mardi 26 janvier 2010

ORPHEUS DESCENDING



                                 TENNESSEE WILLIAMS - ORPHÉE DESCENDANT

I

Ils disent que l’or du royaume inférieur pèse tant
que les têtes ne peuvent se dresser sous le poids de leur
        couronne,
les mains ne peuvent se dresser sous les joyaux,
les bras braceletés n’ont pas la force de saluer.

Comment une femme au pied blessé eût-elle pu s’y mouvoir ?   

Ils disent que l’atmosphère de ce royaume est alourdie à
        suffoquer de poussière de rubis,
Poussière d’antiquité qui provient du frottement du joyau
        contre le métal, graduel, sans fin,
un poids qui ne peut jamais être soulevé…

Comment un coquillage frissonnant de fils eut-il pu s’y
        frayer un chemin ?

Ils disent que nulle lumière n’y existe, mais de temps en
       temps
il y a la convulsion angoissée de l’ombre en ombre moindre,
découvrant momentanément, confusément,
l’éternelle session de la cour, presque immobile,
les courtisans écrasés par le poids d’or de leur robe,
les dames impuissantes à respirer sous le poids de leurs
         guirlandes noir-sang de roses,
le poids de leurs paupières leur permettant à peine de
        s’ouvrir.

Orphée, comment son pied blessé eut-il pu s’y mouvoir ?

II

Il est fort plaisant de se rappeler les merveilles que tu as
        accomplies au royaume supérieur,
l’abîme et la forêt rendus docilement vocaux,
le cours d’une rivière changé comme un bras change quand       
        plié au coude,
les moments faits pour continuer grâce à la douce vibrance
        d’une corde pressée d’un doigt…

Mais c’était là merveille naturelle comparée à ce que
         tu essaies au royaume inférieur
et cela ne sera pas terminé,
non, cela ne sera pas terminé,

car tu dois apprendre, même toi, ce que nous avons appris,
que certaines choses sont par leur nature marquées pour
       n’être pas terminées
mais seulement désirées et quêtées un moment et abandonnées.

Et tu dois apprendre, même toi, ce que nous avons appris,
la passion qui est pour la déclivité en ce monde,
l’impulsion à tomber qui suit une fontaine naissante.


Maintenant Orphée, retourne, ô fugitif à face de honte,
       retourne
sous le croulant mur brisé de toi-même,
car tu n’es pas étoiles mises au ciel en forme de lyre,
mais la poussière de ceux qui ont été déchirés par les Furies.

(Extrait de « Dans l’hiver des villes » de Tennessee Williams,
éditions Pierre Seghers 1964, collection « Autour du monde »
poèmes présentés et traduit par Renaud de Jouvenel).



TENNESSE WILLIAMS The Fugitive Kind


 Apollinaire - Alcools (1913) LUL DE FALTENIN    A Louis de Gonzague Frick

Sirènes j'ai rampé vers vos
Grottes tiriez aux mers la langue
En dansant devant leurs chevaux
Puis battiez de vos ailes d'anges
Et j'écoutais ces chœurs rivaux
Une arme ô ma tête inquiète
J'agite un feuillard défleuri
Pour écarter l'haleine tiède
Qu'exhalent contre mes grands cris
Vos terribles bouches muettes
Il y a là-bas la merveille
Au prix d'elle que valez-vous
Le sang jaillit de mes otelles
A mon aspect et je l'avoue
Le meurtre de mon double orgueil
Si les bateliers ont ramé
Loin des lèvres à fleur de l'onde
Mille et mille animaux charmés
Flairant la route à la rencontre
De mes blessures bien-aimées
Leurs yeux étoiles bestiales
Eclairent ma compassion
Qu'importe ma sagesse égale
Celle des constellations
Car c'est moi seul nuit qui t'étoile
Sirènes enfin je descends
Dans une grotte avide J'aime
Vos yeux Les degrés sont glissants
Au loin que vous devenez naines
N'attirez plus aucun passant
Dans l'attentive et bien-apprise
J'ai vu feuilloler nos forêts
Mer le soleil se gargarise
Où les matelots désiraient
Que vergues et mâts reverdissent
Je descends et le firmament
S'est changé très vite en méduse
Puisque je flambe atrocement
Que mes bras seuls sont les excuses
Et les torches de mon tourment
Oiseaux tiriez aux mers la langue
Le soleil d'hier m'a rejoint
Les otelles nous ensanglantent
Dans le nid des Sirènes loin
Du troupeau d'étoiles oblongues

