dimanche 20 février 2011

KHU

ENTREVUE AVEC M.E.E.E.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les grandes villes n'engendrent pas automatiquement des formations intéressantes. Toulouse ne fait pas exception à la règle et les groupes "industriels", "synthétiques" ou "expérimentaux" sont très rares. Le 21 juin 1990 paraissait la K7 "Le chant des chairs" de KHU sur le label ALTOR SAE VERTEBRIS. Le duo M.E.E.E. et EL ACIMOY pratiquait alors une musique personnelle, rituelle, à base de boucles et de percussions avec emploi de flûtes taillées dans des tibias humains. (Détail qui n'est pas sans rappeler les productions du défunt label NECROPHILE RECORDS).

E. : Peux-tu nous rappeler ton parcours à partir de l'émission radiophonique PERTES NOIRES ?
M.E.E.E. : PERTES NOIRES est née de l'association de deux autres émissions radio : SILENCE et EN DESSOUS DE LA TONSURE en 1988. C'était une émission qui privilégiait les musiques dites "industrielles". La particularité de l'émission venait du fait que la voix de l'intervenant, invité ou pas, était systématiquement déformée et brouillée, ainsi durant toute l'émission les voix évoluaient avec le temps qui passait jusqu'au moment où il devenait impossible des savoir de quel intervenant il s'agissait tellement le son de la voix s'était distordu. La musique était mixée à partir d'enregistrements d'autres émissions ainsi que de divers piratages tv ou radio mais aussi de LP's ou K7...
De cette expérience et en parallèle s'est formé le groupe PERTES NOIRES. Nous jouions dans un style plutôt gothique. Peu de traces enregistrées existent à ce jour.
Après un hiver, le cercle que nous formions s'est scindé en deux. SERPENT S ROI et O' STERE fondaient 7 ERPES NOIR ( anagramme arrangé de PERTES NOIRES) et évoluaient dans un répertoire proche de NON et CURRENT 93 pour les parties acoustiques, quant à EL ACIMOY et moi-même, nous nous occupions de BUNKER, nouvelle émission de radio autour des musiques "nouvelles" mais à grande tendance gothico-industrielle. Parallèlement, gardant le nom de PERTES NOIRES nous expérimentions en duo dans une optique plus rituelle.

E. : peux-tu parler de cette période et définir le son de PERTES NOIRES à ce moment là ?
M.E.E.E. : en fait le nom de PERTES NOIRES ne fût pas gardé longtemps et nous avons changé plusieurs fois d'appellation pour finalement opter pour KHU (désigne l'entité magique de l'homme dans le vocabulaire magique égyptien. Nous travaillions encore de façon "classique" avec guitare, basse , boîte à rythmes + chant. Nous avions notamment enregistré un morceau perchés sur la cime d'un arbre en plein vent, avec des chants incantatoires en latin....
Mais cette phase dura peu de temps et après la disparition de NATALY (qui collaborait aussi à PERTES NOIRES), début 89, les ensembles que nous formions se ressoudèrent pour créer l'association loi 1901, ALTOR SAE VERTEBRIS. Son but était d'organiser des concerts sur Toulouse, nous entretenions alors d'excellents rapports avec DEATH IN JUNE et SOL INVICTUS. Mais ces projets n'aboutirent pas et ALTOR SAE VERTEBRIS devint rapidement un label.

E. : qu'avez-vous produit ?
M.E.E.E. : une K7 de 7 ERPES NOIR à laquelle participèrent BALOR, EL ACIMOY et M.E.E.E., les deux K7 de KHU, "La messe du phoenix" et  "Le chant des chairs". Malheureusement une compilation de groupes locaux, pratiquement achevée et destinée à montrer la diversité musicale de chaque participant ne verra pas le jour. Les groupes étaient : COREA MINOR, FIENDISH FIB, KHU, LOCUS SOLUS et 7 ERPES NOIR.
Un concert de FIENDISH FIB sera organisé dans les locaux de la radio libre CANAL SUD, enregistré il paraîtra sous forme de K7 sur le label ALTOR SAE VERTEBRIS.
Parallèlement fût créé LE MIRACLE TATOUÉ, publication consacrée aux innovations scripturales.

E. : je sais que les deux K7 de KHU ont été enregistrées dans des conditions particulières...
M.E.E.E. : les deux K7 ont été enregistrées live dans un réservoir à eau d'une ancienne usine hydraulique, ce qui permettait de bénéficier d'un écho de 15 à 20 secondes, nous jouions parfois les pieds dans l'eau ou dans le noir absolu. Un ensemble de percussions avait été installé dans la cuve : bidons, cymbales et diverses percussions métalliques.
"La messe du Phoenix" (hiver 89) fût jouée de nuit et enregistrée en une seule prise. Nous nous servions de flûtes taillées dans des tibias humains. Le parcours initiatique menant jusqu'au "Temple de KHU" (emplacement où se trouvaient tous les instruments) avait été illuminé de cierges.

E. : et quel était le personnel de KHU pour "La messe du Phoenix" et "Le chant des chairs" ?
M.E.E.E. :  EL ACIMOY, M.E.E.E. + deux membres de 7 ERPES NOIR : LANHORT et SERPENT S ROI.
Pour "Le chant des chairs" (21 juin 1990) l'instrumentation n'était plus la même, nous utilisions des flûtes en bois, de nombreux samples. Nous avons répété plusieurs fois puis enregistré en une seule prise (toujours dans "Le temple"). La K7 fût distribuée par " FRONT DE L'EST" accompagnée du n° 1 du MIRACLE TATOUÉ.

E. : pour "La messe du Phoenix" où aviez-vous trouvé les ossements pour fabriquer les flûtes ?
M.E.E.E. : dans une caisse, dans le grenier de la maison de l'un d'entre nous.

E. : quelles étaient alors vos références ?

M.E.E.E. : ZERO KAMA et SLEEP CHAMBER.

E. : qu'avez vous fait ensuite ?
M.E.E.E. : nous avons enregistré des morceaux dans les carrières des Baux de Provence, puis dans une forêt d'eucalyptus à proximité de Toulouse. Un cd de ce dernier enregistrement a été distribué avec le n° 38 de la revue "ODRADEK" . Pour ce cd la formation de KHU était différente, ont participé : SOROR RHÄ aux voix, ISHTAKHU, tarkas, MEEE, tarkas, flûtes.

E. : quelle est votre actualité ?

M.E.E.E. : La numérisation de toutes les musiques enregistrées sur K7 et la ressortie sur support cd de "La messe du Phoenix" et du "Chant des chairs" et certainement de nouvelles sessions de KHU dans un endroit gardé secret.
En projets parallèles et électroniques El Acimoy a créé HELL ACIMOY , de mon côté je m'évertue à sonder les profondeurs de l'âme humaine et de restituer ses mouvements sous forme cataclysmes sonores sous le nom de ZAZ ZETOUN MIND.

(Propos parus dans le n° 0 de la revue LIFE WITHOUT SEX)


Chakana y flautas, Ollantaytambo Pérou novembre 2010 © photo Stanislas de Lafon

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