dimanche 15 août 2021

Zonda Radio - Agosto 2021 - La palabra corta la palabra

 


 
Jean-Claude Risset - "Morning to noon" (extractos) 
Yoko Ono - Rob Stevens - Wes Naprstok and Gary Clugston - Georgia Stone (extracto) 
Luci Gomez - Demian Mariana lee "Nocturno" de Oliverio Girondo 
Titi Parant - Dimanche 04 mai 1975 (extracto) 
Luci Gomez lee un poemade Mauricio Arias 
Titi Parent - Dimanche 23 mai 1976 (extracto) 
MEEE - Le néant est en crue 
Jean-Luc Parant - La joie des yeux (extracto) 
Debora y Micky leen "El enamorado" de Jorge Luis Borges 
Indios Jivaro, Cayapa, Otavalo (Ecuador) - Canto sobre el pájaro tucán (extracto) 
Amanda Berenguer - Es el amor 
Diamanda Galás - L’Heautontimoroumenos de Charles Baudelaire (1857) 
Luci Gomez lee un poema de Elena Guro 
Dora Providence & ᛉᛉᛗ - Psalmodia 
Aleister Crowley - La gitana 
Luci Gomez - Unificación 
Fatima Miranda - Hálito

mercredi 4 août 2021

Cerkita Zünd // M.A. Asterglance - Retrouver les forêts

 

© Collage Cerkita Zünd

  Retrouver les forêts 

  la marche des arbres 
  de l’humus 
  des mousses 
  des fougères 
  vers le vert azur 
  des aurores boréales 
  retrouver les animaux 
  en quête du silence 
  de l’étoile polaire 
  retrouver les étangs 
  où se miroite l’univers 
  dérober le reflet 
  en draper les forêts 
  les animaux 
  l’aurore et l’étoile
  tisser un regard 
  un ciel 
  conjurer à jamais 
  par la foi du lézard 
  en la pierre 
  le mauvais œil 
  et les ténèbres 
  d’où émane 
 la somptueuse confusion 
 réapprendre le brame 
 revenir au monde

vendredi 16 juillet 2021

Zonda Radio - Julio 2021 - El silencio se escucha



Giacinto Scelsi - Uaxuctum (extracto) 
Maurice Ravel - La vallée des cloches (extracto) 
Alejandra Pizarnik - Simplemente no soy de este mundo… - Leida por Vanessa Molina 
Erik Satie - Cathy Berberian - Air du poète 
Luci Gomez - Arrancame 
MEEE - Goulajou des endettés 
ᛉᛉᛗ - Some flowers for Kali
Antonin Artaud - Aliénation et Magie noire 
Antonin Artaud - Poeta negro - Leido por Luci Gomez 
ᛉᛉᛗ - Sol adentro 
Antonin Artaud - Maria Casares - Tutuguri 
Elena Guro - Finland - Leida por Galina Musijina-Nikiforova 
Coil - Smething (extracto) 
Luci Gomez & MEEE - Canto XXIII 
Juan L. Ortiz - Tarde - Leido por Mariana 
Luci Gomez - De noche 
Luc Ferrari - Presque rien (extracto) 
Lily Greenham - Tillid 
Ghérasim Luca - Son corps léger 
Joan La Barbara - John Cage - The Wonderful Widow Of 18 Springs - Singing Through

samedi 26 juin 2021

André Pieyre de Mandiargues "L’ami des arbres" suivi de "La tour"

André Pieyre de Mandiargues sur la plage de Tecolutla,
Veracruz, Mexique, 1958 © Bona Pieye de Mandiargues


                                                           L'ami des arbres


   Il neigeait. Un hangar, comme des halles vides, se dressa dans une clairière au milieu des sapins, et des vierges y dansaient entre elles sous un grand toit de plomb. Leurs pieds soulevaient une poussière qui devait avoir été laissée par du foin fleuri, car elle brûlait la gorge et les yeux. J’eus si mal que je cessais de voir. Alors je sentis qu’une bouche, qui était chaude malgré le vent, baisait la mienne d’une façon toute neuve, puis il y eut des éclats de rire autour de moi, des bruits de fouets et de roues, un dernier ricanement, loin déjà.

   Peu à peu, j’ai retrouvé l’usage de la vue, mais j’ai pris les peuples en haine. Seulement le murmure est doux de la sève à la fin de l’hiver, quand une écorce est contre mon visage et qu’un arbre se penche sur moi, son ami, son frère.