   
Maria Casares as Death in Orpheus
(1950, dir. Jean Cocteau)
Maria Casarès in “Orphée”

ORFEU NEGRO extrait du film "Orfeu negro" drame de Marcel Camus 
(Brésil / France / Italie - 1959) d'après la pièce de théâtre "Orfeu de Conceicao" 
de Vinicius de Moraes. Avec Breno Mello, Marpessa Dawn...

samedi 23 janvier 2010

Obakekoubou new release !

2010.3.14
WORLD WIDE INDUSTRIAL Compilation CD
MANNEQUIN ORCHESTRA
participation artist:
LEAH-PEAH/ ZAZ ZETOUN MIND/
TAKAAAKI/ NOISECONCRETE/
SALMONELLA/ MANGIRL...
price:1500YEN,
With sticker, postcard,poster, aluminum badge...AND LOVE
contact :
http://www.myspace.com/obakekoubou





jeudi 7 janvier 2010

Luciana Gómez












"Collage de agua"

Siento el mar de lejos,
como te siento...

Hoy lo traje en una estrella                                                     
y te deje solo,
hoy el mar me pertenece,
aunque sea en un collage.



"Ansias"

Y sin tu sexo,
incansable fantasma

calculo tu distancia,                                                                           
manipulando tus sentidos.
Manejo opciones diversas
mentiras y sonidos de tu voz calma.
La eternidad cuelga de mi cabeza,
y asi quedo,
flotando con mis ansias azules de querer
matarte de a poco.


"Miedo"

Miedo mio,
miedo eterno.
Miedo...
el miedo que producen tus lunares.


"Tus colores"

Manchaste de amarillo mi pensar,
y tu rojo salvaje me hechizo.
Desprendiste los verdes de mi vientre,
y el negro de tus ojos anudo mi lengua...
Y sin pensarlo,te ahogue con mis palabras,
caminando de memoria hasta tus manos.


"Rojo y Negro"

Desgarrada de dolores
mi garganta ya no canta,
y mis dedos cobardes
no te tocan.
Espalda sin fuerzas,
ojos iluminados
pensamiento intimidante,
suspiros de marzo.
Moje mis labios con tu veneno,
mori como rocio de verano
y vivi de nuevo.
Olvide mi sombra en tu pecho,
baile con tus pies descalzos.
Mareada de colores me fui,
mi cuerpo separado por el sol,
tunel que no tiene fin...
volviste a mi de forma ondulante,
rojo y negro
sangre y noche
olvido y mar.



"Sola"

Sedienta de tu lengua
segura de tu ser
camine por tu mirada
luz reflejada en mis pies.
Destrone tus deseos
ajedrez perpetuo en mi cabeza
caliente humo
prometiste tu querer
prometiste...
Caleidoscopio de tus ojos
mi pensar juega hoy
niña tonta juega sola
nuevamente rojos corazones
besame como tu sabes
no lo siento
juega conmigo
juega que estoy sola....


  "Locura"

Mundo cambiante en mis ojos
magia que cae de tus manos.
Sono tu voz en mis oidos
como las pisadas que dieron tus pies.
Tormenta en mis cabellos,
no quieres tocarlos.
Madrugada infinita
desperte en colores.
Ansiedad de tus aromas
hipnotico anochecer...
cantas en rojo
mientes en negro
y me asesinas en azul.
Deshojas mis palabras
yo las anudo inutilmente
penetras mis espacios.
Ritmo acovardado de mi corazon
desprendo tristezas de mi lengua
la enrosco,la alargo,te envuelvo..
el miedo crece
mis manos bailan
lloro grito
mezclo risas
desaparesco...



 "Mar estrecho"

Oceano lejano
piedras sucias de locura
hablas y no dices nada
no entiendo tus silencios.
Sacrificio de mis pies
dejas sin aliento mis pulmones
Mar estrecho en mis ojos
enjambre de pecados
robas sin clemencia mis espacios.
Te doy mi espalda, mis rasguños
mi sangre y mis mentiras...
Mar estrecho entre mis piernas
deshojo mis inviernos eternos
pedezco tus veranos calcinantes
desaparezco al rozarte
de eso me alimento
Mar estrecho entre mis pechos
caricias de colores
Cuento horas de mi vida
y me doy cuenta
que no te tengo.        


