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vendredi 10 juin 2016

Portrait de René Daumal

René Daumal fumant une cigarette à Montredon, en 1941.
Photo de Luc Dietrich

Soirée de Paris - La Recherche d'une certitude : Portrait de René Daumal, Partie 1 et 2 (1ère diffusion : 03 et 10/03/1968)
Par Michel Random - Avec Josef Sima (1), Joseph Lanza Del Vasto et Jacques Masui (2) - Réalisation Claude Roland-Manuel



Lanza del Vasto, Vera et René Daumal, 1944, photo de Luc Dietrich

samedi 23 janvier 2016

Akenatatomburisigui - Le Mont Analogue_le mont Olympe_Le mont synaï

René Daumal (assis) en compagnie d'un personnage non identifié, 1943


les 3 monts = mantra
“Tous les chemins peuvent conduire au haut de la montagne,
arrivé au sommet on contemple la même lune...”

Lire le texte ICI


samedi 4 avril 2015

René Daumal - Le velours sans fond du dernier soleil

aspire les éclats mourants des yeux
qui tournent de lourde ivresse.
Les derniers rideaux du sommeil
ondulent au bruit sourd des coups du sang
dans les membres creux des statues.
Une lie lumineuse en flaques
coule dans le tumulte désespéré
des voix qui se veulent éternelles.
Le jeu sans fin des trappes et des rideaux
où le rêve se complique
d’anguilles, de mollusques,
et d’idoles aux bras innombrables,
dissipe en brouillard les regards
qui s’essaient à vivre,
les cadavres d’espoir à la dérive
réclament l’éternelle naissance
d’un perpétuel meurtrier.

[extrait de « Le Contre-Ciel » (premier état) 1936]

 L’Arrivée du grand crétiniseur - dessin de René Daumal

René Daumal  - Apparition du grand thaumaturge
apres 70 jours de cuisson du chaudron magique.

Akenatatomburisigui
lecture extraits retour à soi Daumal lit René  



Josef Sima, Portrait de René Daumal, huile sur toile, 1929.

samedi 14 février 2015

lundi 20 février 2012

ROGER GILBERT-LECOMTE « Les dieux manchots »


                            I                                 

Ce soir qui choit sans sursaut comme un lourd foulard de soie
Sur toute face à masquer : c'est le soir que l'on prévoit
Suivi de la nuit sans fin sous qui toute lueur ploie.

Glas ! Voici, l'heure est venue. Allons, mes frères, debout.
Mes frères entendez-moi, vous qui sommeillez, corps mou
En tapinois bondissez, espadrilles de veloux*.

Muscles-onagres tendus. Que la nuit s'étende là,
Sur la rougeoyante glèbe où plus d'un s'endormira,
L'éclair, cru, photographié, dans ses yeux, des coutelas.

Nuit partout. La rumeur sourd, qui va tonner. En avant !
C'est la prière du soir aux grands épouvantements.
Frénétiques il nous faut des lambeaux de chair aux dents.

Nuit partout. Alors tuons, tuons sans distinguer si
C'est un cher de notre chair, ou si c'est notre ennemi.
Faisons gicler sous nos poings le sang de n'importe qui.

La nuit, c'est un drapeau noir. Il faut inonder ses toiles
De flaques de sang humain. Ces écarlates étoiles
Brilleront d'un feu de torche en la gorge d'un qui râle.

Je suis mage, écoutez-moi. Je créerai l'illusion
De vastitudes du noir dont aucun n'eut vision
Mais d'abord, sans prendre souffle, à profonds ahans, tuons !

Dans la nuit, ombre du trône en charbon creux du fatal
Laissez régner sur vous tous un instinct impérial
La soif qu'étanche le meurtre, et ce miracle des râles :

Révolte perpétuelle et sacrifice au nihil.
Trucider par acte pur : seule la raison est vile
Le rêveur inconscient selon sa loi nous agit.

Pataugeant sur les étals des vieux cadavres éclos
En helminthes et en pus, gorgeons-nous de ce sang chaud
Qui fuse des moribonds dont nous détraquons les os.

Et surtout pas de pitié. N'implorez pas le remords,
Est-ce notre faute, ô poux, si nous sommes les plus forts.
A mort les inoffensifs ! À mort tous les herbivores !

Nous sommes les fauves noirs des savanes de folie.
Par les ongles, par les crocs il faut que la terre oublie
Ses hôtes ratiocinants, aux rythme de nos vertiges.

A jamais, au long des temps de l'avenir, il est nuit.
Le Temps : éteignoir du feu des terrestres incendies,
Sur la planète points d'or, in memoriam des villes...


