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jeudi 7 juillet 2016

"Mourir aux éclats ! : salut à Georges Bataille"

Georges Bataille (10 Sep 1897 – 8 Jul 1962)
Mauvais genres  François Angelier
"Mourir aux éclats ! : salut à Georges Bataille"
Soirée proposée par France-Culture et la SGDL, à l'occasion du 50ème anniversaire de la mort de Georges Bataille .
Mauvais genres, en partenariat avec les fictions de France-Culture, participe ce soir à l'émission "Mourir aux éclats ! : salut à Georges Bataille** ", diffusée de 21h à 24h, en direct et en public depuis l'Hôtel de Massa, siège de la Société des Gens de Lettres.

Une émission où alterneront lectures dirigées par Cédric Aussir et débats en direct animés par François Angelier et réalisés par Laurent Paulré.

Bataille échappe à l'hommage, on ne peut que le saluer, faire signe de loin, avec gratitude, vers sa destinée posthume, l'avenir de ses textes, un monde dont Michel Foucault écrivait, en 1970 : "nous devons à Bataille une grande part du moment où nous sommes ; mais ce qui reste à faire, à penser et à dire, cela sans doute lui est dû encore, et le sera longtemps. Son oeuvre grandira ".
C'est la croissance, le rayonnement et avant tout la structure abyssale et le chant profond de cette oeuvre, qu'à l'occasion du cinquantenaire de la mort de l'auteur de Madame Edwarda et de La part maudite , nous évoquerons ce soir, lectures et débats, en compagnie de Cécile Guilbert, romancière et essayiste, Jean-Michel Besnier, philosophe, et Jean-François Louette, historien de la littérature contemporaine et éditeur de Georges Bataille dans la collection de la Pléiade.

Georges Bataille par Pierre Klossowski, 1955.
À partir de textes extraits, par Christine Letailleur, de toute l'oeuvre de Bataille, trois moments dramatiques seront proposés : fictions et poèmes ; perspectives "mystiques", philosophiques, économiques et sociologiques ; textes sur l'image, interrogations sur Bataille et le cinéma ; un classement formel, mais qui réaffirme néanmoins, si besoin est, qu'il n'y a pas plusieurs Bataille, mais une seule onde de choc, dévastatrice, qui touche tous les secteurs du savoir, une crue qui déborde pratiques de l'écriture et réalités humaines. Entrecoupant ces lectures, plusieurs débats tenteront d"évoquer les grands centres nerveux de l'oeuvre : le rire et la mort, l'érotisme et l'extase, le sacrifice et la dépense, les vertiges de l'homme intérieur et la transe social.

Vers Georges Bataille, donc, encore et toujours, "sans entrave et sans temps mort".

En compagnie de la romancière et essayiste Cécile Guilbert , du philosophe Jean-Michel Besnier (auteur de La Politique de l'impossible, La Découverte, 1988) et de l'historien des Lettres Jean-François Louette (éditeur de Georges Bataille dans la Pléiade), nous évoquerons les notions-clé de l'univers de Georges Bataille (Le rire, la mort, l'impossible, le sacrifice, la dépense), l'univers de ses récits (Madame Edwarda, Histoire de l'oeil, Le Bleu du ciel) et son rapport à l'image (Lascaux, Manet, Bellmer et ce photo de supplice chinois qui toute sa vie l'a hanté).
Avec la collaboration de : Jean Baptiste Thoret, Philippe Rouyer, Marie-Andrée de Saint-André et les trois entretiens de Céline du Chéné consacrée à Georges Bataille avec Philippe Sollers, Madeleine Chapsal et Jean-Jacques Pauvert.

Lectures par Marc Barbé , Jérôme Kircher .

Intervenants
Jean-Michel Besnier : professeur à l'université Paris-Sorbonne et directeur de l'équipe de recherches Rationalités contemporaines.
Jean-François Louette : Professeur de littérature française du XXe siècle à la Sorbonne
Cécile Guilbert : Romancière



Georges Bataille, Colette Peignot et Georges Ambrosino (1933-34)

Georges Bataille-- Hans Bellmer : Lord Auch. Histoire de l'œil,  K Éditeur, 1946
Georges Bataille -- Hans Bellmer -
Madame Edwarda, Paris, Georges Visat, 1965

