« Les effets n'ont peut-être pas toujours besoin
d'une cause. »
SADE
Très différent de ses héros, en ce qu'il témoigna souvent de
sentiments humains, il connu des états de déchaînement et d'extase
qui lui parurent de beaucoup de sens à l'égard des possibilités
communes. Ces états dangereux auxquels le conduisaient des désirs
insurmontables, il ne jugea pas qu'il pouvait ou devait les
retrancher de la vie. Au lieu de les oublier, comme il est d'usage,
en ses moments normaux, il osa les regarder bien en face et il se
posa la question abyssale qu'ils posent en vérité à tous les
hommes. D'autres avant lui avaient eu les mêmes égarements, mais
entre le déchaînement des passions et la conscience subsistait
l'opposition fondamentale. Jamais l'esprit humain ne cessa de
répondre parfois à l'exigence qui mène au sadisme. Mais cela se
passait furtivement, dans la nuit qui résulte de l'incompatibilité
entre la violence qui est aveugle, et la lucidité de la conscience.
De son côté, la conscience, dans sa condamnation angoissée, niait
et ignorait le sens de la frénésie. Le premier, Sade, dans la
solitude de la prison donna l'expression raisonnée à ces mouvements
incontrôlables, sur la négation desquels la conscience a fondé
l'édifice social et l'image de l'homme. (…)
Sade se fonde sur une expérience commune : la sensualité –
qui libère des contraintes ordinaires – est éveillée, non par
seulement par la présence, mais par une modification de
l'objet possible. En d'autres termes, une impulsion érotique étant
un déchaînement (par rapport aux conduites du travail, et,
généralement, à la bienséance) est déclenchée par le
déchaînement concordant de son objet.
Georges Bataille
« Sade »
in La littérature et le mal
Bellmer manifestait une véritable prédilection pour l'œuvre de
Sade, aux thèmes de laquelle il a consacré plusieurs suites de
gravures ( A. Sade, Petit Traité de Morale, Mon arrestation du
26 août) dont nous donnons ici quelques extraits les plus
représentatifs.
(Extrait de Obliques/Bellmer, Éditions Borderie 1979)
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