dimanche 23 décembre 2012

Else Lasker-Schüler



 FIN DU MONDE
Il est des larmes dans le monde
Comme si le bon dieu était mort.
Et l'ombre de plomb qui tombe
Pèse du poids du tombeau.

Viens, cachons-nous plus près...
La vie gît dans tous les cœurs
Comme en des cercueils.

O ! Embrassons-nous profondément.
Au monde frappe une nostalgie
Dont il nous faudra mourir.







SOUFFRANCE COSMIQUE

Moi, le vent brûlant du désert,
je me suis refroidi et j 'ai pris forme.

Où est le soleil qui peut me libérer
ou bien l'éclair qui peut me fracasser !

Lors je lève, tête de sphynx pétrifiée,
des yeux en courroux vers tous les cieux.



CHANSON

Sous mes yeux sont des eaux
Que toutes il me faut pleurer.

Toujours je voudrai m'envoler
Avec les oiseaux migrateurs ;

Souffler pêle-mêle avec les vents
Dans l'air immense.

Oh ! Je suis si triste...
Le visage en la lune le sait.

Il est à la ronde un grand recueillement de velours
Et la proche aurore m'entoure.

Quand mes ailes sont brisées
A tes cœurs de pierre,

Les merles sont tombés comme roses funèbres
Du haut de leurs buissons bleus.

Tout le gazouillement réprimé
De nouveau va éclater,

Et je voudrais m'envoler
Avec les oiseaux migrateurs.

(Extrait de « Expressionnistes allemands» Lionel Richard,
Panorama bilingue d'une génération,
Voix, La Découverte Maspero deuxième tirage 1983) 



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