Georges Bataille à Fontenay-le-Comte chez André Costa vers 1960



mardi 7 juillet 2015

Georges Bataille “Histoire de l'œil” (extraits), illustrations de Hans Bellmer

Hans Bellmer, étude pour Histoire de l'œil,
vers 1946, dessin au crayon sur papier
[…]
Un peu après (ayant retrouvé nos bicyclettes), nous pouvions nous offrir l’un à l’autre le spectacle irritant, théoriquement sale, d’un corps nu et chaussé sur la machine. Nous pédalions rapidement, sans rire ni parler, dans l’isolement commun de l’impudeur, de la fatigue, de l’absurdité.
Nous étions morts de fatigue. Au milieu d’une côte Simone s’arrêta, prise de frissons. Nous ruisselions de sueur, et Simone grelottait, claquant des dents. Je lui ôtai alors un bas pour essuyer son corps : il avait une odeur chaude, celle des lits de malade et des lits de débauche. Peu à peu elle revint à un état moins pénible et m’offrit ses lèvres en manière de reconnaissance.
Je gardais les plus grandes inquiétudes. Nous étions encore à dix kilomètres de X… et, dans l’état où nous nous trouvions, il nous fallait à tout prix arriver avant l’aube. Je tenais mal debout, désespérant de voir la fin de cette randonnée dans l’impossible. Le temps depuis lequel nous avions quitté le monde réel, composé de personnes habillées, était si loin qu’il semblait hors de portée. Cette hallucination personnelle se développait cette fois avec la même absence de borne que le cauchemar global de la société humaine, par exemple, avec terre, atmosphère et ciel.
La selle de cuir se collait à nu au cul de Simone qui fatalement se branlait en tournant les jambes. Le pneu arrière disparaissait à mes yeux dans la fente du derrière nu de la cycliste. Le mouvement de rapide rotation de la roue était d’ailleurs assimilable à ma soif, à cette érection qui déjà m’engageait dans l’abîme du cul collé à la selle. Le vent était un peu tombé, une partie du ciel s’étoilait ; il me vint à l’idée que la mort étant la seule issue de mon érection, Simone et moi tués, à l’univers de notre vision personnelle se substitueraient les étoiles pures, réalisant à froid ce qui me paraît le terme de mes débauches, une incandescence géométrique (coïncidence, entre autres, de la vie et de la mort, de l’être et du néant) et parfaitement fulgurante.

Lord Auch (Georges Bataille) Histoire de l'œil,
gravure à l'eau-forte et au burin de Hans Bellmer. Séville. 1940

D'ailleurs les régions marécageuses du cul – auxquelles ne ressemblent que les jours de crue et d’orage ou les émanations suffocantes des volcans, et qui n’entrent en activité, comme les orages ou les volcans, qu’avec quelque chose d’un désastre – ces régions désespérantes que Simone, dans un abandon qui ne présageait que des violences, me laissait regarder comme en hypnose, n’étaient plus désormais pour moi que l’empire souterrain d’une Marcelle suppliciée dans sa prison et devenue la proie des cauchemars.
Georges Bataille - “Histoire de l'œil”

Georges Bataille, Histoire de l'œil (1928)
Dessin de Hans Bellmer


Hans Bellmer, dessin pour la gravure d'Histoire de l'œil
 de Georges Bataille - 1946


Hans Bellmer - S.T. étude pour Histoire de l'œil,
Ile de Ré, 04 Août 1961



« … A la fin, Simone me quitta, prit l'œil des mains de Sir Edmond et l'introduisit dans sa chair. Elle m'attira à ce moment, embrassa l'intérieur de ma bouche avec tant de feu que l'orgasme me vint : je crachai mon foutre dans sa fourrure.
Me levant, j'écartai les cuisses de Simone : elle gisait étendue sur le côté ; je me trouvai alors en face de ce que – j'imagine – j'attendais depuis longtemps – comme une guillotine attend la tête à trancher. Mes yeux, me semblait-il, étaient érectiles à force d'horreur ; je vis, dans la vulve velue de Simone, l'œil bleu pâle de Marcelle me regarder en pleurant des larmes d'urine. Des traînées de foutre dans le poil fumant achevaient de donner à cette vision un caractère de tristesse douloureuse. Je maintenais les cuisses de Simone ouvertes : l'urine brûlante ruisselait sous l'œil sur la cuisse la plus basse... »





Hans Bellmer(1902-1975)  Histoire de l'œil.
Gravure rehaussée à la mine de plomb

Hans BELLMER (1902-1975)  Histoire de l'œil.
Gravure rehaussée à la mine de plomb

Hans Bellmer, étude pour Histoire de l'œill, vers 1946,
dessin au crayon et rehauts de gouache sur papier

mercredi 24 juin 2015

Hans Bellmer "Elle avait permis de prendre d'elle des photographies obscènes".

 S.t. 1946

A travers la vue de ces épreuves et la provocation coïncidente d'une trop forte dose de cocaïne, les fesses de la jeune fille tendent à devenir l'image prédominante, qui se confond de plus en plus dans la vision concrète avec l'image de la figure céleste jusqu'à l'identité des plus passagères expressions de cette figure au sourire aveugle des deux immenses yeux qui sont les hémisphères de la croupe s'ouvrant sur l'anus. Le désir s'y porte exclusivement, confondant le masculin, le féminin, le Moi et le Toi, sodomisant le Moi dans le Toi. »

(Hans Bellmer, « Petite anatomie de l'image »)



S.t. 1946. t. a. colorié



Un autre tirage noir et blanc du même négatif original
porte au dos une attestation de M. Jean Brun.
Selon lui en effet, ces photos auraient été réalisées vers 1945/46
à Carcassonne et auraient été développées par un photographe
complaisant d'Albi. Il existe une variante.















