Affichage des articles dont le libellé est Frédérique Bruyas. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Frédérique Bruyas. Afficher tous les articles

mercredi 10 octobre 2018

Frédérique Bruyas lit un extrait de "Requiem" d'Anna Akhmatova



Anna Ahmatova, 1920s
         Anna Akhmatova  REQUIEM (extrait)




ÉPILOGUE, I




Et j'ai appris comment s'effondrent les visages,
Sous les paupières, comment émerge l'angoisse
Et la douleur se grave sur les tablettes des joues,
Semblables aux pages rugueuses des signes cunéiformes ;
Comment les boucles noires ou les boucles cendrées
Deviennent, en un clin d'œil, argentées,
Comment le rire se fane sur les lèvres sombres,
Et, dans un petit rire sec, comment tremble la frayeur.
Et je prie Dieu, mais ce n'est pas pour moi seulement,
Mais pour tous ceux qui partagent mon sort,
Dans le froid féroce, dans le juillet torride,
Devant le mur rouge devenu aveugle.


II

Avec leurs propres paroles, misère,
A elles, je penserai toujours et partout
Et dans le nouveau malheur je m'en souviendrai,
Et si l'on bâillonne ma bouche fatiguée
Par laquelle crie un peuple de cent millions d'âmes
Que de même à leur tour elles pensent à moi
A la veille du jour où l'on m'évoquera.
Mais si l'on s'avise un jour dans ce pays
D'ériger un monument en l'honneur de moi
Je donne mon accord à cette cérémonie
Mais à la condition qu'il n'y ait de monument
Ni près de la mer où je suis née
(Avec elle est rompu le dernier lien que j'avais)
Ni dans le parc du tsar près de l'arbre sacré
Où l'ombre inconsolable me cherche encore,
Mais ici où je restais trois cent heures debout
sans qu'on ouvrit pour moi les verrous.
Et même dans la mort bienheureuse, j'ai peur
D'oublier le roulement des noirs fourgons de terreur
D'oublier comment claquait la porte exécrée
Et hurlait la vieille, comme une bête blessée.
Que des paupières immobiles, des paupières de bronze
Comme des larmes, ruisselle de la neige fondue,
Que la colombe de la prison roucoule au loin
Que s'en aille sur la Neva au silence les bateaux.



                  (Anna Akhmatova, Requiem, traduction du russe par Paul Valet,



de l’album PHENOMENA, paru le 2 novembre 2017
Frédérique Bruyas - « Requiem »

"Requiem" d'Anna Akhmatova (Russie) Traduit du russe par Paul VALET, Éditions MINUIT, 1966
Voix enregistrée en septembre 2017 à Paris, France.
www.bruyas.net

Ambiances sonores extraites des morceaux :

RUNE "La cinquième couche" (Broadcasted on radio France Culture in "Chasseurs de sons" - 1999). Written, recorded, and produced by Yann Pillas
norecords.bandcamp.com/track/la-cinqui-me-couche

RUNE "Anna et ses runes" - Part.2 (Live)
Anna Foster : Violoncelle
Yann Pillas : Bruits électroniques et sons acoustiques
Written by Yann Pillas & Anna Foster
Recorded live at Confolens, and produced by Yann Pillas at "La Péranche in 2016.
norecords.bandcamp.com/track/anna-et-ses-runes-part-2

Mixage final par Yann Pillas à « La Péranche », Pleuville, France - Octobre 2017.
www.facebook.com/yann.pillas
www.facebook.com/RUNEnoise

dimanche 2 novembre 2014

Roger Caillois - "Le monde a commencé avec les pierres..."


« De tout temps, on a recherché non seulement les pierres précieuses, mais aussi les
pierres curieuses, celles qui attirent l'attention par quelque anomalie de leur forme ou
par quelque bizarrerie significative de dessin ou de couleur. Presque toujours, il s'agit
d'une ressemblance inattendue, improbable et pourtant naturelle, qui provoque la
fascination. De toute façon, les pierres possèdent on ne sait quoi de grave, de fixe et
d'extrême, d'impérissable ou de déjà péri. Elles séduisent par une beauté propre,
infaillible, immédiate, qui ne doit de compte à personne. »





Rencontre avec Roger CAILLOIS au sujet de sa passion pour les pierres. L'écrivain explique que les hommes se sont toujours intéressés aux pierres. Au moins depuis les Grecs et l'agate de Pyrrhus. Il évoque certains minéraux dans lesquels se voient des paysages tandis que des vertus sont prêtées à d'autres. Il donne des exemples. Il explique combien la structure minérale peut ressembler à la peinture abstraite et les diverses formes qu'une pierre peut prendre. Il parle des pierres de rêves chinoises, de la fragilité de certaines autres. Le monde a commencé avec les pierres dit-il et il fait part des émotions que l'observation de certaines pierres lui procure. Roger CAILLOIS cite un poète chinois qui, face à une pierre, a écrit "avoir fait une randonnée mystique". Pour l'écrivain, la contemplation des pierres l'aide à sortir du quotidien de la vie.L'interview de Roger CAILLOIS alterne avec des images de pierres diverses appartenant à la collection de l'écrivain et des bancs-titres de dessins.






Roger Caillois - L'écriture de pierres lu par Frédérique Bruyas - Music by Emmanuel Dilhac

 



Pierre Henry - Pierres réfléchies / d'après Roger Caillois (I) 

I - Jardins possibles 4'53
II - Diaspre 4'44
III - Rêverie des roches perforées 3'47
IV - Adoratrice du soleil 4'08



Pierre Henry - Pierres réfléchies / d'après Roger Caillois (II)

 I - Cristal Noir 4:09
II - Sel Gemme 2:55
III - Pierres Blessées 4:21
IV - Exorde 4:43