcies.

Par une sombre route nue, hantée de mauvais anges seuls, où une Idole, nommée Nuit, sur un trône noir règne debout, j’ai erré avant de ne revenir que récemment de cette extrême et vague Thulé.


Dream-Land by Edgar Allan Poe 

By a route obscure and lonely,
Haunted by ill angels only,
Where an Eidolon, named NIGHT,
On a black throne reigns upright,
I have reached these lands but newly
From an ultimate dim Thule-
From a wild clime that lieth, sublime,
Out of SPACE- out of TIME.
Bottomless vales and boundless floods,
And chasms, and caves, and Titan woods,
With forms that no man can discover
For the tears that drip all over;
Mountains toppling evermore
Into seas without a shore;
Seas that restlessly aspire,
Surging, unto skies of fire;
Lakes that endlessly outspread
Their lone waters- lone and dead,-
Their still waters- still and chilly
With the snows of the lolling lily.
By the lakes that thus outspread
Their lone waters, lone and dead,-
Their sad waters, sad and chilly
With the snows of the lolling lily,-
By the mountains- near the river
Murmuring lowly, murmuring ever,-
By the grey woods,- by the swamp
Where the toad and the newt encamp-
By the dismal tarns and pools
Where dwell the Ghouls,-
By each spot the most unholy-
In each nook most melancholy-
There the traveller meets aghast
Sheeted Memories of the Past-
Shrouded forms that start and sigh
As they pass the wanderer by-
White-robed forms of friends long given,
In agony, to the Earth- and Heaven.
For the heart whose woes are legion
'Tis a peaceful, soothing region-
For the spirit that walks in shadow
'Tis- oh, 'tis an Eldorado!
But the traveller, travelling through it,
May not- dare not openly view it!
Never its mysteries are exposed
To the weak human eye unclosed;
So wills its King, who hath forbid
The uplifting of the fringed lid;
And thus the sad Soul that here passes
Beholds it but through darkened glasses.
By a route obscure and lonely,
Haunted by ill angels only,
Where an Eidolon, named NIGHT,
On a black throne reigns upright,
I have wandered home but newly
From this ultimate dim Thule.