II

Là, soudain. Après quel temps ? - oh, la démence a menti!-
Au flanc poli de la nuit, cette frange de sanie
Hyaline finement : voici pourrir l'aube honnie.

A l'incendie embrassant, en signal de mort, la terre
La damnation de tout répond : aiguille-mystère
Au chaos originel inoculant la lumière.

Cou roidi, tête aux cieux, hurle atavique lycanthrope !
Thorax du noir écrasé sous le pilon des galops
Qu'assène l'astre vengeur, blasphémateur du chaos

Coup de pioche, ô désespoir, au creux mat de l'estomac.
L'holocauste massacreur au souvenir prénatal
Fut vain. Avec le soleil lentement renaît le mal.

L'horreur du chancre-raison jadis extirpé du crâne,
Lucidité consciente à cloîtrer de nouveau l'âme
Si, mage à crucifier, je n'étais la voix qui clame :

Le rêve a menti, pardon ! Mais, hommes, il ne faut pas
Trahir sa beauté. Trop tard pour repiétiner nos pas
S'accroupir comme autrefois ? Oh non, tous aux promontoires !

Près de l'océan hurleur qui s'informe sous le vent,
Jonchons les grèves, coupons nos mains, nos palmes sanglantes,
Le labeur les pollua, jadis. Lis agonisants.

Dieux manchots.- Raz de marée, engloutis dessous tes houles
Nos yeux hagards, fascinés aux passe des tentacules,
Sous les regards mou-dardés de myriades de poulpes !



De nuit au poêle ensanglanté
Pleurez ô plombagines gémis ton cœur
Griffe ô griffez nénies j'aime peur
De soif et telle à la fuite des heures
Cassez cadran ligne d'acier pâle
Horizontale fuie à l'appel jamais
entendu encore aux soies de pluie
J'aime j'aimerais le temps
et griffes d'or hissez
Sans but ou base sainteté ruse
Cris cassés au cadran dont le
choc en retour d'enfant
prodigue viendra luire à
l'indication des fées casques de
feu des mages pétrel ô variée
pluie de cristal pavillons
pavillons phalènes voix
étouffés des plumes ô Martinique
impartiale pour sans
avoir à le dire adieu


Coq à crever ta gorge
N'épouvanteras point
Blé, lin, de l'huile à l'orge
Le nain bleu de sainfoin


Si ton cri s'interpelle
Accroché par le bec
Aux fers de caravelles
                   préfère ton rebec

Moralité

De soie ou de voix végétale
Quelque chemin qu'il soit honni
Varie un peu rouge métal
Celui qui le miracle nie


*( La graphie – comme dans la version du petit carnet –
ne fait pas de doute : veloux )



                                    

mercredi 8 février 2012

RENÉ DAUMAL – ROGER GILBERT-LECOMTE Chronique de la vie sexuelle (fragment)




 Qu'il soit bien entendu que nous n'entendons pas attacher à cette chronique
aucune valeur de documentation plus ou moins scientifique. S 'il faut parler de valeur, qu'il s'agisse ici d'une valeur de scandale.


    III.- P. aimait pour son plaisir physique de vastes mises en scène.
Au milieu d'une chambre il se faisait enchaîner à plat ventre sur un divan.


Autour, devaient défiler des hommes en uniformes divers, de facteurs, de pompiers, d'agents de police.
A tour de rôle, en passant devant lui, ils le giflaient deux fois.
Puis entraient au galop de jeunes garçons costumés en grooms et lorsque eux aussi le giflaient la séance était terminée.


VI.- A Paris-Plage, en 1927. O. offrait à une femme de rencontre une très belle paire de chaussures neuves.
Elle devait les mettre à ses pieds pour la première fois sur la plage, à marée montante.
O. interdit à la femme de se reculer quand la mer approche – Elle est debout, immobile, sur le sable – Quand la première vague mouille et abîme les chaussures encore intactes et n'ayant jamais servi, O. s'agite et enfonce ses ongles dans la paume de ses mains.

( Le Grand Jeu n°2, printemps 1929)

vendredi 26 août 2011

ROGER GILBERT-LECOMTE

                                                 LA TEMPÊTE DES CYGNES
                                                                      ou
                                                 LA CONQUÊTE DES SIGNES


Lorsque les bleus Enfants trop naïfs vont se perdre
Aux chimériques bras d'une idole imbécile
Aux cornes d'un trois-mâts maléfique & fossile
Pour abriter leur cœur de soleil dans la cendre

Souvent, ayant caressés les fleurs autochtones
Trop longtemps au départ, ils vieillissent avant
D'avoir brûlé leurs doigts au moindre galhauban,
et vont se momifier au sel noir de l'Automne

Car ils n'ont pas connu les dangers que prépare
Au cœur trop pur le culte illusoire du blanc
Le blanc pourrit dans l'œuf lorsqu'il est ovipare
Pourrissent les couleurs comme pourrit le blanc

Le soleil qui se lève a besoin de béquilles,
L'horizon se contourne au son d'un scrofuleux,
Les rois boivent sans soif des alcools sulfureux
Mais nous avons caché le tonnerre en nos quilles.

