Dora Maar - Nature morte, huile sur toile, 1941 |
À Dora Maar
Je
vois les champs la mer couverts d'un jour égal
Il
n'y a pas de différences
Entre
le sable qui sommeille
La
hache au bord de la blessure
Le
corps en gerbe déployée
Et le
volcan de la santé.
Je
vois mortelle et bonne
L'orgueil
qui retire sa hache
Et le
corps qui respire à pleins dédains sa gloire
Je
vois mortelle et désolée
Le
sable qui revient à son lit de départ
Et la
santé qui a sommeil
Le
volcan palpitant comme un cœur dévoilé
Et
les barques glanées par les oiseaux avides
Les
fêtes sans reflet les couleurs sans écho
Des
fronts des yeux en proie aux ombres
Des
rires comme des carrefours
Les
champs la mer l'ennui tours silencieuses tours sans fin
Je
vois je lis j'oublie
Le
livre ouvert de mes volets fermés.
(Extrait de Paul Eluard "Voir", Editions "Trois Collines", Genève
1948)
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