vendredi 24 avril 2015

"M. Tatsumi Hijikata m'a invité secrètement

à un rite obscur qu'il célèbre de temps à autre...Le soir, il faudrait me maquiller avec un loup de velours et m'embaumer de parfum ensorcelant pour y assister." (Yukio Mishima)


Navel and A-Bomb (Heso to genbaku) short film directed by Eikoh Hosoe and Tatsumi Hijikata.


In Hosoe Eikoh's film Navel and A-Bomb, featuring Hijikata Tatsumi and his choreography, the (Japanese) body is connected to the bombing of Hiroshima and Nagasaki and the utter destruction of Japan. Navel and A-Bomb (1960) figures the 'birth' of a new Japanese identity in the wake of the atomic catastrophe, the subsequent defeat and occupation of Japan. 


Hosoe met Hijikata the year prior to Navel and A-Bomb. In 1959 Hijikata choreographed and performed Kinjiki (Forbidden Colors), based on the homosexual imagery found in Yukio Mishima's novel of the same name published in 1951.





"Sur la scène, tous les danseurs se contractent comme des fœtus. L'archétype de la Danse des ténèbres serait la méditation dans la matrice (...) Cette chorégraphie suggère l'attitude primaire de l'homme, dans laquelle il refuse de se soumettre à l'ordre des choses et de la vie, sans le savoir." (Yakata Hannya, romancier,1810). Cette danse cet aussi "le temps qui refuse du temps" (Shûzo Takiguchi).








  « Le Butoh est un corps mort, debout dans le désespoir…» (Hijikata) 




Hijikata Tatsumi in Nikutai no hanran
 (Rebellion of the Body, 1968) Photo by Torii Ryozen -
HoSoTan - Tatsumi Hijikata (1973)






« le son des vers à soie qui grignotent inlassablement les feuilles du mûrier font jyari-jyari-jyari ; le grincement des dents giri-giri-giri ; et 12 pendant que les vers à soie continuent leur mastication, le son est synchronisé avec celui de l’homme qui dort en grinçant des dents… tout est lié et si cela était toujours liés dans la vie, comme dans ce cas, on n’aurait peut-être pas besoin d’entraînement de danse. » (Tatsumi Hijikata)

Keiya Ouchida, Hosotan, film de 1972. Chorégraphie de Tatsumi Hijikata.
Summer Storm - Tatsumi Hijikata (1973)
« II y a un jeu de papier qu'on appelle denguri . Si l'on peut décrire
le corps, par exemple, comme ces fleurs qu'enveloppent les pétales que l'on
développe dans ce jeu, ou comme quelque chose qui est enveloppé mais qui
est aussi ce qui enveloppe, c'est que la maladie a déjà fait son nid à l'intérieur.
Ainsi ces pétales de fleurs, on peut les voir comme une peau transitoire et
leur mouvement tiendra alors sa qualité moins de son impact visuel, que
d'une sensation épidermique. Il ne s'agit pas de se mouvoir de soi-même,
mais plutôt d'exister comme du vivant qui relèverait de cet état. Car c'est
seulement dans la continuité de ce retournement, par lequel les viscères se font
peau et la peau viscères, que la reviviscence des souvenirs pourra préserver
avec la plus grande clarté leurs figures originelles. Cet état, je le nomme corps
malade. »(Tatsumi Hijikata) - [Traduction de Patrick de Vos.] 


Dreams of the dead, the sleep, the war
Dreams of the dead, the sleep, the war - Tatsumi Hijikata 
(from Summer Storm collection)



Summer Storm - Tatsumi Hijikata (1973) : iCI


« Pour ces âmes dépossédées, l'espace semble être une force qui dévore.
L'espace les poursuit, les encercle, les digère en une gigantesque phagocyt
ose (consomption de bactéries). Il finit par les remplacer. Ensuite le corps
se sépare lui-même de la pensée, l'individuel fait crisser la limite de sa peau
et occupe l'autre côté de ses sens. Il essaie de se regarder de n'importe quel
point de l'espace. Il se sent devenir lui-même l'espace, un espace obscur où
les choses ne peuvent être mises. Il est semblable, pas semblable à quelque
chose, mais tout simplement semblable. Et il invente des espaces, il est « la
possession convulsive ».
(Roger Caillois, « Mimétisme et psychasténie légendaire », dans Le Mythe et l'Homme,
Paris, 1938, p. 101-143.)

