mardi 9 mars 2010

Henri Michaux – Qu’il repose en révolte



Dans le noir, dans le soir sera sa mémoire
dans ce qui souffre, dans ce qui suinte
dans ce qui cherche et ne trouve pas
dans le chaland de débarquement qui crève sur la grève
dans le départ sifflant de la balle traceuse
dans l’île de soufre sera sa mémoire.
Dans celui qui a sa fièvre en soi, à qui n’importent les murs
dans celui qui s’élance et n’a de tête que contre les murs
dans le larron non repentant
dans le faible à jamais récalcitrant
dans le porche éventré sera sa mémoire
Dans la route qui obsède
dans le cœur qui cherche sa plage
dans l’amant que son corps fuit
dans le voyageur que l’espace ronge.
Dans le tunnel
dans le tourment tournant sur lui-même
dans l’impavide qui ose froisser le cimetière.
Dans l’orbite enflammé des astres qui se heurtent en éclatant
dans le vaisseau fantôme, dans la fiancée flétrie
dans la chanson crépusculaire sera sa mémoire.
Dans la présence de la mer
dans la distance du juge
dans la cécité
dans la tasse à poison.
Dans le capitaine des sept mers
dans l’âme de celui qui lave la dague
dans l’orgue en roseau qui pleure pour tout un peuple
dans le jour du crachat sur l’offrande.
Dans le fruit de l’hiver
dans le poumon des batailles qui reprennent
dans le fou de la chaloupe.
Dans les bras tordus des désirs à jamais inassouvis
sera sa mémoire

 ( Henri Michaux, "La Vie dans les plis", 1949)

1 commentaire:

  1. Des jours qui s'en vont vers la nuit
    Et des nuits qui s'enfuient toujours
    Vers des carrefours, des points de non-retour
    Et des mégots de cigarettes
    Qui s'entassent sans que le temps s'arrête
    Tu voudrais toujours être ailleurs
    Dans un antique flux migrateur
    Espion des cercles infernaux
    Des cirques où tu sacrifies ton ego
    Tu voudrais franchir la lumière
    Et t'exiler loin de la terre
    Mais tu sais plus ou sont les étoiles qui brillent
    Et dans les brumes du petit matin
    Devant un tapis clandestin
    Tu joues ton âme à contre-coeur
    Avec un flush royal au fond du coeur
    Et dans les brumes du petit matin
    Devant un tapis clandestin
    Tu joues ton âme en solitaire
    Avec un étrange regard vers l'enfer
    et tu sais plus ou sont Les fées pour oublier les nuits passées
    Morphé morphé aides nous a oublier les nuits passées
    _______________________
    le dernièr souffle est toujours le dernièr il n'y a pas de paradis après l'enfer ou vice et versa
    Amitiés

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