  "Mentira"

Lujurioso amanecer
enredada entre tus piernas.
Desprendes las raices de mis pies helados...
Manos que no envejecen
laberintos en el mar
tus besos quemaron mi espalda...
y sufri.
Dormiste y te mire,
mareada me anude,
y mori.
Calcaste mi cintura
con tus dedos,
borracha mezcle nuestros colores
me envolvi entre sombras...
te menti y me fui.



 "Nacida"

Mitad,
sorpresivo desenfreno de ironias
perdidas en la furia de mis manos traductoras.
Claroscuro,
serpiente ahogadora de mis gritos silenciosos.
Soledad,
desafiante me entrego al propio veneno de mi boca
depierto y renazco con un soplo de tu viento ...en mis pupilas.

dedicada a Yanira Cardozo.                                                                                                         

De Soles y Lunas    (a zzm)      

 
"Esencia"

Mis ojos coronados con espinas
no dejan que los cierre
me cuelgo de mi propia razon
esencia maldita que poseo
Laberintos...
mis pies ya no caminan
siento mi piel oscura desvanecer
de mis huesos.
Palpitante mi corazon caliente se desangra...
quedo seca...
Rebobine mis colores
y quede en gris.
Enjambre de soledades
mi pelo suelto enrieda
tus pestañas perfumadas.      



" S/T"

Siniestro presagio de mis sueños
el reloj acelera mi poesia.
Decante el oscuro verbo de tu boca...
Ya no me veo,
Ya no me escucho.
Cuerpo dividido,
aguijones prematuros en mi oido
vientre vacio
telaraña en mis cabellos
nudillos de porcelana
Retrocedi mordiendo tu boca
y mori presa de tu ombligo.



© Poemas, pinturas y fotos Luciana Gomez
                                                                                                                                  

dimanche 3 janvier 2010

Zaz Zetoun Mind - Anss'hyy Nibakan

Une vidéo de Zaz Zetoun Mind
augmenté d'un texte de Elisabeth Vaury
que je remercie...


L'annuaire des cycles ovariens
Remplit les pages des tabloïds
Où les princesses  royal canin
Jouent avec leurs éphémérides
pour visionner ses rois devenus chiens
ils  mettent  des mots sur leur silence
Pour être sûr d'avoir raison
Surtout pas troubler vos consciences
Dans le vertige des vibrations
Mais le vent tourne et le temps passe
Enfin tranquille et sans rancune
Moi je vois s'éloigner les rapaces
J'ai découverte la solitude
Le jour de ma fécondation
Bien que j'en aie pris l'habitude
J'attends l'heure de ma rédemption.
© Elisabeth Vaury
http://pastelise.blog4ever.com

samedi 2 janvier 2010

Le petit monde de Cerkita Zongho
























L'art du collage de Cerkita Zongho. Une promenade dans le monde fascinant et poétique de Cerkita Zongho à travers un choix de collages de Brigitte Barry sur une mise en son de Zaz Zetoun Mind.





































