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dimanche 30 décembre 2012
vendredi 13 mai 2011
Chanson de l'ours par Marianne Van Hirtum
elles ont écarté, sans y parvenir
tout ce qu'elles ont pu
les cloches de la nuit.
Et l'ours est allé, plus boiteux
qu'une arme sans yeux.
La bouche a cherché place en son
visage,
et ne l'a pas trouvée,
sur le dos il n'a plus
qu'une échelle de poils
c'est la chaîne éternelle de l'ours
qui monte et qui descend.
Le secret de l'ours est admis
dans la musique de deux yeux limpides.
C'est un cortège que je vois :
un bruit rouge
comme s'il était de castagnettes.
Avons pelé les cinq éternités,
les plantes vertes.
Avons dépassé les pays en croix.
Les routes au-dessus de la terre
sont-elles praticables à présent.
(Extrait de « Les insolites »
Collection
Métamorphoses LI Gallimard 1956)
lundi 14 juin 2010
Marianne Van Hirtum - Le Réseau Sacré des Sous-Mouches
Une fois
pour toute, il fut établi un piège serré, limité par une barrière finement
tissée, entre le réseau des sous-mouches et le réseau des sous-souris
terrestres. Cela se passa avant la période des grands attentats. Mais il
faudrait certes d’abord parler des grands attentats, bien qu’à l’instar des
déplacements incessants de juges et de
quémandeurs, la cloche du sermon nocturne est toujours trop bien astiquée pour
être entendu du fond replié des campagnes souterraines. C’est pourquoi les
sous-mouches ne fuient pas devant l’ennemi, même lorsque l’ennemi revêt des bas
de laine mouchetée qui font présager du règne des cimetières citadins. C’est
dans ces cimetières, à vrai dire, que ce passent les périodes de circonstances
amenant infailliblement des sentences et des verdicts. Ce qui ne se fait jamais
sans peine. Il faut le vide absolu comme condition préambulatoire et certaine.
Le vide et cependant quelque satanée verdure à profil d’une douceur exotique
qui sème le trouble bien plus que la révolte dans les âmes dont l’authenticité
ne fait de doutes que pour elles-mêmes. Les chapelles étant construites en
zinc, les allées ne restent pas d’êtres suspectes au moindre bruit. Même les
venues ont des fauteuils de velours vernis établis dans les vaste salles des
pas défendus par une fumée âcre quoiqu’invisible la plupart du temps et plus
encore par les matins de brume hétéroclite comme il s’en trouve dans les étés
secs.
Marianne
marchait le long des jours sableux sans savoir ce qu’elle allait soudain
découvrir au détour d’un château d’épines. Marianne et ses sandales de cristal
mouillé.
Marianne
n’était certes pas une belle petite fille, c’est ce qui faisait son charme
auprès des taupes centrales qui dirigent les aiguillages des gares nocturnes
aux secrets itinéraires funèbres. Les statues blanches ont une heure fixe pour
leurs palabres. On ne s’assied pas chaque fois qu’on le désire sur des pierres
de touche aigue. Quand Marianne se lave le front, c’est tout le carillon
empoisonné qui sonne.
Dans trois
rangées de sous-mouches, il faut toujours savoir faire la part des
sous-termites. Celles-ci sont agent de mort une fois sur dix. Mais comme chaque
individu n’est doté que d’un seul grand-père, il faut être prêt au voyage à
chaque envoi de télégramme de couleur bleu-buvard. Ce qui n’est pas toujours
aisément discernable.
Marianne ne
se donna jamais à fond. A fond pas plus qu’en surface. Une fois, Marianne
portait de petits bas bleus qui étaient devenus toute une culotte et ceci par
un froid si chaud qu’il fallut tout le remue-ménage de Noël pour laver les
carreaux et ensuite montrer des danses rituelles au fond d’un parapluie de
soie.
On avait
arraisonné les sous-mouches à raison de six par semaine. Donc il manquait
toujours une mouche. Ceci raccourcissait l’année de façon tellement inquiétante
que lorsque la pluie se mit à tomber las bas de soie augmentaient de prix en
proportion considérable. Le danger devint tel que les sous-souris établirent le
contact. C’est tout ce qu’en attendait les sur-souris pour ouvrir le feu !
Le feu du bûcheron semble plus pétillant dans sa pauvre cheminée des quatre
fontaines. C’est la Fontaine du Beau Soleil Levant qu’il faudrait interroger
là-dessus. Elle donne le bras à deux ou quatre petites filles aveugles mais qui
n’en sont pas moins modèles pour autant. De beaux modèles de plâtre pour les
jours sans feu. Pour les couronnes débiles que l’on dépose en rêve sur la tombe
des parents vivants. Ah ! les beaux parents !
Les autres
parents sont laids comme de la porcelaine et vifs quelquefois malgré les années
qui ne passent pas. L’année donc ne passait pas, bien que les sur-souris s’y
employassent avec ampleur. Le Total était aussi décevant que la famine des
grands déserts de banquise qui sont recouverts de forêts malléables ressemblant
à des cimetières de statues et de seins mouillés. Les sous-souris cependant,
avaient pris soudain l’offensive.
Marianne
cependant, avait mis des bas de soie cette fois, car elle était devenue grande
petite fille et montrait volontiers aux passants ses jambes de cristal, mais le
résultat était maigre et la petite fille se mit à rabougrir.
Bougre de
Saint Gris ! – Disaient les toutes petites souris délicieuses entrées dans
le lit de Marianne pour la consoler des désirs frustrés de la veille. La veille
est toujours le lendemain de quelque chose.
C’est ce
qu’ignorent les réseaux de toutes sortes.
C’est la
raison pour laquelle il ne faut pas établir de réseau d’aucune sorte étant
donné que ces réseaux perdent toutes les guerres, ensuite tout est à
recommencer. Et comme nous n’avons pas le temps d’être nietzschéens…eh bien…ne
commençons rien ! A nous la célèbre continuation des rites !
(Issu du N°
14-15 de la revue « Obliques » Dirigée par Roger Borderie assisté
de Michel Camus, n° consacré à « La femme surréaliste » 1977)

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