(Extrait de Astyanax , Le terrain vague 1957, Paris) 


Ex-libris André et Bona Pieyre de Mandiargues, eau-forte de Bona


La tour



Grand cerf que vois-tu hors de la tour des hommes
Pour jeter si haut la tête dans l'air bleu
Cerf chargé de cordes et de fers
Cerf vaincu cerf lié sur la terre d'antan
Roi cerf humilié que vois-tu au-dehors ?

Un long chemin de boue d'un horizon à l'autre
Qui vient raser le pied de la tour où nous sommes.

Une femme errante un enfant vil de pauvres chiens trembleurs
Salis d'eau limoneuse d'argile et de craie
Ils se taisent je ne sais ce qu'ils souhaitent
Perclus devant le fossé de la tour.

Dans le claquement d'un vol de foulques brunes
L'enfant tombe et la mère s'incline
Ses mains s'égarent je crois qu'elle est aveugle.

Le char soyeux de la reine d'enfer
sur un petit bois de sapins et d'ifs
Flotte entre les vapeurs blanches de l'hiver.

Qui voit de telles choses a honte jusqu'à sa propre mort.

La mère ébauche une danse d'aïeule
Dans le cercle des chiens immobiles
Le lit de la route est partout découvert
Profond partout entre les touffes sombres
L'enfant a fui sans avoir fait un cri
Le temps qu'on le retrouve il n'est déjà plus chaud.

Sur lui s'abat la mère
Sur le roulis d'un ventre en forme d'œuf
Elle défait des linges fiévreux
Dénude un chair enflée des membres minces
Un petit corps piteusement vieilli
Sous la main la peau mûre se rompt aussitôt
crève sous les ongles chafouins
Plus d'eau que de sang coule.

Le sein cave est un marais d'ordures
Où remuent des serpents d'onyx et de corail
Les os cassent comme du bois gelé
Les doigts pourris vont aux chiens
Cinq chiens à la robe de plâtre
La bouche bée exsangue et les yeux blancs
Guettant la mère qui déchire et dévore.

Festin de mère et de chiens
Festin familial au pied des murs où me tiennent les hommes
Afin que mes bois couronnent leur œuvre sordide.

Au-dessus de la porte est un loup crucifié
Qu'ils ont pris avant moi dans la natale forêt verte
Le fossé lance autour de son crâne sournois
Une sale buée où je pressens le soir
Femmes et chiens repus s'apprêtent à descendre
Lentement vers l'immonde pays d'en-bas.

Et je resterai cerf solitaire dressé sur un ciel morne
Jusqu'à la fin qu'en vain je brame aux quatre vents.


(Extrait de  
L'âge de craie suivi de Hedera
Gallimard, Paris 1961)

D'autres poèmes de André Pieyre de Mandiargues
à lire ICI et




André Pieyre de Mandiargues, Villahermosa 1958, photo de Bona

 

jeudi 17 juin 2021

Georges Bataille... Je rêvais de toucher la tristesse du monde...

Un des dix cuivres de Jacques Hérold
pour " L'Archangélique" de Georges Bataille,
Paris, Nouveau Cercle Parisien du Livre, 1967


Je rêvais de toucher la tristesse du monde
au bord désenchanté d'un étrange marais
je rêvais d'une eau lourde où je retrouverais
les chemins égarés de ta bouche profonde

j'ai senti dans mes mains un animal immonde
échappé à la nuit d'une affreuse forêt
et je vis que c'était le mal dont tu mourais
que j'appelle en riant la tristesse du monde

une lumière folle un éclat de tonnerre
un rire libérant ta longue nudité
une immense splendeur enfin m'illuminèrent

et je vis ta douleur comme une charité
rayonnant dans la nuit la longue forme claire
et le cri de tombeau de ton infinité.


Georges Bataille

De ‘Poèmes disparates’ Publié dans

“L'archangélique et autres poèmes”, Mercure de France, 1967



© Photo, Jearld Frederick Moldenhauer















« Tout était aussi noir et chargé de terreur sournoise pendant la nuit où Laure et moi avions gravi les pentes de l'Etna […] ; l'arrivée à l'aube, sur la crête du cratère immense et sans fond – nous étions épuisés et, en quelque sorte, exorbités par une solitude trop étrange, trop désastreuse : c'est le moment du déchirement où nous sommes penchés sur la blessure béante, sur la félure de l'astre où nous respirons. »

(Georges Bataille, Le Coupable, notes ‎Œ. C. T. V, PP. 499.)

