samedi 4 septembre 2010

Comte de Lautréamont "Les chants de Maldoror (extrait)

Là, dans un bosquet entouré de fleurs, dort l'hermaphrodite, profondément assoupi sur le gazon, mouillé de ses pleurs. Les oiseaux, éveillés, contemplent avec ravissement cette figure mélancolique, à travers les branches des arbres, et le rossignol ne veut pas faire entendre ses cavatines de cristal. Le bois est devenu auguste comme une tombe, par la présence nocturne de l'hermaphrodite infortuné. O voyageur égaré, par ton esprit d'aventure qui t'a fait quitter ton père et ta mère, dès l'âge le plus tendre : par les souffrances que la soif t'a causées, dans le désert : par ta patrie que tu cherches peut-être, après avoir longtemps erré, proscrit, dans des contrées étrangères ; par ton coursier, ton fidèle ami, qui a supporté, avec toi, l'exil et l'intempérie des climats que te faisait parcourir ton humeur vagabonde ; par la dignité que donnent à l'homme les voyages sur les terres lointaines et les mers inexplorées, au milieu des glaçons polaires, ou sous l'influence d'un soleil torride, ne touche pas avec ta main, comme avec un frémissement de la brise, ces boucles de cheveux, répandues sur le sol, et qui se mêlent à l'herbe verte. Ecarte-toi de plusieurs pas, et tu agiras mieux ainsi. Cette chevelure est sacrée ; c'est l'hermaphrodite lui-même qui l'a voulu. Il ne veut pas que des lèvres humaines embrassent religieusement ses cheveux, parfumés par le souffle de la montagne, pas plus que son front, qui resplendit, en cet instant, comme les étoiles du firmament. Mais, il vaut mieux croire que c'est une étoile elle-même qui est descendue de son orbite, en traversant l'espace, sur ce front majestueux, qu'elle entoure avec sa clarté de diamant, comme d'une auréole. La nuit, écartant du doigt sa tristesse, se revêt de tous ses charmes pour fêter le sommeil de cette incarnation de la pudeur, de cette image parfaite de l'innocence des anges : le bruissement des insectes est moins perceptible. Les branches penchent sur lui leur élévation touffue, afin de le préserver de la rosée, et la brise, faisant résonner les cordes de sa harpe mélodieuse, envoie ses accords joyeux, à travers le silence universel, vers ces paupières baissées, qui croient assister, immobiles, au concert cadencé des mondes suspendus. Il rêve qu'il est heureux ; que sa nature corporelle a changé : ou que, du moins, il s'est envolé sur un nuage pourpre, vers une autre sphère, habitée par des êtres de même nature que lui. Hélas ! que son illusion se prolonge jusqu'au réveil de l'aurore ! Il rêve que les fleurs dansent autour de lui en rond, comme d'immenses guirlandes folles, et l'imprègnent de leurs parfums suaves, pendant qu'il chante un hymne d'amour, entre les bras d'un être humain d'une beauté magique. Mais, ce n'est qu'une vapeur crépusculaire que ses bras entrelacent ; et, quand il se réveillera, ses bras ne l'entrelaceront plus. 





























































































Comte de Lautréamont "Les chants de Maldoror (extrait)






4 commentaires:

  1. Ne rien savoir je voudrais



    Ne rien comprendre il me faudrait



    Ne plus rien voir j'aimerais



    déjà dit je le sais



    ___________________

    Ce soir je vous aimes



    demain je m'en moque ,j'estimerai



    vous avez l'heure s'il vous plait ?



    Au temps je vous emporterai



    qu'importe demain hier vous étiez



    serait ce un jeu de tout le temps compter ?



    vous avez l'heure s'il vous plait ?



    perdu mon temps que j'avais



    j'ai confondu avoir et été



    et puis l'automne et l'hivers inversés



    vous avez l'heure s'il vous plait?



    ce matin je vous abhorrerai



    comme hier je vous ai abordé



    l'imposteur en vous allumait le soleil des brumeuses saisons il est vrai



    Vous avez l'heure s'il vous plait?



    m'eloigner de vous je voudrais



    je suis venu , j'ai vu et de vous je n'ai rien aimé



    Vous n'étiez qu'un saisonnier



    dans ce champ de poirier



    j'ai fait l'effort de vous regarder



    je ne ferai pas celui de vous maudisser



    de ce théatre organisé



    je n'ai senti que vôtre rideau grisé



    et ce rien de couleur m 'a accablé



    vous avez l'heure s il vous plait ?



    Un thé je voudrais



    Amer je vous prie d'agrèer



    vous avez l'heure s'il vous plait ?



    sentez mes yeux s éloigner .



    dans un filet d'elixir je vous emporterai



    vôtre corde tendue a cédé



    vous avez l'heure s 'il vous plait ?



    sur un autre demain mes mains je poserai



    aujourd'hui déjà elles sont installés



    pardonnez .

    __________________________

    Ne rien savoir vous voudriez



    Ne rien comprendre il vous faudrait



    Ne rien voir vous aimeriez



    Aucune raison



    de connaître l'histoire ou vous même avez participé



    Rappelle que toutes les senteurs printanières ne sont que futilitées



    au nez de celui ou elles meurt d'ennuis au ciel brouillé .



    Accordez au moins ce colchique universalisé



    Rappelle que tous les Flakos ne sont que des usines engazées



    au nez de celle qui feinte l'amour endiablé



    au coeur ensorcelé, tiède et voilé

    d'un regard defleuré

    hier sur vous les yeux j'ai posé

    vous avez l'heure s'il vous plait ?

    est venue l'instant de m'envoiler
    ___________________________________
    bon Enfin bref
    ça fait joli ça ici
    Bonsoir Michel

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