Hijikata Tatsumi to Nihonjin - Nikutai no hanran

Hijikata Tatsumi to Nihonjin - Nikutai no hanran

Hijikata Tatsumi to Nihonjin - Nikutai no hanran

Hōsōtan
Tatsumi Hijikata

Hijikata Tatsumi

samedi 4 avril 2015

René Daumal - Le velours sans fond du dernier soleil

aspire les éclats mourants des yeux
qui tournent de lourde ivresse.
Les derniers rideaux du sommeil
ondulent au bruit sourd des coups du sang
dans les membres creux des statues.
Une lie lumineuse en flaques
coule dans le tumulte désespéré
des voix qui se veulent éternelles.
Le jeu sans fin des trappes et des rideaux
où le rêve se complique
d’anguilles, de mollusques,
et d’idoles aux bras innombrables,
dissipe en brouillard les regards
qui s’essaient à vivre,
les cadavres d’espoir à la dérive
réclament l’éternelle naissance
d’un perpétuel meurtrier.

[extrait de « Le Contre-Ciel » (premier état) 1936]

 L’Arrivée du grand crétiniseur - dessin de René Daumal

René Daumal  - Apparition du grand thaumaturge
apres 70 jours de cuisson du chaudron magique.

Akenatatomburisigui
lecture extraits retour à soi Daumal lit René  



Josef Sima, Portrait de René Daumal, huile sur toile, 1929.

samedi 14 mars 2015

Jiddu Krishnamurti, extrait du « Dernier journal »

Krisnamurti sous le cèdre de Brockwood,
octobre 1984
Vendredi 11 mars 1983

[…] Nous avons scindé la terre comme si elle nous appartenait - votre pays, le mien, votre drapeau, son drapeau, la religion d'ici et celle de l'autre, là-bas. Le monde, la terre est divisée, en morceaux. Nous nous battons et disputons pour la possession, et les politiciens exultent de pouvoir maintenir cette division, sans jamais considérer le monde comme un tout. Ils n'ont pas l'esprit global. Jamais ils ne ressentent ni ne perçoivent l'immense potentiel de n'avoir pas de nationalité ni de division. Ils ne s'aperçoivent jamais de la laideur de leur pouvoir, de leur position, de leur sentiment de supériorité. Ils sont comme vous et moi, mais ils occupent le siège du pouvoir avec toute la mesquinerie de leurs désirs et de leurs ambitions. Ainsi, ils assurent la survivance d'un comportement « tribal » que l'homme a toujours eu à l'égard de l'existence. Ils n'ont pas l'esprit libre de tout idéal ou idéologie, l'esprit qui dépasse les divisions entre les races, les cultures et les religions que l'homme a inventées. Les gouvernements seront nécessaires tant que l'homme ne sera pas sa propre lumière, tant qu'il ne mettra pas de l'ordre et de l'affection dans sa vie quotidienne, et qu'il ne portera pas un soin attentif à son travail, à ses observations, à son apprentissage. Il préfère être dirigé dans ses actes, comme il l'a été depuis toujours, par les anciens, les prêtres, les gourous. Et il accepte les ordres de ceux-ci, leurs curieuses pratiques destructrices, comme s'ils étaient des dieux incarnés, comme s'ils connaissaient toutes les conséquences de cette vie si extraordinairement complexe.
Au-dessus des cimes des arbres, du haut de ce rocher qui a un son propre comme tous les êtres de la terre, on se demande combien de temps il faudra à l'homme pour apprendre à vivre sans querelles ni combats, sans guerres et sans conflits. L'homme a créé le conflit par sa division linguistique, culturelle et superficielle du monde. L'être humain a évolué pendant des siècles de souffrance et de chagrin, de plaisir et de crainte, combien mettra-t-il pour trouver une autre façon de vivre ? […]


(Extrait du « Dernier journal » de Krishnamurti , Éditions du Rocher, 1993)


Livre Audio : Dernier Journal par Jiddu Krishnamurti

Dernier journal Le journal que publia Krishnamurti en 1982 est l'une de ses œuvres les plus connues du grand public. La dernière partie, présentée ici pour la première fois, a été enregistrée à Pine Cottage, sa maison de Californie. L'essentiel de sa philosophie se trouve dans ce recueil.Il introduit parfois un visiteur imaginaire ou un étudiant dont les questions vont lui permettre de préciser sa pensée et de prévenir nos objections. Convaincu que la plupart des maux graves dont souffre l'homme naissent de son égocentrisme, du moi et de son besoin d'affirmer d'hypothétiques différences, Krishnamurti montre la voie de la sérénité : un esprit, une conscience globale sont nécessaires pour comprendre que nous sommes, chacun, l'humanité entière. "Le monde est malade ", et tout homme en est responsable. L'auteur aborde les thèmes qui lui sont chers : les vertus du doute et la liberté de l'esprit, les rapports de la pensée et du temps, la méditation, l'intelligence de l'amour... En poète, en marcheur infatigable, il livre les réflexions apaisantes que lui inspire l'observation de la nature, préparant le lecteur à s'accorder intuitivement à l'enseignement qui les prolonge. Deux ans plus tard, Krishnamurti s'éteignait à Pine Cottage.


jeudi 5 mars 2015

Laure (Colette Peignot), extraits de « Fragments »

LAURE (Colette Peignot) -
« Jamais personne ne me parut comme elle
 intraitable et pure, ni plus décidément
 souveraine. » Georges Bataille
« … Suivre le mal jusqu'à la racine
demeurer en face de la plaie
la regarder – y mettre les doigts.