 


dimanche 6 juin 2021

Zonda Radio - Junio 2021 - E L P O E M A S E A B R E

 


 
Paola Torres - Re(a)signaciones temporales (extracto)
Luci Gomez - El viento me vomita 
Jorge Luis Borges - Limites 
F.B. Mash - Bial Noc
Luci Gomez & MEEE - Canto XVIII 
Joan La Barbara - Texts by Kenneth Goldsmith - Poem 23 
Luci Gomez - Atemporal 
Arturo Carrera con la voz de Alejandra Pizarnik - Escrito con un nictógrafo 
Eliane Radigue & Gérard Frémy - Geelriandre  (extracto)
Luci Gomez - Ahora 
ᛉᛉᛗ - De Verkem Zimm' Zii

jeudi 13 mai 2021

Zaz Zetoun Mind & Luci Gómez - La Mirada del Miedo

 



el viento como la última caricia del viviente
matrícula de los perros de las vacas cabras pollas...
matrícula de los cerdos
matrícula de las chicharras, de los lombrices
matrícula del petirrojo muerto agotado, pegado a su rama
caras rociadas de los niños con el cloro que caía del cielo por miedo se blanquean sus cabellos
la mirada angustiada del árbol a través del ojo del pájaro
los señores negros de la nueva iglesia esculpen la blanca noche anoréxica
el cielo se abre a la inmundicia ramificada por el árbol del suave holocausto
la noche desfigurada hace una mueca el amanecer cobrado
fosas de extracción de grasas
abismos silenciosos de tinieblas amontonadas
vender sus órganos, ofrecer sus datos : el pacto consumista
el negro corazón de la noche apuñaló
la tiniebla grita lucha
sacude el cielo antes de ser eviscerada
ô sacrificios a las lenguas de fuego
por fin encendido
la aspiracion revela
la imagen del crimen fecundado
por la muerte de la que surge
la calamidad


samedi 24 avril 2021

Edgar Allan Poe - Terre de Songe - Traduction par Stéphane Mallarmé


Raymond Perry - Dream-Land
by Edgar Allan Poe
Par une sombre route déserte, hantée de mauvais anges seuls, où une Idole, nommée Nuit, sur un trône noir règne debout, je ne suis arrivé en ces terres-ci que nouvellement d’une extrême et vague Thulé, — d’un étrange et fatidique climat qui gît, sublime, hors de l’Espace, hors du Temps.

Insondables vallées et flots interminables, vides et souterrains, et bois de Titans avec des formes qu’aucun homme ne peut découvrir à cause des rosées qui perlent au-dessus ; montagnes tombant à jamais dans des mers sans nul rivage ; mers qui inquiètement aspirent, y surgissant, aux cieux en feu ; lacs qui débordent incessamment de leurs eaux calmes, — calmes et glacées de la neige des lis inclinés.

Dans les lacs qui ainsi débordent de leurs eaux solitaires, solitaires et mortes — leurs eaux tristes, tristes et glacées de la neige des lis inclinés — par les montagnes — par les bois gris — par le marécage où s’installent le crapaud et le lézard — par les flaques et les étangs lugubres — où habitent les Goules — en chaque lieu le plus décrié — dans chaque coin le plus mélancolique : partout le voyageur rencontre effarées, les Réminiscences drapées du Passé — formes ensevelies qui reculent et soupirent quand elles passent près du promeneur, formes aux plis blancs d’amis rendus il y a longtemps, par l’agonie, à la Terre — et au Ciel.

Pour le cœur dont les maux sont légion, c’est une pacifique et calmante région. — Pour l’esprit qui marche parmi l’ombre, c’est — oh ! c’est un Eldorado ! Mais le voyageur, lui, qui voyage au travers, ne peut — n’ose pas la considérer ouvertement. Jamais tel mystère ne s’expose aux faibles yeux humains qui ne sont point fermés ; ainsi le veut son roi, qui a défendu d’y lever la paupière frangée ; et aussi l’Âme en peine qui y passe, ne le contemple qu’à travers des glaces obscurcies.

Par une sombre route nue, hantée de mauvais anges seuls, où une Idole, nommée Nuit, sur un trône noir règne debout, j’ai erré avant de ne revenir que récemment de cette extrême et vague Thulé.


