vendredi 26 août 2011

ROGER GILBERT-LECOMTE

                                                 LA TEMPÊTE DES CYGNES
                                                                      ou
                                                 LA CONQUÊTE DES SIGNES


Lorsque les bleus Enfants trop naïfs vont se perdre
Aux chimériques bras d'une idole imbécile
Aux cornes d'un trois-mâts maléfique & fossile
Pour abriter leur cœur de soleil dans la cendre

Souvent, ayant caressés les fleurs autochtones
Trop longtemps au départ, ils vieillissent avant
D'avoir brûlé leurs doigts au moindre galhauban,
et vont se momifier au sel noir de l'Automne

Car ils n'ont pas connu les dangers que prépare
Au cœur trop pur le culte illusoire du blanc
Le blanc pourrit dans l'œuf lorsqu'il est ovipare
Pourrissent les couleurs comme pourrit le blanc

Le soleil qui se lève a besoin de béquilles,
L'horizon se contourne au son d'un scrofuleux,
Les rois boivent sans soif des alcools sulfureux
Mais nous avons caché le tonnerre en nos quilles.

Noirs comme des culs
Dahoméens appartenant aux sarcophages
Où dorment les Obis de plumes revêtus
Blancs comme la rage
Et les fruits pourrissent dans leurs mains d'or velu
Ont l'odeur de destin que nous avons voulu.


(Extrait des « Oeuvres complètes » tome II
de Roger Gilbert-Lecomte,
Éditions Gallimard 1977)



 

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