dimanche 15 avril 2012

Joyce Mansour – Phallus et momies (1969)


J'ai suivi la route parallèle
Derrière le tulle des ténèbres
Entre les cuisses de mes aïeux
Darde la langue hébraïque
L'art commence où le désir finit
Mate et sale
Sans haleine
Face d'argent sur champs de gueules
J'ai crevé dans ma peau
Ainsi qu'une enflure bleuâtre dans la boue
Saturne fait usage de son dard
Pour stimuler son appétit
La mort peut être nécessaire
Aux autres
Je haie les satisfaits
Les stériles les nantis
Un mort suit l'autre sans connaître son visage
Une femme traverse les rails
En sang en sang ensanglantée
Personne ne la voit personne dans
L'ascenseur
Le jaune insoutenable d'une voix de canari
Mélange d'arsenic et de colle
Relie les côtes aux barreaux et ne laisse point
D'espace pour l'oiseau
Tout cassé
Briser l'image du pénis paternel
Lové comme un serpent dans un vase de Gallé
Écrasé sa tête sous un talon d'acier
(Un vague sentiment de retour
Vagit dans le ravin
Passer outre)
Il faut rire en montant les marches de la vieille maison
Éventrer les acteurs égrenant leurs bigoteries
Haïr les fébriles égorgé les assis
Déraciner les morts assoupis dans leurs excréments
Avaler cracher
Oublier maudire
La chair bêlante
Huileuse comme un lit défait
Il faut mastiquer éjaculer
Boucher les orifices
Replâtrer l'hymen
La mort est une porte-tambour
Un œuf saponaire un croupion
Il faut dégonfler le chancre sur la face divine
La détruire
Pissez fontaines
La vie hibernante des glaciers gonfle vos toisons de pierre
Vos clitoris s'écaillent
Ainsi que des crocodiles implantés dans le sable frais
Mort aux veules
Mort aux vrilles
Mort aux habitués de l'utérus
Mort aux isolés debout
Il y a du sparadrap sur la blessure de la vigne
Et une route parallèle à celle
Qui n'existe
Plus.




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