Papiers collés + aquarelles © Brigitte Barry

mercredi 30 décembre 2009

L'EAU, LA SCIENCE ET L'ANIMISME

- Témoignage sur un culte de l'eau dans les Andes
Par Stanislas De Lafon

N'en déplaise aux esprits cartésiens, les sciences ne sont pas les uniques sources de savoir sur la vie, et l'humanité dans sa diversité a depuis des temps immémoriaux expérimenté de nombreux chemins de connaissance : La connaissance empirique est tout aussi valide que l'expérience scientifique...prétendre le contraire reviendrait simplement à dire que les connaissances humaines accumulées en dehors des frontières temporelles du monde moderne ne seraient que des constructions gratuites d'une humanité encore ignorante; pire encore, cela serait comme considérer que tout peuple fondant sa vision du monde sur des sources de connaissances autres que scientifiques se trouverait forcément sous l'emprise d'une forme de superstition; c'est pourtant bien là ce qui se passe : alors que le monde moderne prétend vouloir valoriser les peuples dits «premiers» l'intérêt pour ceux-ci se cantonnent le plus souvent à des études anthropologiques qui n'ont en définitive pas d'autres buts que de satisfaire une curiosité purement intellectuelle sans que cela ne remette en question notre propre vision du monde et moins encore nos modes de vie. Les études anthropologiques ne sortent guère des universités qui deviennent ainsi des musées, des lieux d'archivage de la pensée (tout au moins dans les pays de l'hémisphère nord). Pour certains peuples, les humains et les éléments naturels seraient intimement liés et ces liens iraient bien au-delà de simples échanges physicochimiques. Ainsi les populations autochtones de la cordillère des Andes affirment communiquer avec les éléments au moyen de rituels dont les origines remontent sans doute à des millénaires. C'était le début du mois d'octobre et tout autour d'un village perché en nid d'aigle ondulaient les masses énormes de montagnes pelées et complètement jaunies par les longs mois de la saison sèche qui n'allait plus tarder à s'achever; c'est en tout cas ce qu'espéraient les villageois. Ce paysage vaste et poignant renforçait l'impression d'isolement dans lequel ce village se trouvait déjà. Place déserte, ruelles silencieuses où l'on ne croisait que de rares passants...le village semblait assoupi sous le soleil et le bleu dense du ciel; rien ne laissait présager que ce coin isolé des Andes allait très bientôt être le théâtre d'un rite parmi les plus beaux qu'il m'avait jusqu'alors été donné de connaître dans mes pérégrinations à travers le Pérou : la Yakuraymi ou traduit littéralement la «fête de l'eau». Pendant une semaine entière les paysans de la communauté de San Pedro allaient être complètement tournés vers cet élément, chaque heure et chaque jour ponctués par des chants dédiés à l'eau mère selon certains villageois ou à l'eau père pour d'autres. Cette ferveur joyeuse me fera mesurer une fois de plus les décalages profonds qu'il y a entre les peuples occidentaux et ces sociétés dites «archaïques» alors même que beaucoup de celles-ci ont pourtant déjà un pied dans l'économie du monde dit «moderne». Encore une fois, je réalisais là, combien l'homme moderne a perdu de vue la dimension sacrée de la vie. Fasciné par les technologies en perpétuel renouvellement, conditionné et aliéné par ses modes de vie aux rythmes frénétiques, détourné de lui-même par sa «culture» de la consommation il a laissé s'éteindre en lui l'intuition de la dimension surnaturelle qui enveloppe et pénètre l'ensemble du monde vivant. Ses dieux sont désormais l'argent et la science et celle-ci détermine pour lui non seulement les horizons mais aussi les frontières de sa pensée (quant à la pensée dite «métaphysique», en-a-t-il seulement encore une ?). Ce matin-là les autorités de la communauté, assises le long d'un mur et faisant face à l'assemblée des villageois, avaient commencé par annoncer à tous le déroulement de la semaine de festivités qui consistera surtout en des tâches collectives de nettoyage des canaux qui irriguent les champs; enfin arriva le moment où un homme âgé, mais d'allure vigoureuse, qui semblait être l'autorité principale de la communauté prononça un discours lors duquel il rappela à l'assistance le sens profond de la Yakuraymi, mot quechua qui signifie «fête de l'eau». Le véritable début des festivités fut quand les paysans formèrent spontanément des rondes entonnant des chants dédiés à l'eau puis, peu à peu, par petits groupes, les villageois prirent le chemin de la montagne. Un peu au-dessus du village, les villageois se rassemblent petit à petit proche d'un point où convergent des canaux d'irrigation. A cet endroit un homme orné d'un tissage bariolé noué en travers du torse vient de planter une croix de bois...certes les paysans des Andes ont été christianisés depuis des siècles mais en ce lieu précis resurgit soudainement à travers ce rituel une énigmatique divinité préhispanique, une « huaca »dite des six pouvoirs que vénéraient leurs ancêtres. Une sorte de clarinette enchaîne sans aucune trêve des mélodies lancinantes alors que les autorités désignées le matin même pour veiller au bon déroulement de ces festivités vérifient que chacun porte sur soi sa poche de feuilles de coca et les cigarettes indispensables pour les offrandes qui seront faites à l'esprit de l'eau. Une petite poignée d'hommes et de femmes forment un cercle pour entonner un chant : c'est le signal du début des travaux; les hommes d'un côté et les femmes d'un autre montent alors par petits groupes vers les secteurs qui leur ont été donnés à nettoyer...De loin en loin me parviennent des échos de ces chants invoquant l'eau que les comuneros continuent à chanter à tue-tête sur les chemins. Tout au long de la journée les autorités circuleront de groupes en groupes pour contrôler la bonne marche des travaux; ceux-ci seront quand même ponctués de courtes pauses lorsque des femmes passeront dans les groupes pour servir chicha et repas. En toile de fond résonneront régulièrement ces chants aussi doux qu'obsessionnels grâce auxquels l'eau pourra s'écouler abondante et dans la fluidité; car les indiens des Andes considèrent que la bonne marche de la nature ne va pas toujours de soi et dépend d'équilibres cosmiques dont il est essentiel que l'être humain