La vigueur d'une nature s'affirme dans la possibilité de
temporiser
Prendre acte d'une situation donnée et puis agir « à longue portée »
Calmement
pas par à-coups
ou réactions « hystériques »

Où est l'accord profond entre soi-même et tous les instants de
la vie ?
Fausseté des rapports soi-disant « animaux »
Accord entre soi-même et le moindre des actes ou paroles
Être non conforme
Spontanément...naturellement
force naturelle comme une force de la nature

La Corde sensible
maternelle = hypocrisie
Jusqu'au bout et constamment ?
réponse : la mort
Échapper dans la négation de soi : volonté d'abaissement.
Psychologie des petits faits quotidiens qui engloutissent une existence. (...) »


(Laure, extraits de « Fragments » in  « Ecrits de Laure »- ed. J.J.Pauvert 1985 )

Laure (Colette Peignot)

samedi 14 février 2015

mardi 10 février 2015

Paul Eluard "Facile" (1935)

Nous avons fait la nuit je tiens la main je veille
je soutiens de toutes mes forces
Je grave sur un roc l’étoile de tes forces
Sillons profonds où la bonté de ton corps germera
Je me répète ta voix cachée ta voix publique
Je ris encore de l’orgueilleuse
Que tu traites comme une mendiante
Des fous que tu respectes des simples où tu te baignes
Et dans ma tête qui se met doucement d’accord avec la tienne avec la nuit
Je m’émerveille de l’inconnue que tu deviens
Une inconnue semblable à toi semblable à tout ce que j’aime
Qui est toujours nouveau.


Photo de Man Ray pour "Facile" de Paul Eluard 1935



jeudi 22 janvier 2015

Jean Duperray « Regarde, la beauté malsaine de la nuit

la masse sombre des prisons,
et sur les vieilles maisons
le calvaire ruisselant de la pluie,
la nuit, au long de vos rues
où l'on bâille d'ennui,
quand le vent souffle les lanternes
qui font dans l'eau des lueurs ternes
ridées ! »
« La Nuit, de peur, de vent,
la Nuit où il y a en a qu'on tue,
entends gronder, gueuler, celui qu'on saigne
au coin de la rue
noire poésie
que le colleur d'affiche, Marie
soit avec toi, éternellement maudit.
Tu ne la vois donc pas, la nuit,
la nuit des lunes biscornues,
des toitures de zinc cornues
si poétiques -
des bec de gaz en nickel élastique
et des nuées en colle de pâte comprimée,
la nuit canaille des barrières
et des chantiers de ciment armé.
Je suis rôdeur bredouillant des vieilles rues.
Ne charrie pas les semelles qui balbutient
le long des rues qu'on suit la nuit.
                          La nuit
A l'aube de sang des minuits
la nuit des mômes et des apaches
et sur les ponts, couleur de suie
les ponts de fer couleur de suie
sous la suie de couleur de pont
et l'eau de plomb
que l'arche crache
l'eau froide comme un grand miroir
l'eau de moire
et sa tentation.... »


(Extrait de "Dora Providence et autres insaisissables personnages" de Jean Duperray c. 1951)

dimanche 21 décembre 2014

Ithell Colquhoun

Ithell Colquhoun, 1985 photo by Alastair Thain
Ithell Colquhoun, peintre et écrivain anglais. Née en 1906 en Assam, Inde. Elle suivit les cours du Chelteham College et de la Slade School of Art, mais pour une large part elle est autodidacte. Après avoir rejoint le groupe surréaliste anglais en 1939 et participé à une exposition sur l'Art Vivant en Angleterre, elle apporta également sa participacion au London Bulletin, mais refusa en 1940 de renoncer aux travaux qu'elle avait entrepris sur l'occultisme et quitta le groupe. Elle pratiqua l'automatisme, la décalcomanie, le fumage, le frottage et le collage, et publia les résultats de ses recherches dans « La Tacha Mantique » (Enquiry, 1949). Sa première exposition personnelle se tint à la Cheltenham Municipal Gallery en 1936. Après cette date, il faut signaler, entres autres, l'exposition rétrospective qui eut lieu en 1976 à la Newlyn Orion Galleries, en Cornouailles. Elle est aussi l'auteur d'un texte surréaliste influencé par l'occultisme, intitulé L'Oie d'Hermogène le magicien, publié en 1961 par Peter Owen Ltd. , de récits de voyages sur la Cornouailles et l'Irlande, et de plusieurs recueils de poésie. Colquhoun mourut le 11 avril 1988 en Cornouailles, où elle avait passé la plus grande partie de sa vie.