Dream-Land by Edgar Allan Poe 

By a route obscure and lonely,
Haunted by ill angels only,
Where an Eidolon, named NIGHT,
On a black throne reigns upright,
I have reached these lands but newly
From an ultimate dim Thule-
From a wild clime that lieth, sublime,
Out of SPACE- out of TIME.
Bottomless vales and boundless floods,
And chasms, and caves, and Titan woods,
With forms that no man can discover
For the tears that drip all over;
Mountains toppling evermore
Into seas without a shore;
Seas that restlessly aspire,
Surging, unto skies of fire;
Lakes that endlessly outspread
Their lone waters- lone and dead,-
Their still waters- still and chilly
With the snows of the lolling lily.
By the lakes that thus outspread
Their lone waters, lone and dead,-
Their sad waters, sad and chilly
With the snows of the lolling lily,-
By the mountains- near the river
Murmuring lowly, murmuring ever,-
By the grey woods,- by the swamp
Where the toad and the newt encamp-
By the dismal tarns and pools
Where dwell the Ghouls,-
By each spot the most unholy-
In each nook most melancholy-
There the traveller meets aghast
Sheeted Memories of the Past-
Shrouded forms that start and sigh
As they pass the wanderer by-
White-robed forms of friends long given,
In agony, to the Earth- and Heaven.
For the heart whose woes are legion
'Tis a peaceful, soothing region-
For the spirit that walks in shadow
'Tis- oh, 'tis an Eldorado!
But the traveller, travelling through it,
May not- dare not openly view it!
Never its mysteries are exposed
To the weak human eye unclosed;
So wills its King, who hath forbid
The uplifting of the fringed lid;
And thus the sad Soul that here passes
Beholds it but through darkened glasses.
By a route obscure and lonely,
Haunted by ill angels only,
Where an Eidolon, named NIGHT,
On a black throne reigns upright,
I have wandered home but newly
From this ultimate dim Thule.


mercredi 16 septembre 2020

Arnold Schönberg, les peintures

Blick, Öl auf Karton, Mai 1910
Au début du XXe siècle, les Viennois rejettent sa musique, son couple est en crise. Le compositeur trouve un exutoire avec la peinture. (source)

Arnold Schönberg est sans conteste l’un des plus grands créateurs du XXe siècle. Il a été tout à la fois compositeur, théoricien, poète et pédagogue. A cette liste déjà impressionnante, il faut aujourd’hui ajouter le mot "peintre".
Schönberg s’est adonné avec passion à la peinture entre 1906 et 1914 environ et a exploré, en parallèle de sa création musicale, les possibilités expressives de cette discipline. Cette démarche picturale commence à un moment charnière de son œuvre de compositeur, pendant lequel il quitte progressivement la tonalité pour élaborer un nouveau langage musical.

"Je me dissous éternellement en sons - enfin délivré d’une obligation que j’aurais aimé remplir depuis bien longtemps."




Arnold Schönberg
Pour Schönberg, la peinture est à considérer comme une sorte de journal intime d’une quête vers de nouvelles perspectives artistiques. Cette démarche répond à une nécessité intérieure qui trouvera son expression finale dans la naissance du dodécaphonisme. (source)

Hass, Öl auf Sperrholz, vor Oktober 1910

Peintures et dessins de Arnold Schönberg, gallerie : ICI

Études et portraits, gallerie : ICI  


Gertrud Schönberg, Pastell auf Papier,
ca. 1925 – 1930

Quelques liens :


Arnold Schönberg Center

Innervisions: Arnold Schoenberg, the Painter


dimanche 16 août 2020

Igor Stravinsky - Le Sacre du printemps 1913

Tableaux de la Russie païenne en deux parties


Elle présente une communauté qui sacrifie l’un des siens, une jeune   femme,   pour   glorifier   la  divinité   du   Printemps.   Le Sacre   est   considéré  comme   une   œuvre   majeure   de   la modernité aussi bien en danse qu’en musique.

Propos de Igor Stravinsky

 « J'entrevis dans mon imagination le spectacle d'un grand rite sacral païen : de vieux sages, assis en cercle, observant la danse de la mort d'une jeune fille, qu'ils sacrifient pour rendre propice le dieu du printemps. » Début 1913   
Le Sacre du Printemps ... une œuvre majeure
n’est jamais celle d’un seul créateur 

Les protagonistes:
•  Diaghilev: personnage brillant, véritable découvreur de talents, il fonde les Ballets Russes. Ceux-ci ne vont pas tarder à révolutionner la scène parisienne.
•  Stravinsky l'un des compositeurs les plus influents du XXe siècle.
•  Nicholas Roerich peintre russe  fut également explorateur, philosophe, anthropologue et un grand humaniste (conception d’un traité pour la culture et la paix). A partir de 1907, il commence à peindre des décors pour des opéras de Wagner .
•  Nijinsky « le dieu de la danse », quatre œuvres majeures qui marquèrent à jamais l’histoire de la danse moderne. Proust disait de lui « Je n’ai jamais rien
vu d’aussi beau ».