prenne soin : en cela le chant et la danse vécus dans un esprit d'offrande créent ainsi un lien vivifiant avec les mondes surnaturels et facilitent la circulation de l'énergie vitale dans le monde physique. Le second jour sera achevé le nettoyage des canaux qui se sera déroulé comme la veille avec ardeur et dans une humeur toujours joyeuse. Le soir venu le rassemblement de la communauté donnera lieu à de nombreuses palabres lors desquelles les autorités feront quelques remarques et critiques sur les travaux et devront à leur tour en recevoir des comuneros sur leur façon de conduire les opérations. Mais en fin de compte tout le monde semble satisfait : les « acequias » sont désormais vierges des terres, des boues et des pierres que les forces destructrices de la nature y avaient déversées. Le mercredi, tôt le matin, les autorités de la communauté montent à cheval jusqu'à une prise d'eau où se trouvent déjà des gens du village en train de faire des offrandes de feuilles de coca à la source. Deux hommes s'éloignent hâtivement suivis d'un troisième qui s'avère être le guérisseur de la communauté, « el cura » -comme le nomment les villageois- et disparaissent à quelques dizaines de mètres au-dessus de nous...personne ne doit les suivre car ce sont eux qui vont libérer les eaux de la source selon un rite qui doit rester secret. Plus bas, un vieil homme les épaules couvertes d'un tissage multicolore fouette vigoureusement le lit du canal en poussant des grognements rageurs; une vieille femme se tient sur le bord du canal entonnant un chant qu'elle accompagne elle-même en battant d'une main sur une tinya : tout est mis en oeuvre pour stimuler l'esprit de l'eau et en cela la musique et la danse sont essentielles. Les villageois présents ont maintenant tous le regard tendu vers l'amont du canal; les clarinettes sonnent soudainement avec une intensité inhabituelle...Tout à coup, en amont de l'acequia surgissent les autorités sur leurs chevaux; elles accompagnent l'eau dans sa course...des exclamations pleines d'enthousiasme les accueillent et le vieil homme au fouet redouble d'énergie dans ses coups comme pour mieux frayer un chemin à l'eau dont le flot le baigne maintenant jusqu'aux genoux. Le lendemain les eaux seront détournées vers des bassins où son arrivée sera fêtée avec allégresse par l'ensemble des villageois; sur une roche sacrée située à proximité du bassin inférieur est alors amenée et placée une croix de couleur verte; il s'agit bien de la croix chrétienne mais dans sa version andine, et sa couleur verte est là en rappel du symbole cosmique majeur de la pensée andine : la constellation de la croix du sud qui protègera elle aussi les bassins et leurs eaux. C'est maintenant la mi-journée et chaque famille de la communauté apporte des plats qui vont être partagés entre tous comme marque de la réciprocité toujours en vigueur parmi les paysans des Andes. La dernière étape de ce rituel devant favoriser le retour prochain de la saison des pluies est constituée par des courses de chevaux très périlleuses au cours desquelles, deux par deux, les cavaliers vont dévaler à tombeau ouvert un chemin étroit. Cette course à une fonction bien précise : celle de stimuler le bon écoulement de l'eau dans les acequias en la figurant par la course des chevaux. Les vainqueurs sont célébrés comme des héros; un défilé bariolé serpente sur le chemin qui descend vers le village, les chants s'élèvent le long des versants jaunis par la sècheresse; laissant passer le long cortège des campesinos en liesse je tourne mon regard vers les hauts sommets qui dominent à l'est le village : des nuages sombres se sont amoncelés autour des cimes ... Quelques mètres en-dessous de moi une ronde s'est formée; auréolée dans la lumière dorée de cette fin d'après-midi, un drapeau au couleur de l'arc-en-ciel se balance comme un présage des pluies bienfaitrices à venir; depuis le cercle des campesinos un chant s'élève, émouvant, afin de célébrer cette nouvelle union du ciel et de la terre que vient de sceller la Yakumama : la mère de l'eau... On pourrait croire que rien ne saurait échapper à la curiosité et à la sagacité de l'esprit scientifique : son pouvoir scrutateur aujourd'hui amplifié par des moyens techniques de plus en plus impressionnants met au grand jour des fonctionnements jusqu'alors insoupçonnables de la matière et, de fait, nombreuses sont les découvertes qui ont eu des répercussions bénéfiques pour la vie humaine en particulier dans le domaine médical. Ainsi en est-on arrivé assez vite à ériger la science en religion incontestable et gare aux chercheurs scientifiques intrépides qui oseraient s'aventurer dans des régions inconnues du vivant sur lesquelles les sciences n'ont plus de moyens de mesure, de quantification, d'analyse, c'est-à-dire plus aucune prise sur la matière...Pour ces chercheurs sans tabous la mise à l'index n'est jamais bien loin...De cela quelques scientifiques ont déjà fait la dure expérience : Ce fut le cas, parmi d'autres, d'un groupe de biologistes français lorsqu'à la suite d'expériences réalisées sur l'eau dans les années 1980, il fut observé que cet élément naturel est capable de mémoriser et de véhiculer les qualités de substances avec lesquelles elle a été mise en contact. A la suite de ces affirmations un éminent immunologiste, Jacques Benveniste, jusque là considéré comme «nobelisable», devint du jour au lendemain un «hérétique» aux yeux de la communauté scientifique. On le voit, les attitudes sectaires ne sont donc pas l'apanage du seul monde religieux et les milieux scientifiques savent à l'occasion se montrer eux aussi très dogmatiques (ils devraient pourtant se rappeler que leur fonction est de chercher et non de pontifier)... Dans les Andes péruviennes une tradition veut que lorsqu'un musicien vient de faire l'acquisition d'un nouvel instrument il aille le déposer auprès d'une source ; là l'instrument devra demeurer seul une nuit entière afin de s'imprégner du chant de l'eau et parfaire ainsi sa musicalité. C'est comme cela que les indiens procèdent en particulier avec le charango, une sorte de minuscule guitare dont le son cristallin évoque le bruit d'un ruisseau...D'ailleurs pour souligner son affinité avec l'esprit féminin de l'eau les luthiers andins donnent parfois une forme de sirène aux charangos.


