Valentine Penrose, 1934. Photographie de Roland Penrose. Archives photographiques Lee Miller |
GILLES DE RAIS
Eau secoue la pluie des toits
Celle des châteaux du lierre
C'était vert l'eau bouillonnait.
Ce furent des draperies
Tige antique garnison
Cœurs cachés des Mélusines
Sous de feutrées floraisons.
Jamais étoile du berger
Ne montra du si féerique
Il n'était plus soir ni jour.
Au long battant à la longue aile
Terrifiant
Toi l'aîné le seul le lierre.
Il y eut un tel sourire
Quand ce fut le nid de feu
Parmi le cierge et la fleur
Un plat sourire de pierre
Une Lilith toute blanche
Grande géante là-haut
Au-dessus du nid de feu.
On ne pouvait arriver
A plus vieille sécurité
A plus sereine bienveillance
Dans les bras d'avant Adam
Au cercle des démons blancs
Disons disons
Le
cœur marron
Noir
de baies boules chatons
Résidus violets des baies
Fruit
de fusain
Oui
zinzolin
Et
laurier-tin
Manche étain talisman plomb
Car il est une saison
Où l'on relève la garde
Là
La belette saute comme une guerrière
le château hurle
Y suivent des manches de couleurs
sans noms
On
revient
- Peut-être encore un matin perlé une rose blanche -
Puis traînant ces ailes et ces
manches somptueuses il faut tuer.
*****
TENERIFE II
EL VERDINO *
(Le chien vert)
De la hauteur de la chambre
Laide comme un fort dans cette ville
de loisir et de plaisir
De ces mains vertes qui entrent
d'arbres
Je dis
Que je voudrais un chien vert.
Madame
qu'as-tu fais aux gens
Pour
qu'ils t'aiment et ne t'aiment pas
Pour rire
et pour pleurer tant eux et toi ,
Ayant vue sur de grands insensibles
lauriers
Faits pour les avenues sans gloire
et abriter
Allumée à mon propre feu comme une
médaille
J'ai ramassé l'éclat de l'île et
à mon poing
A mes blasons à mes côtés
Je vous le dis
Je voudrais un chien vert.
Car je suis tournée à l'est
A mon est est la goyave
Et quand le soir reviendra
Aura très peur la médaille.
Ce parc peu sûr est contre vous
dans ses habits
Les araignées dessous y marchent en
armées
Sous la fiancée inerte au banc de
son soldat.
Des lilas pas gentils y dévorent la
nuit
De fiefs verts exhalés qui vous
feront souffrir
Aussi sur le banc noir des fiancées
et soldats.
Il y a des cristaux inouïs
transparents
Pour les noces des gens qui ne
savent pas quoi
Et sont le perroquet et le chien de
quinquet
Dans leur île étoilée en son
trottoir sans garde.
Quelqu'un m'a
dit passe à l'ombre
M'a dit passer
dans le fiel
Et j'ai trouvé
la colonne
Tournante à
l'église morte.
Voilà pourquoi je veux cette chose
tangible
Un chien vert de conquêtes
chevronné de pistes
Où les sceaux sont frappés sur une
peau de feuille
Et durement mené par l'île aux
doigts de pierre.
« Je
sais depuis longtemps
Ce
qui me reste à faire
Et
de tous mes verdinos
Et
mes voix de cratère. »
Les femmes mages sont debout ont
marché se sont assises
Avec leur petit chapeau leur mante
sont allées prédire
Prédire à l'envers.
Les chiens ont mangé toutes les
feuilles de Tacoronte
Puis ils ont hurlé
Dans les siècles
En amont de leurs mères
La chanson d'aujourd'hui.
Et
râlons tordons crions
Sans
savoir pourquoi
Petits sans massues :
« Un
rat a descendu
Reprisant une chaussette
Un
autre rat a monté
Rapiéçant un caleçon
La
grande rue del Castillo. »
*Verdino :
race très ancienne de dogues au pelage vert mousse tigré de brun,
indigènes de l'île Ténérife, sur les armes de
laquelle ils figurent.
(Extrait de :
Valentine Penrose « Les Magies », Les Mains Libres
Éditeur 1972)
Joan Miro - Frontispice pour Les Magies de Valentine Penrose. |
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