A travers la vue de ces épreuves et la provocation coïncidente d'une trop forte dose de cocaïne, les fesses de la jeune fille tendent à devenir l'image prédominante, qui se confond de plus en plus dans la vision concrète avec l'image de la figure céleste jusqu'à l'identité des plus passagères expressions de cette figure au sourire aveugle des deux immenses yeux qui sont les hémisphères de la croupe s'ouvrant sur l'anus. Le désir s'y porte exclusivement, confondant le masculin, le féminin, le Moi et le Toi, sodomisant le Moi dans le Toi. »
(Hans Bellmer, « Petite anatomie de l'image »)
S.t. 1946. t. a. colorié
Un autre tirage noir et blanc du même négatif original
porte au dos une attestation de M. Jean Brun.
Selon lui en effet, ces photos auraient été réalisées vers 1945/46
à Carcassonne et auraient été développées par un photographe
complaisant d'Albi. Il existe une variante.
S.t. 1946. t. a. colorié
Cette image dont le négatif a été conservé, est a rapprocher des études réalisées pour « L'histoire de l'œil »,mais d'après Jean Brun qui abrita Bellmer à Revel durant la guerre, ces photos auraient été réalisées à Carcassonne postérieurement à la publication de « L'histoire de l'œil » (K. Éditeur, Paris 1944).
L'homme a un besoin méconnu. Il a besoin de faiblesse. C'est pourquoi la continence, maladie de l'excès de force, lui est spécialement intolérable.
D'une façon ou d'une autre, il lui faut être vaincu. Chacun a un Christ qui veille en soi.
Au faîte de lui-même, au sommet de sa forme, l'homme cherche à être culbuté. N'y tenant plus, il part pour la guerre et la Mort le soulage enfin.
C'est une illusion de croire qu'un homme disposant d'une grande force sexuelle, lui, au moins, aura le sentiment et le goût de la force.
Hélas, plus vivement encore qu'un autre pressé de se débarrasser de ses forces, comme s'il était en danger d'être asphyxié par elles, il s'entoure de femmes, attendant d'elles la délivrance.
En fait, il ne rêve que de dégringoler dans la faiblesse la plus entière, et de s'y exonérer de ses dernières forces et en quelque sorte de lui-même, tant il éprouve que s'il lui reste de la personnalité, c'est encore de la force dont il doit être soulagé.
Or, s'il est bien probable qu'il rencontre l'amour, il est moins probable que l'ayant expérimenté, il quitte jamais ce palier pour bien longtemps.
Il arrive cependant à l'un ou l'autre de vouloir perdre davantage son
Je, d'aspirer à se dépouiller, à grelotter dans le vide (ou le tout).
En vérité, l'homme s'embarque sur beaucoup de navires, mais c'est là qu'il veut aller.
S'il s'obstine dans la continence, comment se défaire de ses forces et obtenir le calme?
Excédé, il recourt à l'éther.
Symbole et raccourci du départ et de l'annihilation souhaités.
Mais trompeur, comme tout le reste, l'éther donne des paysages.
Les
grandes centrales hydrohistoriques puisent leur énergie à l'écume
mentale du vécu non-voulu. A vrai dire, on ne se retourne pour voir
qui meurt et qui naît. A force de flatteries, la matière se
soulève, se croit première, lauréate en devinettes explosives, et,
comme à Lourdes, de décourageants miracles s'opèrent, - une sorte
de vague revanche des goitreux tient la scène à la manière dont un
long filet de bave tient encore à la lèvre inférieure des
ratatinés.
On rêve de jurons perforants et d'oreillers parjures où l'on
laisserait sa tête sans regrets. Un récitatif de somnambules
décline l'histoire comme Rosa, Rosae, nous décline aussi en
passant, décline du même son de trompe, de la même voix suppurante
Notre père balistique qui êtes aux cieux et hourral'oural, décline
enfin de bonnes invitations, le billet d'entrée au grabuge
ontologique de la bête en gaîté. Là, notre cœur trébuche. Cette
bête en gaîté, c'est peut-être une allusion après tout. Plus de
santé, disait Goethe, furieux de rater le Second Empire. Le
désespoir crée l'orgasme.
C'est maintenant l'âge de l'adulte
prodige. L'âge où le style du perdant se perd et où la joie du
gagnant prend l'expression hagarde et méfiante de l'homme à la
crotte suspendue, Le Spoutnik – fait divers qui abolit le vertige
mais non le goût de choir – est décidément d'un piètre secours
à l'époux qui se réveille cocu. On passe de main en main. On
s'éloigne de soi sans se rapprocher de l'horizon. Gauguin, au bout
du monde, peint une « Nativité » qui devient ridicule au
fur et à mesure que son fils grandit, doublement représentatif de
la laideur tahitienne et de l'inconvénient des voyages. Après la
bohême, l'adhésion. Dans le sperme du dandy, s'agite déjà le
militant. Il appartient à celui-ci d'organiser l'indifférence, de
préparer les sandwiches pour le banquet final de l'indifférence.