© Texte et dessin Stanislas De Lafon

mardi 8 décembre 2009

Clinical Sounds (Free Download)

Various - Clinical Sounds - Vol.1 (ca015))

Date de publication : 26.02.2007

Tous les détails sur le blog Clinical Archives :  ICI

Free download sur Internet Archive :  ICI

Zaz Zetoun Mind participe à la compilation avec un  titre :  "Ych'ehrt" - (live act thought deadend 26.12.06).


Various - Clinical Sounds - Vol.2 (ca024)
Date de publication : 15.05.2007

Free download sur Internet Archive : ICI


Zaz Zetoun Mind participe à la compilation avec un titre :  "Pa' Hell Frater".



dimanche 6 décembre 2009

Alejandra Pizarnik

Alejandra Pizarnik (Buenos Aires, Argentine le 29 avril 1936 – Buenos Aires, le 25 septembre 1972)

La poétesse argentine Alejandra Pizarnik est née à Buenos Aires le 29 avril 1936 au sein d’une famille d'immigrants juifs d'Europe Centrale. Après avoir passé son baccalauréat à Avellaneda, Argentine, elle est admise en 1954 à la faculté de philosophie de l'Université de Buenos Aires. Elle abandonne ce cursus pour suivre une formation littéraire avant d'intégrer la faculté de Journalisme. Finalement, afin de trouver sa vraie voie et sans avoir achevé aucune des formations qu'elle avait entreprises, elle travaille dans l'atelier de peinture de Juan Batlle Planas.

