22 septembre 1946.
[…] je vois partout, dans le passé comme dans le présent que la
liberté ne prend nom, ne devient sensible pour les masses que par la
réaction souvent violente ; elle doit être prise à d'autres,
prise sur le voisin. Bref elle n'a de valeur, d'être même,
qu'opposée à l'idée brutale d'esclavage, mais ne leur est pas
sensible en soi.
La liberté intérieure. Dès qu'elle demande des spectateurs, dès
qu'elle se nomme ou s'affirme elle perd son sens éternel, sa
grandeur secrète. Las ! Si la foule connaissait ce sens et plus
que le nom de la liberté, les cuisiniers, naïfs ou criminels, de la
société ne pourraient plus jamais enchaîner des successions de
régimes dont la vie provisoire et éphémère empêche la
catastrophe définitive.
(
Extrait de « Jean de Boschère – Fragments du Journal d'un
rebelle solitaire – 1946 – 1948. Texte établi et présenté par
Yves-Alain Favre. Éditions Rougerie1978 )
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