Pourtant, quelqu'un répugne à tourner les pages pour le pianiste.
Quelqu'un mouille les cordes et abandonne à son sort la volonté
d'efficience bénéfique. Les mythes séditieux de la nuit n'ont donc
pas renoncé à leur œuvre. Quelqu'un devient esprit frappeur. Non
point succube, ni médium ; mais crête d'un
langage intermittent qui exorcise le manque d'être.
L'esprit frappeur n'hésite pas. D'emblée, il se charge de rendre
inintelligible le débat. Mais, parfois, tel un train illuminé
courant vers une frontière trouée, il traverse la vie des lecteurs
de romans lents, des joueurs de boules, des inventeurs de l'attente,
des filles dont la sueur colore des boissons frelatées, et agite
leurs faibles mains d'un tremblement possessif.
Cette
série de photographies est a rapprocher du dessin intitulé "Victime ficelée, 1956".
Elle
trouverait son origine dans :
"Pour
avoir des preuves objectives, on aura recours par conséquent à
l'artisan criminel par la passion la plus humainement sensible et la
plus belle, celle d'abolir le mur qui sépare la femme de son image.
D'après le souvenir intact que nous gardons d'un certain document
photographique, un homme, pour transformer sa
victime,
avait étroitement ficelé ses cuisses, ses épaules, sa poitrine,
d'un fil de fer serré, entrecroisé à tout hasard, provoquant des
boursouflures de chair, des triangles sphériques irréguliers,
allongeant des plis, des lèvres malpropres, multipliant des seins
jamais vus en des emplacement inavouables."
à un rite obscur qu'il célèbre de temps à autre...Le soir, il faudrait me maquiller avec un loup de velours et m'embaumer de parfum ensorcelant pour y assister." (Yukio Mishima)
Navel and A-Bomb (Heso to genbaku) short film directed by Eikoh Hosoe and Tatsumi Hijikata.
In Hosoe Eikoh's film Navel and A-Bomb, featuring Hijikata Tatsumi and his choreography, the (Japanese) body is connected to the bombing of Hiroshima and Nagasaki and the utter destruction of Japan. Navel and A-Bomb (1960) figures the 'birth' of a new Japanese identity in the wake of the atomic catastrophe, the subsequent defeat and occupation of Japan.
Hosoe met Hijikata the year prior to Navel and A-Bomb. In 1959 Hijikata choreographed and performed Kinjiki (Forbidden Colors), based on the homosexual imagery found in Yukio Mishima's novel of the same name published in 1951.
"Sur la scène, tous les danseurs se contractent comme des fœtus. L'archétype de la Danse des ténèbres serait la méditation dans la matrice (...) Cette chorégraphie suggère l'attitude primaire de l'homme, dans laquelle il refuse de se soumettre à l'ordre des choses et de la vie, sans le savoir." (Yakata Hannya, romancier,1810). Cette danse cet aussi "le temps qui refuse du temps" (Shûzo Takiguchi).
« Le Butoh est un corps mort, debout dans le désespoir…» (Hijikata)
Hijikata Tatsumi in Nikutai no hanran
(Rebellion of the Body, 1968) Photo by Torii Ryozen -
HoSoTan - Tatsumi Hijikata (1973)
« le son des vers à soie qui grignotent inlassablement les feuilles du mûrier font jyari-jyari-jyari ; le grincement des dents giri-giri-giri ; et 12 pendant que les vers à soie continuent leur mastication, le son est synchronisé avec celui de l’homme qui dort en grinçant des dents… tout est lié et si cela était toujours liés dans la vie, comme dans ce cas, on n’aurait peut-être pas besoin d’entraînement de danse. » (Tatsumi Hijikata)
Keiya Ouchida, Hosotan, film de 1972. Chorégraphie de Tatsumi Hijikata.
Summer Storm - Tatsumi Hijikata (1973)
« II y a un jeu de papier qu'on appelle denguri . Si l'on peut décrire
le corps, par exemple, comme ces fleurs qu'enveloppent les pétales que l'on
développe dans ce jeu, ou comme quelque chose qui est enveloppé mais qui
est aussi ce qui enveloppe, c'est que la maladie a déjà fait son nid à l'intérieur.
Ainsi ces pétales de fleurs, on peut les voir comme une peau transitoire et
leur mouvement tiendra alors sa qualité moins de son impact visuel, que
d'une sensation épidermique. Il ne s'agit pas de se mouvoir de soi-même,
mais plutôt d'exister comme du vivant qui relèverait de cet état. Car c'est
seulement dans la continuité de ce retournement, par lequel les viscères se font
peau et la peau viscères, que la reviviscence des souvenirs pourra préserver
avec la plus grande clarté leurs figures originelles. Cet état, je le nomme corps
malade. »(Tatsumi Hijikata) - [Traduction de Patrick de Vos.]