Ithell Colquhoun, 1932 by Man Ray
Biography of ITHELL COLQUHOUN

Ithell Colquhoun was born in Assam, India. She studied at Cheltenham Ladies College in 1919 and in 1926 at the Cheltenham School of Arts and Crafts. In 1927, she went to London and studied at the Slade, and in 1929 was awarded first prize for Judith Showing the Head of Holofernes. In 1931 she made her first visit to Paris and experienced the work of the Surrealists, in particular that of Salvador Dali. Her first solo exhibitions were in 1936, in London and Cheltenham. The shows consisted of paintings of plants and flowers, in a Daliesque Magic Realism style. She continued to exhibit and write poetry, before moving permanently to Paul, near Penzance in Cornwall. A retrospective of her work was held in 1972 at the Exeter City Art Gallery, and a second was held at the Newlyn Orion Gallery in Penzance in 1976. In 1977, an exhibition was held of her designs for Tarot cards.


Les tableaux d'Ithell Colquhoun sont souvent comme une parodie de l'obsession surréaliste pour l'image érotique du corps féminin. Ils suggèrent une réfutation ironique de l'opération métaphorique qui est au centre de la théorie surréaliste. Dans Gouffres amers, la mort ne conduit qu'à la décomposition. Quand à l'intérêt des surréalistes pour l'androgyne primordial, il trouve dans La Famille du Pin son expression parodique la plus sinistre.

Ithell Colquhoun, Gouffres Amers, 1939

Ithell Colquhoun,  La Famille du Pin 1941


« Comme j'escaladais les pentes rocheuses d'une vallée, je tombais sur une large crevasse qui semblait s'enfoncer vers le centre de la terre. Je regardais à l'intérieur et découvris que tout au fond, très loin, il n'y avait que de l'eau. J'entrepris de descendre dans cette crevasse, m'appuyant parfois sur une sorte de rampe naturelle, mettant le pied à d'autres moments sur une marche à peine dégrossie que les surfaces inégales m'offraient. Cette descente était d'autant moins aisée que les rochers étaient recouverts d'une couche humide et verte tachetée ça et là d'une sorte de végétation visqueuse de la couleur du vin.
J'avais maintenant atteint des profondeurs vertigineuses. Si je regardais vers le haut, les murs se dressaient au-dessus de moi comme ceux d'un puits humide et froid. Si je regardais vers le bas, je pouvais voir une grotte remplie d'eau ayant la couleur de la chrysolithe, tantôt illuminée par une source lumineuse cachée, tantôt obscurcie par l'ombre que jetait sur elle une roche en saillie... » 
 (Publié dans New Road, 1943).



A snap of St. Elmo a painting by Ithell Colquhoun

Gorgon., 1946

A Visitation, 1944


Voir aussi : Ithell Colquhoun, Surrealism and the Occult

Ithell Colquhoun, Alchemical Figure Androgyne,
1941, watercolour, 37.3 x 23.3 cm.

Ithell Colquhoun, Diagrams of Love
Christian Marriage II,
c. 1940-42, watercolour, 27.2 x 17.7 cm.


Automatic drawing
Autumnal Equinox, 1949
Dark Fire, 1980


Green Figure with Wings – watercolour – 1971

 Ithell Colquhoun’s 1970s tarot card designs.

Ithell Colquhoun -
Dreaming Leaps Sonia Araquistian, 1945.
Ithell Colquhoun, Scylla, 1938

Judith with the Head of Holofernes, 1929

Potentate II, 1963

Scene from Marlowe's 'Dr Faustus' 1933

Self-portrait (1933) by British painter
Ithell Colquhoun (1906-1988).

Ithell Colquhoun — Wikipédia

mercredi 10 décembre 2014

Cosey Fanni Tutti - Muzik, interview and mix...


The sound of Cosey playing. The grande dame of British electronic music talks about her art, generation and nude provocation.




Chris Carter and Cosey Fanni Tutti in the Studio



Action’ three day performance at Hayward Gallery, London, 1979


Action’ three day performance at Hayward Gallery, London, 1979





Coum Transmissions
Cease to Exist no. 4 at Laice, USA, (1976) by Cosey Fanni Tutti and Genesis P-Orridge.


Cosey pic from the TG 24 hour set