IGOR STRAVINSKY

Compositeur russe,
naturalisé français en 1934
puis américain en 1945
(1882-1971)







VASLAV NIJINSKI

Danseur et Chorégraphe
russe. Il est aussi
l’inventeur d’un système
de notation de la danse
(pour son propre usage)

(1889-1950)



NICOLAS ROERICH

Peintre
qui a réalisé les décors
et les costumes
du spectacle.
(1874-1947)






SERGE de DIAGHILEV

Un producteur, créateur
et imprésario de génie.
Il a fondé les Ballets Russes
qui apparurent à Paris
pour la première
fois en 1909.
Il a suscité un réel
bouleversement esthétique.
(1872-1929)



Ballet impresario Sergei Diaghilev avec Igor Stravinsky


"Le Grand Sacrifice" - Scénographie pour le ballet "Le Sacre du Printemps" d'Igor Stravinsky, 1910 -
peinture de Nicholas Roerich (1874 - 1947)

« J'entrevis dans mon imagination le spectacle d'un grand rite sacral païen : les vieux sages, assis en cercle, et observant la danse à la mort d'une jeune fille, qu'ils sacrifient pour leur rendre propice le dieu du printemps», écrit le compositeur dans ses Chroniques. « J’ai voulu exprimer dans Le Sacre du printemps la sublime montée de la nature qui se renouvelle, le trouble vague et profond de la puberté universelle, la terreur sacrée devant le soleil de midi. »
La musique :

La partition, qui fut achevée le 8 mars 1913, provoqua l'un des plus grands scandales dans l'histoire musicale du XXème siècle. La rythmique très complexe et l'énergie de la Glorification de l'élue, par exemple, rappellent les hordes d'Asie centrale et les rythmes mécanisés de l'industrie. On entend de nombreux accents qui donnent un caractère violent à la musique. Le dynamisme est également dû à des dispositions polyphoniques fondées sur la superposition de motifs répétitifs, des ostinati, parfois dans des tonalités différentes : c'est de la polytonalité. On ressent des ruptures brutales, des alternances de tension et de détente. On entend aussi des thèmes populaires, notamment lituaniens, comme c'est le cas pour le solo de basson qui ouvre l’œuvre (joué dans le registre suraigu de l'instrument). A cela s'ajoute la magie d'une orchestration énorme à l'équilibre insolite qui crée des effets de timbre inouïs jusqu'alors et qui renforce le caractère provocant de la partition : les vents sont associés aux percussions et aux cordes, créant tour à tour des sonorités caverneuses ou stridentes.
[La musique de Stravinsky] est fondée sur le rythme et non plus sur la mélodie. […] La rythmique irrégulière du Sacre est très différente de la rythmique occidentale à pulsation régulière.[…] Stravinsky disait en parlant de la musique « Tout ce qu’elle peut faire c’est instituer un ordre dans le chaos, un ordre dans le temps » . […] Stravinsky met en place des éléments - brefs ou élaborés – contrastants, puis les oppose. Ce goût pour le « discontinu », que l’on retrouvera à la même époque chez les peintres cubistes par exemple, lui vient sans doute de sa parfaite connaissance de l’oeuvre de Modeste Moussorgsky (1839-1891) grand compositeur russe que le maître de
Stravinsky, Rimsky Korsakov (1844 – 1908), appréciait particulièrement. Pour Moussorgsky la discontinuité et le contraste furent sans doute une façon créative de se démarquer de l’omnipotence de la musique allemande… […] Que se soit dans le traitement musical (les percussions) ou bien dans le retour à une Russie des origines (danses traditionnelles slaves), on perçoit nettement l’attrait de Stravinsky et de Roerich pour les civilisations dites « primitives » qui fascinent également
les peintres à la même époque, Matisse, Derain, Picasso …

Photo recadrée des danseurs sacrificiels de Nijinsky. 