Entre 1960 et 1964, elle séjourne à Paris où elle travaille comme pigiste pour le journal Cuadernos para la liberacion de la culture. Durant cette période, elle participe à la vie littéraire parisienne, ce qui la conduit à multiplier les rencontres d'écrivains et à se lier d'amitié avec André Pieyre de Mandiargues, Octavio Paz, Julio Cortazar et Rosa Chancel. Au cours de son séjour à Paris, elle suit également des cours à la Sorbonne. Durant les années suivantes, après être rentrée en Argentine, elle publie à Buenos Aires ses ouvrages les plus importants . En 1968, elle obtient une bourse Guggenheim et fait un bref séjour à New York et à Paris. Après deux tentatives de suicide en 1970 et 1972, elle passe les cinq derniers mois de sa vie dans l'hôpital psychiatrique "Pirovano" de Buenos Aires. Elle se donne la mort le 25 septembre 1972, à l'âge de 36 ans.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Alejandra_Pizarnik

Alejandra Pizarnik es una importante poeta de la literatura argentina. Autora de obras como "Árbol de Diana" (1962), "Los trabajos y las noches" (1965) y "El infierno musical" (1971), es además una personalidad donde se funden vida y obra.


ALEJANDRA PIZARNIK: UNA VOZ
"Cuando me muera muy pronto, si alguna vez muero, no recordarán el olor a tristeza del río, no recordarán el gusto del vino atado a la lengua, no recordarán el color de la noche en los ojos de los ahogados sino que recordarán mi voz, mis palabras que flotan como máscaras, como cáscaras vacías que nunca contuvieron nada, y recordarán mis ojos verdes que pagaron al amor el mas alto tributo y recordarán mi nombre que significó mucho para quien lo llevó como un arma en la noche de los grandes reconocimientos y del dolor sin desenlace"

Diarios AP





LA ULTIMA INOCENCIA-- montse LLEIXA- video arte- alejandra PIZARNIK



Partir
en cuerpo y alma
partir.

Partir
deshacerse de las miradas
piedras opresoras
que duermen en la garganta.

He de partir
no más inercia bajo el sol
no más sangre anonadada
no más fila para morir.

He de partir
Pero arremete ¡viajera!


http://amediavoz.com/pizarnik.htm

mardi 1 décembre 2009

The hanged man

Collage de Zaz Zetoun Mind
augmenté d'un texte d'Elisabeth Vaury


De généreuses félines  aux aboiements lubriques
Offrent leur cellulite et leurs nichons blafards
A de quelconques fouines qui se prennent pour des génies


Projection primitive d'un logiciel sans fin
En attendant la fleur féline aux yeux mouillés de chrome
Sous le plumage poisseux des regards clandestins
Rivés sur le cockpit de leurs  vaisseaux fantômes

 Ils se vautrent dans l'algèbre des mélancolies
Traînant leurs métastases de rêve karchérisé
Entre les draps poisseux des siècles d'insomnie
Ça sent la vieille guenille

Dans ce chagrin des glandes qu'on appelle l'amour
Où les noirs funambules du vieux cirque barbare

Moi je me  pisse  dans le froc en decouvrant  leurs tours
Et je me défonce au gaz échappé d'un diesel
À la manufacture métaphysique d'effluves

Je  vais dégainer mon walter ppk de service

De généreuses félines  aux aboiements lubriques
Offrent leur cellulite et  leurs nichons blafards

En robe synthétiques fendues jusqu'aux néons de leur croupe ovipare

Mouvement chorégraphique d'un trip au bord du vide
Devant les caméras saturnales et fétides gueules de pine halloween
Jocrisses et palotins, sulfateuses endocrines
De la pensée commune aux troubles nauséeux

Carnaval souterrain, lampions dans les latrines

Je vois des cavaliers qui te leurs sucrent des tours
Sur l'échiquier barbare au style mahométan

Et puis les  reines en gardent  et  leurs  pions qui débourrent
En cramant la mosquée où  ils fument  en afghan

Projection primitive d'un logiciel sans fin
Vous attendez  la fleur féline aux yeux mouillés de chrome
Sous le plumage poisseux des regards clandestins
Rivés sur le cockpit de vos  vaisseaux  fantômes

Cette vidéo mentale projette sur mes capteurs
L'image populaire, hystérique et banale
D'un égoût surpeuplé de monstres tapageurs
En quête d'une orgie sur l'écran terminal

Sulfateuses endocrines



© Elisabeth Vaury