Dreams of the dead, the sleep, the war
Dreams of the dead, the sleep, the war - Tatsumi Hijikata
aspire les éclats mourants des yeux
qui tournent de lourde ivresse.
Les derniers rideaux du sommeil
ondulent au bruit sourd des coups du sang
dans les membres creux des statues.
Une lie lumineuse en flaques
coule dans le tumulte désespéré
des voix qui se veulent éternelles.
Le jeu sans fin des trappes et des rideaux
où le rêve se complique
d’anguilles, de mollusques,
et d’idoles aux bras innombrables,
dissipe en brouillard les regards
qui s’essaient à vivre,
les cadavres d’espoir à la dérive
réclament l’éternelle naissance
d’un perpétuel meurtrier.
[extrait de « Le Contre-Ciel » (premier état) 1936]
L’Arrivée du grand crétiniseur - dessin de René Daumal
René Daumal - Apparition du grand thaumaturge
apres 70 jours de cuisson du chaudron magique.
Akenatatomburisigui lecture extraits retour à soi Daumal lit René
Josef Sima, Portrait de René Daumal, huile sur toile, 1929.
Krisnamurti sous le cèdre de Brockwood,
octobre 1984
Vendredi 11 mars 1983
[…] Nous avons scindé la terre comme si elle nous appartenait - votre pays, le mien, votre drapeau, son drapeau, la religion d'ici et celle de l'autre, là-bas. Le monde, la terre est divisée, en morceaux. Nous nous battons et disputons pour la possession, et les politiciens exultent de pouvoir maintenir cette division, sans jamais considérer le monde comme un tout. Ils n'ont pas l'esprit global. Jamais ils ne ressentent ni ne perçoivent l'immense potentiel de n'avoir pas de nationalité ni de division. Ils ne s'aperçoivent jamais de la laideur de leur pouvoir, de leur position, de leur sentiment de supériorité. Ils sont comme vous et moi, mais ils occupent le siège du pouvoir avec toute la mesquinerie de leurs désirs et de leurs ambitions. Ainsi, ils assurent la survivance d'un comportement « tribal » que l'homme a toujours eu à l'égard de l'existence. Ils n'ont pas l'esprit libre de tout idéal ou idéologie, l'esprit qui dépasse les divisions entre les races, les cultures et les religions que l'homme a inventées. Les gouvernements seront nécessaires tant que l'homme ne sera pas sa propre lumière, tant qu'il ne mettra pas de l'ordre et de l'affection dans sa vie quotidienne, et qu'il ne portera pas un soin attentif à son travail, à ses observations, à son apprentissage. Il préfère être dirigé dans ses actes, comme il l'a été depuis toujours, par les anciens, les prêtres, les gourous. Et il accepte les ordres de ceux-ci, leurs curieuses pratiques destructrices, comme s'ils étaient des dieux incarnés, comme s'ils connaissaient toutes les conséquences de cette vie si extraordinairement complexe.
Au-dessus des cimes des arbres, du haut de ce rocher qui a un son propre comme tous les êtres de la terre, on se demande combien de temps il faudra à l'homme pour apprendre à vivre sans querelles ni combats, sans guerres et sans conflits. L'homme a créé le conflit par sa division linguistique, culturelle et superficielle du monde. L'être humain a évolué pendant des siècles de souffrance et de chagrin, de plaisir et de crainte, combien mettra-t-il pour trouver une autre façon de vivre ? […]
(Extrait du « Dernier journal » de Krishnamurti , Éditions du Rocher, 1993)
Livre Audio : Dernier Journal par Jiddu Krishnamurti
Dernier journal Le journal que publia Krishnamurti en 1982 est l'une de ses œuvres les plus connues du grand public. La dernière partie, présentée ici pour la première fois, a été enregistrée à Pine Cottage, sa maison de Californie. L'essentiel de sa philosophie se trouve dans ce recueil.Il introduit parfois un visiteur imaginaire ou un étudiant dont les questions vont lui permettre de préciser sa pensée et de prévenir nos objections. Convaincu que la plupart des maux graves dont souffre l'homme naissent de son égocentrisme, du moi et de son besoin d'affirmer d'hypothétiques différences, Krishnamurti montre la voie de la sérénité : un esprit, une conscience globale sont nécessaires pour comprendre que nous sommes, chacun, l'humanité entière. "Le monde est malade ", et tout homme en est responsable. L'auteur aborde les thèmes qui lui sont chers : les vertus du doute et la liberté de l'esprit, les rapports de la pensée et du temps, la méditation, l'intelligence de l'amour... En poète, en marcheur infatigable, il livre les réflexions apaisantes que lui inspire l'observation de la nature, préparant le lecteur à s'accorder intuitivement à l'enseignement qui les prolonge. Deux ans plus tard, Krishnamurti s'éteignait à Pine Cottage.