Lécriture chorégraphique un véritable choc


Nijinsky élabore une danse à la mesure du chaos musical : pieds en dedans,
têtes penchées, épaules décalées conférant une allure de maladresse et de
rudesse délibérées à leur mouvement
à l’opposé de la technique de lélévation prisée par la danse classique, les
petits sauts répétitifs, piétinements renvoient à la terre, aux éléments naturels
le corps des danseurs est pris dans des accents qui scindent le bas et le haut, les
pieds pouvant marquer un frappé tandis que les bras, les mains ou la tête
soulignent dautres temps forts de la partition. Impression dun corps
désarticulé animé dimpulsions contraires qui brisent tout déploiement des
gestes cette danse vouée aux rythmes donne naissance à un corps inédit, segmenté
le danseur n’est plus obligé de mettre du liant dans ses gestes successifs
la nature sauvage, tellurique, de la pièce était bien loin dun monde de
divertissement enchanteur, exotique, très prisé à lépoque.
perçue par le public comme une barbarie intolérable





Les Scythes et le Rite du Printemps - Stravinsky et Roerich


La naissance dun mythe
les « ingrédients » pour faire du Sacre une œuvre mythique

Le scandale public de la création à Paris alors « capitale des arts »
La disparition de l’œuvre dès 1913 (elle ne fut jouée que 5 fois)
L’absence dimages et darchives filmées entretinrent le mythe
La personnalité de Vaslav Nijinsky : un créateur mondialement célèbre qui
disparaîtra brutalement de la scène en 1919.
La célébrité de lœuvre musicale : de nombreux critiques nhésitent pas à faire
du Sacre du printemps un des piliers du modernisme musical aux côtés de
l’Après-midi dun faune de Debussy (1894) et du Pierrot Lunaire d’Arnold
Schönberg. Elle connaît un fort succès dès 1914 !
Les plus grands chefs ont donné leur version du Sacre notamment Pierre
Boulez qui publiera même une analyse de lœuvre en 1951
les plus grands chorégraphes du XXème siècle ont créé leur Sacre : Béjart,
Pina Bausch, Martha Graham, John Neumeier, Mats Ek,... Et Dominique
Brun


Costumes
- Nicholas Roerich, 1913

 Graphique représentant les battements ( losanges blancs) et ceux qui sont accentués ( losanges noirs)
Cette répétition renforce le caractère primitif de l’ œuvre  

Nicholas Roerich, -
 Chapeau et robe de la production
originale du "Sacre du printemps", 1913

Nicolas Roerich
Croquis de costumes pour "Le Sacre du printemps"
Une page du manuscrit original du Sacre du printemps
montrant quelques mesures de la Danse sacrificielle -
de la propre main de Stravinski, avec des corrections,
 des annotations et des gribouillages.

Caricature d'Igor Stravinsky jouant
la musique du Sacre du printemps. Jean Cocteau, 1913.


Le Sacre du printemps ! (Première représentation : 29 mai 1913.) 
Voici le ballet révolutionnaire d'Igor Stravinsky, Nicholas Roerich et 
Vaslav Nijinsky, tel que reconstitué par Hodson et Archer et interprété 
par le Joffrey Ballet en 1987.




Esquisses de Valentine Hugo
de la chorégraphie de Nijinsky
pour la Danse sacrificielle du Sacre du printemps, 1913.

Valentine Hugo - Croquis

Valentine Hugo Croquis
Feuille montrant des esquisses préliminaires
de la Danse Sacrale du Sacre du Printemps,
par Valentine Hugo, 1913.
Dessin au pastel de Valentine Hugo montrant
un moment de la fin de la première scène du Sacre du Printemps, 1913.


Les anciens sages du Sacre.
Costumes de Nicholas Roerich. 1913.
Concept pour l'acte 1, qui fait partie des dessins
de Nicholas Roerich pour la production du Sacre du printemps en 1913

Les Scythes et le rite du printemps Nicolas Roerich
Pages à consulter :

France Musique

Numéridanse

Nijinsky - Le Sacre du Printemps - part 1
Extrait du Sacre du Printemps,troisième chorégraphie de Nijinsky,sur musique de Igor Stravinsky.Première au théâtre des Champs Elysées le 29 Mai 1913.
Reconstruction de Christian Comte à partir de photographies et dessins d'archives de Valentine Hugo
Margarita Simonova in The Rite of Spring
Polish National Ballet 2011.06.21 The Rite of Spring by VASLAV NIJINSKY,Music: Igor Stravinsky,Reconstructed and Staging: Millicent Hodson