 S.t. 1946. t. a. colorié

Cette image dont le négatif a été conservé, est a rapprocher des études réalisées pour « L'histoire de l'œil »,mais d'après Jean Brun qui abrita Bellmer à Revel durant la guerre, ces photos auraient été réalisées à Carcassonne postérieurement à la publication de « L'histoire de l'œil » (K. Éditeur, Paris 1944).














La ctoix Gamahuchée, t.a. colorié, 1946

Sans titre, 1946


vendredi 1 mai 2015

Hans Bellmer : Unica 1958
















Cette série de photographies est a rapprocher du dessin intitulé  "Victime ficelée, 1956".

Elle trouverait son origine dans :

"Pour avoir des preuves objectives, on aura recours par conséquent à l'artisan criminel par la passion la plus humainement sensible et la plus belle, celle d'abolir le mur qui sépare la femme de son image. D'après le souvenir intact que nous gardons d'un certain document photographique, un homme, pour transformer sa
victime, avait étroitement ficelé ses cuisses, ses épaules, sa poitrine, d'un fil de fer serré, entrecroisé à tout hasard, provoquant des boursouflures de chair, des triangles sphériques irréguliers, allongeant des plis, des lèvres malpropres, multipliant des seins jamais vus en des emplacement inavouables."


(Hans Bellmer, "La petite anatomie de l'image")




lundi 14 avril 2014

Georges Bataille - Hans Bellmer - Marquis de Sade

« Les effets n'ont peut-être pas toujours besoin d'une cause. »
SADE



   Très différent de ses héros, en ce qu'il témoigna souvent de sentiments humains, il connu des états de déchaînement et d'extase qui lui parurent de beaucoup de sens à l'égard des possibilités communes. Ces états dangereux auxquels le conduisaient des désirs insurmontables, il ne jugea pas qu'il pouvait ou devait les retrancher de la vie. Au lieu de les oublier, comme il est d'usage, en ses moments normaux, il osa les regarder bien en face et il se posa la question abyssale qu'ils posent en vérité à tous les hommes. D'autres avant lui avaient eu les mêmes égarements, mais entre le déchaînement des passions et la conscience subsistait l'opposition fondamentale. Jamais l'esprit humain ne cessa de répondre parfois à l'exigence qui mène au sadisme. Mais cela se passait furtivement, dans la nuit qui résulte de l'incompatibilité entre la violence qui est aveugle, et la lucidité de la conscience. De son côté, la conscience, dans sa condamnation angoissée, niait et ignorait le sens de la frénésie. Le premier, Sade, dans la solitude de la prison donna l'expression raisonnée à ces mouvements incontrôlables, sur la négation desquels la conscience a fondé l'édifice social et l'image de l'homme. (…)

Sade se fonde sur une expérience commune : la sensualité – qui libère des contraintes ordinaires – est éveillée, non par seulement par la présence, mais par une modification de l'objet possible. En d'autres termes, une impulsion érotique étant un déchaînement (par rapport aux conduites du travail, et, généralement, à la bienséance) est déclenchée par le déchaînement concordant de son objet.

Georges Bataille
« Sade »

in La littérature et le mal

Bellmer manifestait une véritable prédilection pour l'œuvre de Sade, aux thèmes de laquelle il a consacré plusieurs suites de gravures ( A. Sade, Petit Traité de Morale, Mon arrestation du 26 août) dont nous donnons ici quelques extraits les plus représentatifs.









 (Extrait de Obliques/Bellmer, Éditions Borderie 1979)

mardi 1 octobre 2013

Hans Bellmer par son graveur Cécile Reims

Hans Bellmer  - Sans titre, burin et pointe sèche
sur vélin d'Arches
d'après un dessin de 1957

Hans Bellmer - Analogies 1968, burin et pointe sèche
sur vélin d'Arches d'après un dessin de 1944

Hans Bellmer  - Analogies 1968, burin et pointe sèche
sur vélin d'Arches d'après un dessin de 1944

hans bellmer  - Sans titre 1968, encre rouge,
burin et pointe sèche sur vélin d'Arches

Hans Bellmer  - Sans titre 1971, burin et pointe sèche
sur vélin d'Arches.
Dessin autour de "Madame Edwarda"
de Georges Bataille, 1965

Hans Bellmer  - Gravure burin et pointe sèche sur vélin d'Arches

Hans Bellmer  - Gravure burin et pointe sèche sur vélin d'Arches

Hans Bellmer  - Gravure burin et pointe sèche sur vélin d'Arches