Noirs comme des culs
Dahoméens appartenant aux sarcophages
Où dorment les Obis de plumes revêtus
Blancs comme la rage
Et les fruits pourrissent dans leurs mains d'or velu
Ont l'odeur de destin que nous avons voulu.


(Extrait des « Oeuvres complètes » tome II
de Roger Gilbert-Lecomte,
Éditions Gallimard 1977)



 

samedi 9 juillet 2011

Roger Gilbert-Lecomte « L'horrible révélation, la seule... » ( extrait )

Roger Gilbert-Lecomte par René Maublanc 1924

Vision par l'épiphyse. Nous vivons
des années très sombres, de plus plus, vitesse accrue de jour en jour. L'univers est dans la nuit. Depuis des ères, des phases astronomiques de millions d'années, quand la fulguration de l'esprit a- t-elle déchiré une fraction de seconde durant la nuit du chaos ? La tâche est lourde pour les sages qui soutiennent le monde en le pensant, porteurs de mille tonnerres.

Y a-t'il un secret perdu dans Atlantis ?


L'étranger visite le corps, le désert du diaphragme éclairé au soleil alternatif bleu et rouge du cœur, les solitaires et les rails des muscles...


Dieu, matière imparticulée, consistance de l'ébonite.


Des collecteurs veineux où les larves blanches s'entredévorent avec les monstres rouges.


Partout où une horizontalité s'étend et admet la perpendiculaire de l'esprit, l'être subit la crucifixion.


Sur la courbure de l'océan, à ligne de flottaison du regard où l'honneur de fienter ne revient qu'à l'oiseau des tempêtes qui dort sans pattes et se suicide aux cimes coupantes de l'air, loin des mouettes et cormorans.


Dans le désert où la statue de Memnon chante aux rayons de l'aurore, crânes arrosés par la chiourme, cactus, sphynx.


Au pays du grand Renne-Fantôme.


Les phosphènes : action sur eux de la volonté, la conception des images, amnésie perpétuelle.



Je voudrais connaître l'espace sans dimension qui sépare le point voyant de mon œil de l'écran de la paupière.


Un rêve ne dure jamais plus que quelques secondes.


Les ondes vibratoires du soleil.




Le livre dont les feuilles se déplient l'arithmétique de l'unité.


Retrouver les souvenirs d'enfance : le petit singe qui frappe aux vitres ruisselantes de pluie, petits marquis et marquises dans la cendre du foyer qui s'éteint, les bébés momies et la caravelle sul la plage d'Afrique.


L'impuissance des rêves.


La rue du Donjon avec et sans donjon.


Le numéro du régiment au col changeant.




Le palais pourpre et solaire du cœur, les harpes hydroliques, l'eau sèche, les monstres rouges, les souterrains.


L'arbre dans l'homme : les mains des feuilles.


Le squelette et ses instructions.


La morphologie : les types analogues à travers races, temps, espace : homme-oiseau, lion, taureau.


L'espalier des arbres fruitiers, des veines, des artères et des nerfs – le support du treillis des chairs – fil et trame.




La cage du thorax où bat rythmiquement des ailes l'aigle rouge des poumons.


( Extrait de « L'horrible révélation, la seule... » Fata Morgana 1973 )

mardi 21 juin 2011

Roger Gilbert-Lecomte - Trois poèmes et un peu plus...

ANTI-SOLEIL


O soleil cœur du ciel dont le sang de lumière
Infuse la vigueur en azur
Le gel noir étrangleur du grand espace obscur
Je te hais mas que d'or brume en feu circulaire
Monstre aveugle aveuglant toute proie à la ronde
Toi qui voiles éblouissant phantasme impur
Au vertige aimanté de mes regards avides
La vision du gouffre incolore du vide
Envers du masque creux vérité d'outre-monde




  

VIEUX PRÉCEPTE DU MONDE MORT


Immobile et muet
Suspends ton souffle et garde
Un silence de mort
Pour conjurer la mort

Et nommer l'ineffable





CLIN D' OEIL


Il ferme les yeux
C'est la fin du monde
Il ouvre les yeux
C'est un autre monde

Et lorsque tout fut consommé
Tout demeurait encore en place
Seul l'éclairage avait changé


( Extrait de " Poèmes et chroniques retrouvées ",
présenté par Alain et Odette Virmaux, éditions
Rougerie 1982)